Publié le 15 Oct 2019 - 04:12
‘’FAKE NEWS’’ ET PROPOS HAINEUX DANS LES MEDIAS

Rsf et le Synpics arment les journalistes sénégalais

 

Eviter la propagation des ‘’fake news’’ (intox) et des propos haineux dans les médias sénégalais. C’est ce que veut le Syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal (Synpics). Ainsi, les membres du Bureau exécutif national de ce syndicat ont organisé un atelier de formation pour les professionnels des médias, ce week-end, à Saly, avec l’appui de Reporters sans frontières.

 

Divisés en deux cohortes, des journalistes de la presse écrite et en ligne ont bénéficié d’un atelier de formation organisé par le Syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal (Synpics) en collaboration avec Reporters sans frontières (Rsf). L’objectif de cette rencontre était d’échanger sur la diffusion des ‘’fake news’’ ou intox et des propos haineux dans les médias nationaux.

‘’Aujourd’hui, l’information en tant qu’institution est un bâtiment qui est en train de se fissurer. Il y a beaucoup d’impacts négatifs qui se cachent derrière l’émergence constatée de plus en plus du faux, mais également la prégnance de propos haineux qui constituent un frein à notre cohésion nationale. Nous avons voulu faire dans la reconstruction en convient toutes les parties prenantes à venir échanger autour de ça. Nous espérons qu’il y aura une nouvelle prise de conscience, même si on n’a pas pu embrasser beaucoup plus de monde’’, explique le secrétaire général du Synpics Bamba Kassé.

Au fait, une cinquante de participants ont été conviés à cette rencontre. Et le syndicat a choisi d’inviter notamment la presse électronique. Vu qu’aujourd’hui, d’après M. Kassé, les moyens de dissémination de l’information se font à travers l’Internet. Toutefois, le Sg du Synpics admet que les maux qui gangrènent la presse ‘’ne concernent pas’’ seulement une catégorie de journalistes ou de techniciens, mais ‘’tout le monde’’. ‘’Ce que le Synpics envisage de faire, c’est d’avoir deux types d’organisation. Il y aura, d’abord, les ateliers médias qui vont se faire en collaboration avec des écoles de journalisme. Le journaliste, même s’il a un diplôme, reste un éternel apprenant. Nous estimons qu’il va falloir qu’on crée les conditions. Et nous allons systématiser les clubs de la presse. C’est un concept qu’on va essayer de dépoussiérer, pour permettre aux journalistes d’avoir des espaces d’échanges avec les autorités, à défaut de pouvoir les interpeller via une disposition légale contrainte’’, renchérit-il.

Cependant, Bamba Kassé a signalé que le chantier pour redorer le blason de la presse sénégalaise est ‘’très vaste’’. On peut citer le débat sur la loi portant Code de la presse, des décrets qui doivent être pris de même que les arrêtés, la commission de la carte de presse, de la convention collective qui doit être appliquée. Mais aussi des entreprises de presse qui sont ‘’voyous’’.

‘’Aujourd’hui, l’une de nos préoccupations, c’est de nous battre pour que la loi d’accès à l’information soit une réalité au Sénégal. Pour que le journaliste se réapproprie l’initiative de la production et de la publication de l’information. Pour qu’on arrête d’être une presse de comptes rendus de manifestations politiques ou économiques, d’être des relais d’informations venant par-ci ou par-là’’, fait savoir le syndicaliste.

L’initiative ‘’Journalism trust Initiative (Jti)’’ prônée par Rsf

De son côté, pour récompenser et labelliser le journalisme professionnel et accorder aux sites qui font des informations de qualité un avantage concurrentiel, Reporters sans frontières (Rsf) a lancé l’initiative ‘’Journalism trust Initiative’’. ‘’Sur Internet, on perd de plus en plus de repères. Au Sénégal, on a plus de 300 sites web d’informations qui font souvent qu’on peut donner de la qualité au contenu. Ailleurs, il y a la désinformation qui est en train de faire des ravages. Il y a eu le ‘fact checking’ comme réponse. Mais à Rsf on s’est rendu compte que cela ne suffisait pas’’, indique le représentant de Rsf au Sénégal, Assane Diagne.

D’après lui, il y a une étude récente du Global Disinformation Index qui montre que sur Internet, les sites de désinformation gagnent environ ‘’235 millions de dollars par an’’. Et cette manne financière, c’est uniquement à travers Google ads. ‘’Cette manne devait en principe revenir à ceux qui font du journalisme de qualité. Donc, pour mettre fin à tout cela, Reporters sans frontières a eu cette initiative qui a le soutien de Google et de Facebook. Pour le moment, nous allons tester l’initiative pour l’Afrique au Sénégal, au Mali et au Togo. Les autres prendront le train en marche plus tard. Actuellement, les organes de presse qui veulent adhérer à cette initiative ont jusqu’au 18 octobre pour s’inscrire sur le site jti-rsf.org’’, fait-il savoir.

Soutenue par de grands groupes de presse en Europe et aux Etats-Unis, de l’Unesco et de grandes fondations, l’initiative est destinée, en premier lieu, aux sites d’information. Mais M. Diagne affirme que les médias traditionnels peuvent y adhérer. ‘’Ils ont tout à gagner. Personne n’est à l’abri des ‘fake news’. Car les gens, quand ils s’en prennent à la presse, ils ne font pas de distinguo entre la presse en ligne et celle traditionnelle. Les manipulateurs ciblent tout le monde. Et la stratégie pour éviter les ‘fake news’, c’est d’abord la vérification. Il y a eu le ‘fact checking’, qui est une réponse journalistique, mais, tout seul, cela ne suffit pas. Si les plateformes qui servent de supports comme Facebook, Google ne suivent pas, ceci risque d’être extrêmement difficile’’, renchérit-il.  

MARIAMA DIEME

Section: