Publié le 16 Jan 2019 - 20:31
20 ANS DE TRAVAUX FORCES REQUIS CONTRE UN ACCUSE

Un bailleur attrait pour l’assassinat de son locataire 

 

Pour une histoire de volume de téléviseur, Djiby Guissé a perdu la vie. Son bailleur, le quinquagénaire Abdou Diop, accusé de l’avoir assassiné, encourt une peine de 20 ans de travaux forcés. Il sera édifié sur son sort le 5 février prochain.

 

En détention préventive depuis 2014, le quinquagénaire Abdou Diop risque de passer les 15 prochaines années en prison. Hier, le parquet a requis 20 ans de travaux forcés contre lui. L’éleveur est accusé d’avoir assassiné son locataire Djiby Guissé. Les faits ont eu lieu à Yeumbeul Darou Salam, le 20 mai 2014. Mais c’est hier que l’affaire a finalement été jugée par la chambre criminelle de Dakar.

Il résulte des débats que le drame est parti d’une banale dispute liée au volume d’un téléviseur. Le bailleur reprochait à la victime de mettre tout le temps à fond le volume de son poste téléviseur. Le jour des faits, il a demandé à Djiby Guissé de baisser le volume, mais celui-ci lui a rétorqué qu’il ne pouvait rien faire, car sa télécommande était tombée en panne. Pour le contraindre à s’exécuter, le bailleur a coupé l’électricité dans sa chambre. A l’en croire, ils en sont venus aux mains et tous les deux sont tombés du premier étage.

Seulement, à l’enquête, les enquêteurs lui ont demandé pourquoi il n’a pas eu de fracture. Aussi, ont-ils mentionné, dans le procès-verbal, que l’accusé a frappé la victime à la nuque avec un objet contondant. Cette dernière se trouvait dans sa chambre et s’apprêtait à prendre son petit-déjeuner.

D’après toujours les policiers, Djiby Guissé, affaibli par le coup, a ensuite été poussé du balcon où il y avait des traces de sang. Pis, le quinquagénaire avait aussi menacé de mort les personnes qui voulaient réanimer la victime décédée le lendemain des faits.

Cependant, Abdou Diop se dit étranger à la mort de son locataire, tout en soutenant qu’ils se sont juste bagarrés. D’ailleurs, selon ses dires, le défunt lui devait des arriérés de location, mais n’en avait jamais fait cas.

Seulement, ses dénégations ont été battues en brèche par les proches de la victime. Entendus à titre de simple renseignement, chacun y est allé de sa propre version. Frère du défunt, Cheikh Guissé a déclaré que celui-ci lui a confié, sur son lit d’hôpital, que l’accusé l’a assommé. Samba Codou Guissé a soutenu, pour sa part, que son défunt frère lui a fait savoir qu’Abdou Diop l’a étranglé et assommé. Il m’a ensuite dit : ‘’Grand, pour l’amour de Dieu, faites tout pour qu’il n’échappe pas à la justice !’’

Locataire de la maison, Fama Savané s’est présentée comme un témoin de la scène. ‘’Cheikh avait collé Djiby au mur, il a pris ses jambes avant de le faire chuter du premier étage. Il m’a menacée de ne rien dire. Le défunt nous avait demandé de lui donner de l’eau à boire, mais Djiby s’y est opposé’’, a témoigné la dame, les larmes aux yeux. Devant les enquêteurs et le juge d’instruction, elle avait soutenu que les personnes présentes avaient enjoint de ne pas offrir de l’eau à la victime avant l’arrivée des sapeurs-pompiers.

100 millions réclamés pour la victime

Conforté par ces témoignages, Me Abdoulaye Sène estime que l’accusé tente de tromper la religion du tribunal. Pour lui, il est constant que c’est Cheikh Diop qui a attenté à la vie de Djiby et il l’a fait de manière volontaire. ‘’Il s’agit d’un homicide volontaire, car il y a des éléments qui montrent que l’accusé n’avait pas l’intention de le blesser seulement. Il y avait une préméditation, ce n’est pas un accident. Il n’a aucun regret. Cet homme est dangereux pour notre société. Il a sauvagement assassiné Djiby et il doit assumer les conséquences de son acte’’, a martelé l’avocat de la famille. Qui réclame 100 millions de francs Cfa pour toutes causes et préjudices subis par les 3 enfants, l’épouse ainsi que les frères et sœurs de la victime.  

Le substitut Saliou Ngom a abondé dans le même sens, en soutenant que l’intention de donner la mort et la préméditation sont établies. ‘’Il a visé une partie extrêmement sensible, la nuque. L’objectif recherché était clair, celui d’attenter à la vie et la victime est décédée de traumatisme grave. On est dans le cadre d’un assassinat et le délit de menace de mort verbal est établi’’, a argué le parquetier.

‘’On a convoqué l’émotion, aujourd’hui. Il y a une exagération dans ce dossier. Pourquoi cet acharnement, cette volonté d’enfoncer ce père de famille ?’’, a asséné Me Ousseynou Ngom. Le conseil de l’accusé a écarté l’assassinat, soutenant qu’il s’agit d’un homicide involontaire. Selon l’argumentaire de l’avocat, il y a eu bagarre et quand il y a bagarre, les coups pleuvent et on ne cherche pas à tuer. Compte tenu de ces arguments, il a plaidé une disqualification des faits en coups et blessures volontaires sans l’intention de donner la mort. Surtout que la robe noire a relevé qu’un coup sur la nuque n’entraine pas de sang et qu’il y a absence du corps du crime.

Verdict rendu le 5 février prochain.

FATOU SY

 

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