‘’Au moment où je touchais au but, c’est-à-dire jouer en professionnel, on vient me dire que je ne pourrai plus disputer de matches au plus haut niveau. Cela a été un choc brutal’’. A 19 ans, Mohamed Diamé entend la sentence tant redoutée par les apprentis footballeurs. Son rêve est en train de s’envoler, non pas parce qu’il n’a pas le niveau, mais à cause d’une malformation cardiaque diagnostiquée au moment il s’apprête à signer un contrat professionnel. Le monde s’effondre pour le jeune Sang et Or. Il repense à tous les sacrifices.

 

A la promesse faite à sa maman de se donner à fond pour le football et d’avoir en même temps une moyenne de 12 à l’école. Et pour bien mettre le mot ‘’fin’’ sur son histoire avec le ballon, son club formateur, Lens, décide de résilier son contrat. ‘’C’en est terminé’’, se dit-il. Un an passe avant que le gamin de Mont-Mesly, sûr de son destin de footballeur, décide de se ‘’reprendre, de persévérer’’, et d’accomplir son rêve. Le Diamé nouveau arrive.

 

 

De Clairefontaine à Linarès

 

Né à Créteil, Mohamed Diamé a logiquement débuté sa carrière dans le club de sa ville natale avant d’intégrer le prestigieux centre de préformation de l’Institut national du Football de Clairefontaine, sous la direction de Francisco Filho. Il partage la promotion avec son futur coéquipier en sélection, Issiar Dia et d’autres futurs grands comme Mehdi Benatia (Udinese) ou Blaise Matuidi (PSG).

 

En 2003, il rejoint le Racing Club de Lens. Trois ans plus tard, il est donc déclaré inapte au football de haut niveau et gamberge une année avant d’atterrir en Espagne au CD Linares. C’est dans ce club de 3^e division espagnole que Diamé va retrouver goût à la vie et au foot. Une saison pleine et le Rayo Vallecano (D2 Espagnole) saute sur l’occasion pour s’offrir ses services.

 

Avec le club madrilène, le Franco-Sénégalais s’offre une belle vitrine et peut se faire voir en Espagne et en Europe. Le milieu de terrain, technique, doté d’un gros volume d’abattage, est comparé à Marc-Vivien Foé et Mahamadou Diarra. Pisté par de grands clubs, il est desservi par son histoire de malformation cardiaque.

 

En Angleterre, Wigan fait le pari, même si lors de la visite médicale de transfert, le diagnostic des médecins anglais rejoint celui de ceux de Lens. Retour en arrière ? De nouveaux examens soulagent Mohamed Diamé ; il peut porter le maillot des Latics pour 3,8 millions d‘euros (environ 2,5 milliards), et défier la Premier League. Dans le très intense championnat anglais, le natif de Créteil s’épanouit avec Wigan avec lequel il est lié jusqu’en 2013.

 

Trois ans après ses débuts avec le club de Manchester, l’international sénégalais est l’un des joueurs les plus adulés par les supporters qui garnissent un week-end sur deux les travées du Dw Stadium (25.000 places). Titulaire indiscutable, le joueur de 24 ans incarne l’avenir de Wigan, selon son coach Roberto Martínez. ‘’Beaucoup de clubs veulent le recruter. Ce qui est normal, déclare le technicien d’origine espagnol. Momo est un joueur très important pour nous. Nous voulons construire d’ici quelques années une grande équipe. Et il constitue un pilier pour la réussite de ce projet. Nous ferons tout notre possible pour le garder’’. Car le milieu de terrain a fini de convaincre toute l’Angleterre de son talent, mais ses jours avec les Latics semblent bien comptés surtout s’il s’illustre lors de la CAN.

 

 

Au nom du père…

 

Mohamed Diamé a matérialisé son engagement avec les Lions de la Teranga le 26 mars 2011 avec une première sélection lors de Sénégal-Cameroun (1-0) en éliminatoires de la coupe d’Afrique des Nations. Avant sa venue, l’ancien milieu de terrain de la Tanière, et actuel joueur de Stoke City, Salif Diao, a fait les premières approches avant que le président de l’institut Diambar Saër Seck ne prenne le relais.

 

Mais Mohamed Diamé l’a lui-même relevé, dans un entretien à Week-end magazine : ‘’Ce qui a pesé le plus, c’est que le coach (Amara Traoré) soit venu jusqu’à Manchester pour me parler. Auparavant, il y a eu beaucoup d’appels téléphoniques, mais le fait que le coach se soit déplacé pour venir me voir a fait la différence, et c’est ce qui explique ma présence en équipe nationale’’.

 

En rejoignant la Tanière, le deuxième enfant, d’une fratrie de trois, réalisait également ‘’le rêve de son père décédé en 2000’’, selon son oncle paternel Babacar Diamé, maire de la ville de Foundiougne d’où sont originaires ses parents. ‘’Sur le plan de la discipline et du respect, c'est quelqu'un de très discret et de très respectueux, témoigne l’oncle de Diamé.

 

Avec cette reconstruction, il colle bien à la mentalité recherchée par les coaches en dehors du foot. C'est un garçon bien rangé, très poli et intelligent. Sur le plan footballistique, c'est un joueur complet. Quand il faut donner des coups, il peut le faire. Il peut s'adapter très vite à l'environnement africain. S'il faut jouer au ballon aussi, il sait le faire. Il peut organiser le jeu. Très complet, il joue des deux pieds. Je dirais qu'il est une des pièces maîtresses qui manquaient un peu à l’entrejeu des Lions.’’

 

Le patron du milieu ?

L’analyse de l’oncle, quoique partisane, est digne d’un technicien. Le profil de Mohamed Diamé, relayeur-organisateur-perforateur, est devenu une denrée depuis que Pape Bouba Diop s’est éloigné de la Tanière. Après avoir donné un aperçu de ce qu’il pouvait apporter dans l’entrejeu en deuxième mi-temps contre le Maroc, le Latic a confirmé contre la Rd Congo, le 3 septembre dernier (victoire 2-0).

 

Au sein d’un milieu en losange avec Remi Gomis et Kouly Diop, il s’est évertué à éclairer le jeu des Lions. Dans un football africain qui est souvent rythmé par les duels et le physique, Mohamed Diamé ne devrait pas en pâtir à la Can. Une première pour le milieu défensif des Lions qui n’a jusqu’ici suivi le banquet continental que sur le petit écran. Et au moment de l’exécution des hymnes, quand il posera sa main sur le cœur, il se souviendra de tout ce chemin parcouru. Que son cœur a été son meilleur guide…

La première sélection A son arrivée contre le Cameroun pour la troisième journée des éliminatoires de la Can 2012, personne ne connaissait encore Mohamed Diamé dans le giron du football Sénégal. Le milieu de terrain de Wigan était alors la surprise du chef… Amara Traoré. Diamé avait débarqué dans un contexte difficile pour défier la grande armada camerounaise. Un test grandeur nature pour un ''bleu'' qui n’avait jusqu’ici jamais évolué en Afrique. Mais, le nom de l’adversaire ne l’avait point ébranlé.   Le courage et l’abnégation en bandoulière, Il lançait pour sa première sortie devant les micros et cameras des journalistes, je suis prêt pour affronter le Cameroun, je suis là pour aider le Sénégal et continuer l’aventure avec lui’’. Devant les ''Indomptables'', Diamé avait prouvé qu’il était un joueur sur qui le Sénégal pouvait compter. Une intégration parfaite pour son premier match l’installe aisément dans la Tanière.   Depuis lors, Diamé n’a plus quitté la sélection. Ses sorties et ses prestations de bonnes factures s’enchaînent. Mieux, il n’a jamais connu le banc des remplaçants depuis ce 26 mars dernier malgré le fait d’avoir pris le train en marche.

Répères Mohamed Diamé né le 17 juin 1987 à Créteil Poids : 71 kg Taille : 1m81 Poste : Milieu Clubs successifs : 2007-2008 : Cd Linares (troisième division de la ligue espagnole) 2008-2009 : Rayo Vallecano (deuxième division de la ligue espagnole) (2009-. . .) Wigan Athletic (première division anglaise)

Bigué BOB