Publié le 16 Jan 2012 - 19:43
23 LIONS CAN 2012

Souleymane Diawara : le miraculé

Souleymane Diawara

 

L’histoire de Souleymane Diawara, c’est celle d’un colosse aux qualités physiques hors normes et qui pourtant, a dû jouer des coudes pour se faire une place au soleil. C’est tout le paradoxe du défenseur international sénégalais à qui il a souvent manqué ce zeste de concentration pour se hisser au très haut niveau.

 

Grandi à Bordeaux où il a sans doute réalisé ses deux plus grosses saisons (2007-2009) en Ligue 1, (doublé Coupe de la Ligue-Championnat en 2009), Souleymane Diawara avait enfin clos le débat sur sa capacité à sublimer sa carrière. Passé entre-temps à l’OM, où il redevient champion de France dès 2010, ''Soulé'' fait preuve de régularité malgré quelques ‘’sorties de route’’ d’une saison à l’autre.

 

Devenu aujourd’hui un pilier de la défense de l’Om, l’ancien joueur de Sochaux est un solide relais sur qui compte Didier Deschamps. En sélection nationale, Amara Traoré a bâti sa défense autour de ce digne héritier des Lamine Diatta et autres Pape Malick Diop. Aujourd’hui, la CAN constitue un challenge de plus pour ce colosse revanchard au parcours agité.

 

 

‘’Zidane…’’

 

Souleymane Diawara a longtemps vécu dans l’ombre de ses talentueux aînés, Salif et Djibril Diawara, footballeurs comme lui. Si Salif n’est demeuré qu’un espoir du centre de formation du Havre, Djibril lui, ancien international Espoirs français, a connu une carrière honorable (Le Havre, Monaco, Torino, Bolton) avant qu’une vilaine blessure au genou le stoppe net. Souleymane Diawara, 33 ans, a de qui tenir.

 

‘’Djibril a toujours été mon idole, racontait-il à l’Equipe. Il était si fort ! Jeune, j’ai grandi, non pas dans son ombre, mais à la lumière de ses exploits. Rien que pour lui, je dois continuer à assurer.‘’ Comme son pote Mamadou Niang, Souleymane Diawara a grandi à Caucriauville, un quartier difficile du Havre.

 

Là-bas, l’enfant de Gabou (région de Tambacounda) devait choisir entre un destin mesquin d’ouvrier à l’usine Goodyear, comme son père et ses frères, ou tenter sa chance au football. Il choisit la seconde option mais déchante très vite au moment d’intégrer le centre de formation du Havre, le grand club de football du coin. ‘’Le concours, je l’ai passé au moins quatre fois’’. Un homme, Jean-Marc Nobilo, nommé directeur du centre, lui donnera enfin sa chance à 18 ans.

 

 

‘’Le foot, je n’avais que ça en tête, rappelait-il. J’ai travaillé pour combler mon retard. J’ai toujours été comme ça. Je fais toujours du rab. Et puis, si Zidane en faisait, lui qui a tout, je peux en faire aussi, hein !’’ Un an et demi plus tard, il intègre le groupe pro du Havre mais ne se montre pas sérieux.

 

Son hygiène de vie laisse à désirer : il sort tous les soirs, se disperse et fait la fête avec ses potes de quartier en boîte de nuit. ‘’Avec le recul, je me dis que j’ai vraiment fait le con pendant un moment au Havre, regrettait-il. Je suis un miraculé.

 

Le jour où il se fait prendre pour excès de vitesse et se retrouve au tribunal, un déclic se produit en lui. ‘’Grâce au soutien de ma famille, j’ai compris. Si je veux aller très haut, je dois le mériter’’, soutenait alors ce footballeur atypique, capable d’enfiler des gants noirs en hiver comme en été ‘’par superstition’’ ou de vivre une amourette avec Daniella, belle et sulfureuse franco-portugaise, ancienne star d’une téléréalité et ex-copine de Cristiano Ronaldo.

 

 

Passé du Havre, où il débute en pro, à Sochaux, où il se révèle à la France du foot, Diawara file en 2006 à Charlton (Angleterre) pour sa première grande expérience à l’étranger. ‘’C’est peut-être là-bas que j’ai appris vraiment la gagne et le combat’’, dira-t-il plus tard. Cette expérience lui servira dans ses années bordelaises, durant lesquelles il était un des chouchous de Laurent Blanc.

 

 

Puis aujourd’hui à Marseille où il s’est fondu dans le club et la ville au point de recevoir, en novembre dernier, un trophée de la part d’une association marseillaise s’occupant d’enfants atteints de cancer.

 

 

Victimes des clans

 

Il n’était pas aisé pour un jeune footballeur de pointer le bout de son nez en équipe nationale du Sénégal en cette fabuleuse année 2002. C’est néanmoins le pari qu’avait relevé Souleymane Diawara à l’occasion d’un amical Afrique du Sud-Sénégal (1-1) à Johannesburg (Trophée Nelson Mandela) ce 19 novembre 2002.

 

Mais, si les débuts du colosse aux gants noirs sont une réussite, la suite de l’histoire entre la sélection et Souleymane Diawara allait se révéler plus chaotique. La faute à un problème de confiance entre le défenseur international sénégalais et les différents sélectionneurs (Guy Stephan, Laye Sarr-Amara, Henri Kasperczak, Lamine Ndiaye) qui se sont succédé à la tête de la sélection depuis ses débuts en novembre 2002. Soupçonné de dilettantisme en équipe nationale, soumis à la concurrence, l’enfant de Gabou déchante.

 

 

‘’C’est vrai qu’avec certains sélectionneurs, ça n’a jamais accroché’’, lâchera-t-il plus tard. Revenu dans le coup, Diawara connaît sa première grande crise avec la sélection nationale après la désillusion de la Can 2008 au Ghana où la Tanière explose. Avec son pote de tous les jours, Mamadou Niang, ils se mettent en retrait de la sélection. Puis, invoquant un coup de fatigue en juin 2009, il fait l’impasse sur les éliminatoires de la Can et du Mondial 2010. Il avouera dans la foulée avoir été victime des clans dans la Tanière et tacle El Hadji Diouf et Henri Camara.

 

 

‘’Des joueurs comme Diouf et Henri Camara se prennent pour des stars. Quand on les voit parler, on croit que c’est Drogba ou Eto’o alors qu’ils ne sont rien du tout, confiait-il au journal Le quotidien en 2010. Au lieu de jouer au football, ils sont là à dire : Diawara et Niang ne sont pas des patriotes. Je vous dis la vérité : on n’a pas triché.’’ Réintégré dans la sélection après la fameuse lettre d’excuses coécrite avec Mamadou Niang, Souleymane Diawara attend aujourd’hui de vivre sa quatrième Can après 2004, 2006 et 2008.

 

 

Lors de cette Can 2012, Souleymane Diawara sera dans la peau du grand-frère, en compagnie des Omar Daf et Mamadou Niang, qui va guider tous ces jeunes Lions qui vont découvrir l’épreuve reine en Afrique. Son expérience de quatre Can sera mise à contribution par le sélectionneur national, Amara Traoré, pour encadrer le groupe.

 

A 33 ans, le défenseur de l’OM sait sans doute qu’il va vers l’une de ses dernières grandes compétitions et l’un des derniers défis en sélection. Sa forme du moment avec l’OM pourrait profiter à la sélection pour stabiliser la défense des Lions et mettre tout le monde d’accord sur ses qualités de compétiteur.

 

La première sélection

Six mois après l’exploit de la bande à El Hadji Diouf à la Coupe du monde en Asie, Diawara débarque en équipe nationale. A l’ombre des Lamine Diatta, Pape Malick Diop et autres Aliou Cissé, il écarquille des yeux en poussant les portes de la Tanière. ‘’Cette première sélection contre l’Afrique du Sud est mon meilleur souvenir en équipe nationale», a-t-il confié récemment.

 

Son baptême du feu en sélection, Souleymane Diawara l’a connu le 19 novembre 2002. A 23 ans, à l’époque, le gamin de Caucriauville ne pouvait rêver meilleure première qu’une rencontre de prestige contre les Bafana- Bafana d’Afrique du Sud (1-1, tab : 1-4 et victoire du Sénégal). Ce jour-là, à côté des Lamine Diatta, Ferdinand Coly et Pape Malick Diop, il s’emploie à museler Shaun Bartlett, le puissant avant-centre sud-africain. Une première cape heureuse qui allait en appeler beaucoup d’autres, 44 aujourd’hui, avec des fortunes diverses.

 

Repères

Souleymane Diawara, né le 24 décembre 1978 à Gabou (Sénégal)

Taille : 1m85

Poids : 88 kg

Poste : Défenseur

Clubs successifs :

Le Havre (1998-2003) ; Sochaux (2003-août 2006) ; Charlton (août 2006-juin 2007) ; Bordeaux (juin 2007-mai 2009) ; Marseille (juin 2009- …)

Palmarès :

Champion de France en 2009 (Bordeaux),2010 (Marseille) 

Vainqueur de la Coupe de la Ligue en 2004 (Sochaux), 2009 (Bordeaux), 2010, 2011 (Marseille) ;

Vainqueur du Trophée des champions en 2008 (Bordeaux), 2010, 2011 (Marseille)

Ndiassé SAMBE

 

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