Publié le 30 Jan 2012 - 15:50
ÉDITO

Infantilisme

Les dés sont jetés. La candidature du Président Wade à l'élection présidentielle de 2012, n'est plus une simple hypothèse. C'est une décision, ferme, prise par le Conseil constitutionnel, au moment même où le M23 chauffait l'Obélisque. La seule alternative qui s'offre désormais au M23 est la lutte ; étant entendu que tout bon lutteur doit d'abord s'entraîner sur le sable chaud des plages et dans les salles de musculation avant de se présenter dans l'arène. Question impertinente : le M23 était-il préparé ?

 

 

A bien voir comment les milliers de citoyens se sont agglutinés sur la place Obélisque, chacun avec ses couleurs, sans savoir quel hymne entonner, sur quel pied se tenir, on se rend facilement compte de l'état d'impréparation des forces hostiles à la candidature du Président Wade. Le mot d'ordre le mieux partagé est le suivant : ''Na Dëm !''. Et alors ?

 

 

Depuis quand nos simples petites volontés se transforment comme un coup de baguette magique en réalités ? Pour que Wade parte, il faudra sans nul doute plus de détermination que ce que l'on a vu hier. Or, la désorganisation était totale. On pourra toujours verser dans certaines analogies, comparer cette situation à celle qui avait prévalu à Tripoli, au tout début de la rébellion qui s'est par la suite réorganisée grâce aux forces occidentales plutôt hostiles à Kadhafi. Mais le Sénégal n'est pas la Libye.

 

 

Il faut dire que les choses n'ont jamais été claires du côté du M23. On ne sait pas trop qui est qui. Qui joue pour qui et qui est contre qui. Les divergences ne sont pas déclinées en réunions internes mais lorsque tous se retrouvent à la Place de l'Obélisque, comme des coqs, chacun montre et démontre en quoi il est plus...viril que l'autre au lieu de se concentrer sur Wade, cible bien mouvante, qui se métamorphose chaque fois qu'on lui pointe le fusil. Il est, à ce titre étonnant, que depuis le 23 juin 2011, devant les grilles de l'Assemblée nationale, le mouvement n'ait point gagné en ampleur.

 

 

Point de surprise que Benno ait, entre-temps, volé en éclats du fait de l'ego hypertrophié de ses animateurs. Avec tout ce que cela implique comme dispersion des forces. Point étonnant non plus que l'arrestation de Malick Noël Seck n'ait suscité aucune réaction du côté de l'opposition. Celle de Barthelémy Dias non plus. Tout ceci peut sembler banal, mais il est révélateur d'un rééquilibrage des rapports de force.

 

 

Quelles leçons tirer de tout cela sinon que le Président Wade risque bien de réussir son pari de battre beaucoup plus jeunes que lui, si l'armée mexicaine du M23 continue dans ses enfantillages. Dans les partis politiques, les mouvements citoyens ou la vie tout court, la discipline joue un rôle très important. Or la discipline, c'est tout simplement l'organisation et la méthode. Savoir asseoir un leadership, planifier une stratégie, la dérouler froidement.

 

 

Et surtout, éviter de disperser ses forces dans les courses-poursuites de rue inutilement éprouvantes. Sur ce plan, c'est-à-dire dans la froide exécution de ses plans, Wade a encore des leçons à donner à ses adversaires. Mais il serait bien dommage qu'il gagne, car même s'il est encore le plus fort, il reste qu'il n'a pas du tout raison. Qui donc disait qu'il est parfaitement possible de vaincre sans avoir raison ?... Puisse le peuple l'emporter sur la force...

 

Mamadou Wane

 

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