Publié le 28 Jun 2017 - 17:46
17EME RAPPORT ANNUEL DES ETATS-UNIS SUR ‘’LA TRAITE DES PERSONNES’’

Les talibés, le talon d’Achille du Sénégal

 

Le 17ème rapport annuel américain sur ‘’La traite des personnes’’ a été présenté hier par le secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson. Les Etats-Unis invitent le Sénégal à redoubler d’efforts dans la lutte contre ce phénomène social qui, constatent-ils, place le pays au niveau dit ‘’Tier 2 Watch List’’, c'est-à-dire ‘’Liste de surveillance de niveau 2’’.

 

Les Etats-Unis portent un regard ‘’critique’’ sur la manière dont le Sénégal lutte contre la traite des personnes. Ils saluent les avancées qu’ils jugent cependant insuffisantes. Ainsi, dans le 17ème rapport annuel publié hier sur ‘’La traite des personnes’’, les Etats-Unis considèrent que le Sénégal n’a pas mis en œuvre tous les ‘’instruments nécessaires’’ par rapport à cette question. Le pays reste au niveau dit  ‘’Tier 2 Watch List’’.

C'est-à-dire la ‘’Liste de surveillance de niveau 2’’. ‘’Bien que le gouvernement du Sénégal n’ait pas pleinement respecté les normes minimales pour l’élimination de la traite des personnes, il fait des efforts considérables pour se mettre en conformité avec ces normes, notamment en instituant une campagne contre la mendicité forcée et en fournissant des services à au moins 1 547 victimes’’, lit-on dans le résumé du rapport signé par le secrétaire d'État américain Rex Tillerson. Ainsi, les Etats-Unis annoncent que les mesures résultant de l'appel récent du Président Macky Sall pour continuer la lutte contre le travail forcé des enfants seront prises en compte dans le rapport de 2018.

En attendant, relève le rapport, les actions du gouvernement dans ce domaine et la lutte contre d’autres formes de trafic, comme la servitude domestique et le trafic sexuel, n’ont pas démontré des ‘’efforts globaux’’ dans les domaines de la prévention. Il recommande la poursuite judiciaire et la protection pour réussir à sortir de la ‘’Liste de surveillance de niveau 2’’. En effet, le rapport américain formule des suggestions dites ‘’spécifiques’’ à l’endroit de l’Etat du Sénégal. Plus précisément, il appelle à une application ‘’efficace’’ de la loi, grâce à des ‘’enquêtes plus poussées’’, à des poursuites judiciaires et à des condamnations des personnes reconnues coupables des délits de traite des personnes.

Les points suivants figurent également sur la liste des recommandations : la formation pour ceux qui travaillent avec des victimes de cette traite, la standardisation et l’augmentation des ressources disponibles pour les victimes, plus d’inspections et de règlementations sur le lieu de travail dans les secteurs informels, l’élargissement de la cartographie des Daara, la mise en œuvre intégrale du plan d’action national de lutte contre la traite des personnes, l’élaboration d’un mécanisme de surveillance de toutes les victimes identifiées et renvoyées dans des écoles coraniques anciennement ‘’exploiteuses’’ et la sensibilisation du grand public aux problèmes liés à la traite des personnes.

On sent un certain essoufflement dans le retrait des talibés de la rue’’

Il faut dire que le Congrès américain exige la production de ce Rapport pour mesurer les progrès annuels réalisés par les pays à travers le monde dans la lutte contre la traite des personnes. Le Sénégal ainsi que les Etats-Unis figurent parmi les 187 pays évalués dans ledit Rapport. Selon cette note, le gouvernement américain s’engage à collaborer avec celui du Sénégal et les organisations partenaires pour trouver des solutions à ces ‘’problèmes complexes’’ et ‘’difficiles’’. Le retrait des enfants de la rue a été lancé en grande pompe par le Président Macky Sall. A ses débuts, cette compagne contre l’errance des enfants a été accompagnée par une forte médiatisation. Depuis lors, l’opération, qui a un an, marque le pas.

Une année après son démarrage, sur les 30 000 enfants talibés que compte la région de Dakar, seuls 1 620 ont été retirés, soit un taux de 5,20%, d’après les chiffres fournis par le directeur adjoint de la Direction des droits, de la protection de l’enfant et des groupes vulnérables du ministère de la Femme. Ces derniers ont été retirés, entre juin 2016 et mai 2017.

Au niveau national, dit-on, les estimations font état d’un chiffre qui tourne autour 100 000 mendiants. Abdoulaye Dieng de regretter le faible taux de retrait : ‘’Au début, il y avait une mobilisation sociale, mais ce n’est plus le cas. On sent un certain essoufflement.’’ Pour un retrait définitif de cette couche sociale de la rue, M. Dieng prône une implication des autorités locales et de la population. ‘’D’habitude, on retournait les enfants auprès des maîtres coraniques, mais désormais, cela ne se fait plus. On identifie leurs familles pour ensuite les retourner avec l’accompagnement social qu’il faut. Ceci pour que les familles aient les capacités de les retenir’’, glisse-t-il.

PAPE NOUHA SOUANE

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