Publié le 19 Jan 2012 - 18:57
23 LIONS CAN 2012

Moussa Sow : joyeux anniversaire…

Moussa Sow

 

''C’est un grave problème, on ne peut pas continuer comme ça. Et Il y a des joueurs qui font l’équipe de France U16, U17, U18, U19, U20, U21, qui font même l’équipe de France A - puisque quand on fait un match non officiel, ça ne compte pas - et au dernier moment, choisissent leur pays d’origine, s'était offusqué Laurent Blanc. Qui ne se souvient pas de la polémique qui a pollué la France du football la saison dernière ? Une affaire de quotas à laquelle est impliqué le sélectionneur ''tricolore'' Laurent Blanc.

 

Une affaire - même si on ne le dit pas directement - liée à l'histoire d'une ascension exceptionnelle de Moussa Sow. Car en une saison seulement, le Franco-Sénégalais a impressionné le ''Vieux continent'', passant de joueur anonyme à Rennes à une star convoitée par toute l'Europe à Lille. Et ce, grâce à des performances presque inattendues. Comme son aîné et ancien capitaine des Lions, Jules François Bocandé, l'attaquant de Lille a terrorisé les défenses de Ligue 1.

 

Au finish, il guide le club nordiste au doublé Coupe-Championnat avec une consécration individuelle de meilleur buteur avec 25 réalisations, soit deux buts de plus que l'ancien joueur du Casa Sport, Bocandé, qui en avait mis 23 durant la saison 1985-86 avec Metz.

 

 

le 19 janvier 1986 à Mantes-la-Jolie (France), Moussa Sow se révèle ainsi à la planète du ballon rond. Après une telle réussite en club, le champion d’Europe des moins de 19 ans en 2005 aurait pu poursuivre sa carrière en équipe de France avec ses camarades de fortune, les Abou Diaby, Yoann Gourcuff ou encore Hugo Lloris. Mais après quelques apparitions chez les Espoirs, ''Mouss'', comme l'appellent ses coéquipiers en sélection, opte pour sa patrie avec la ferme ambition d'écrire l'histoire du football sénégalais au niveau continental. ''J'ai toujours rêvé de disputer la Can. Avant, je ne la voyais qu'à la télé. Maintenant, j'ai la chance de la jouer'', a-t-il confié.

 

 

Pour y arriver, l'attaquant des Lions a pleinement joué sa partition. Car il est arrivé en sélection au moment de la reconstruction amorcée par le Directeur technique national, Amsatou Fall. Dragué par le Sénégal et ignoré par la France en A, Moussa honore sa première sélection avec le Sénégal le 12 août 2009, face au Congo à Tours en amical.

 

C’est le début de l’idylle entre Moussa Sow et le Sénégal. ‘’Je dirais que jouer pour le Sénégal est une grande fierté pour moi, même si la France reste le pays dans lequel je suis né, a souligné ce fan du Camerounais Samuel Eto’o. Le Sénégal, c’est un choix du cœur. Je n’ai eu aucune influence. Bien que j’aie joué dans les petites catégories de la France, je rêvais toujours de jouer pour le Sénégal qui est le pays de mes parents’’.

 

 

Après un début timide, l'ancien Rennais se dresse en titulaire sous les ordres d'Amara Traoré. Capable de jouer sur toutes les lignes offensives.

 

 

Victime de mysticisme

 

Pourtant, Moussa Sow a mis du temps à éclore. Déniché dans sa ville natale, Mantes-la-Jolie, près de Paris, par Amiens SC, après une année passée en Picardie, Sow débarque à Rennes avant d’être prêté à Sedan en 2007. De retour dans l’effectif breton, le joueur se montre rapidement décisif pour le reste de la saison. Malgré ses bonnes performances, Moussa Sow ne jouit pas d’un statut de titulaire, bloqué par la concurrence du Ghanéen Asamoah Gyan et du Guinéen Ismaël Bangoura.

 

En fin de contrat à Rennes, il part libre pour rejoindre le Lille olympique sporting club (Losc). Et dès sa première saison (2011-2012), il parvient à reléguer sur le banc le buteur brésilien Tulio De Melo. Moussa enchaîne son ''S(h)ow'' avec deux triplés contre Lorient et contre son ancienne formation Rennes. Malheureusement pour lui, il est recalé dans le trio pour le ''Ballon d'or'' avec néanmoins le mérite d'avoir mis fin au règne de Mamadou Niang au titre de meilleur joueur sénégalais évoluant en Europe.

 

 

Le petit Moussa Sow s'est forgé une identité franco-sénégalo-haal pulaar, dans une ville natale réputée difficile, où les pièges de la délinquance jonchent les routes qui mènent à l'âge adulte. N'eût été le football, Sow serait peut-être tombé dans le banditisme. ''La passion du foot m’a beaucoup aidé. Jouer au football m’a permis de ne pas tomber dans la délinquance. Mais aussi, le fait de vouloir devenir professionnel (…). Je me suis dit qu’il fallait vraiment que je mette le paquet, pour sortir de cette cité. Je me suis dit que si je restais à Mantes, je ne saurais pas ce que j’allais devenir, malgré le fait que j’aimais l’école. Mais je ne savais pas ce que j’allais devenir’’, a expliqué ce Haal pulaar éduqué à la pure orthodoxie africaine.

 

Cette situation pousse l’adolescent, à l'aise dans sa langue maternelle, à quitter la maison familiale dès l’âge de 15 ans pour déposer ses baluchons en Bretagne, à Rennes. Loin de l’environnement familial, Moussa Sow est victime de pratiques mystiques qui l’ont empêché de marcher pendant deux semaines alors qu’il était âgé de 18 ans. "On n’a jamais su ce que c’était. Il y a eu des pratiques mystiques autour de lui", a révélé son frère et agent Abdoulaye Sow. Moussa signe son premier contrat professionnel en février 2006 avec Rennes et commence à écrire une nouvelle page de sa vie avec le football qui va le sortir de l’anonymat.
 

 

À la Can pour concrétiser un rêve

 

Hasard ou signe du destin, cette Can (21 janvier-12 février) va démarrer deux jours après son anniversaire (il est né le 19 janvier). Et pour Moussa, c'est un ''petit cadeau'' qui tombe au moment où il va disputer sa première Can avec le Sénégal, comme d'ailleurs bon nombre de ses partenaires.

 

Le meilleur buteur de L1 française la saison dernière espère marcher sur les traces de son idole Samuel Eto'o, meilleur canonnier de l'histoire de cette compétition. Mais il faut d'abord gagner une place de titulaire car la pointe de l'attaque est assez bien fournie, avec Demba Bâ, Papiss Cissé.

 

Mais avec sa capacité à évoluer sur les côtés, il pourrait avoir le meilleur temps de jeu parmi ses compères. Spectateur de ce tournoi dans son passé de jeunesse, le Lillois estime que le Sénégal peut aller jusqu'au bout. ''C’est une très belle équipe sur le papier. Mais c'est à nous la nouvelle génération, d'essayer d'éviter de faire les mêmes erreurs que nos aînés'', incite-t-il.

 

LA PREMIÈRE SÉLECTION

Âgé seulement de 23 ans alors, le jeune Moussa Sow intègre la Tanière des Lions en pleine reconstruction. Et dès sa première convocation, il honore sa première sélection avec le Sénégal, le mercredi 12 août 2009 face au Congo à Tours. Aligné comme titulaire à côté du double buteur Papiss Demba Cissé, il participe pleinement au succès (2-1) des Lions.

 

Avec ses nombreux appels en profondeur, provocation balle au pied et bagarreur dans les duels, il a donné beaucoup de fil à retordre à la défense congolaise. Depuis cette date, Moussa Sow fait les beaux jours de la sélection qui a entamé sa reconstruction au lendemain de la double élimination à la Can et au Mondial 2010. Il fait d'ailleurs partie des bases solides sur lesquelles l'équipe nationale sénégalaise peut compter pour retrouver son lustre de 2002.

 

REPÈRES

Moussa Sow

Né le 19 janvier 1986 à Mantes-la-Jolie (France)

Taille : 1m80

Poids : 76 kg

Position : Attaquant

Club successifs : FC Mantes (1997-2002) ; Amiens (2002-2003) ; Rennes (2003-2007) ; Sedan (2007-2008) Rennes (2008-2010) ; Lille (2010-...)

Palmarès :

Champion de France 2011 (Lille)

Vainqueur de la Coupe de France 2011 (Lille)

Champion d'Europe des -19 ans 2005 (France)

Finaliste de la Coupe de France 2009 (Rennes)

Meilleur buteur du champ. de France 2010-2011 (25 buts)

Nombre de Sélections : 15

Nombre de buts : 5

 

Mamadou lamine SANÉ

 

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