Publié le 17 Jan 2012 - 16:44
23 LIONS CAN 2012

Bouna Coundoul : goal qui peut

Bouna Coundoul

 

‘’Vous devez cheminer sous l'ordre d'Allah pendant que surviennent les épreuves et les malheurs. Il n'y a aucun espoir pour le fils d'Adam d'échapper à cela tant qu'il vit en ce bas-monde, aussi il faut patienter dans toutes les situations autant que possible et selon toutes nos capacités’’. Bouna Coundoul, talibé fervent de Baye Niasse, a certainement fait de cette recommandation de son guide un viatique dans sa vie de footballeur. Surtout dans les moments difficiles. Ceux pendant lesquels il a l’impression que tout le travail au monde ne peut pas tout payer.

 

Bouna Coundoul, présent en équipe nationale depuis la Can 2008, a patienté pour s’imposer comme numéro 1. Il a dû certainement mettre en sourdine sa frustration de voir le ‘’fils’’ du coach être devant lui alors que les prestations de celui-ci plaidaient pour sa cause. Il a suffi d’un match, qui avait tout l’air d’une question de vie ou de mort, pour que Bouna s’érige en chef de gants de la tanière. Cameroun-Sénégal restera à jamais le match de l’adoubement pour le gamin de Guédiawaye qui s’est forgé un destin en traversant l’Atlantique pour attraper le ballon de la réussite aux USA.

 

 

Informaticien

 

Bouna Coundoul, qui porte le même prénom qu'un célèbre roi du Djolof, n'était pas destinait au football. Après avoir commencé ses études au Sénégal jusqu'en classe de 5e, il est envoyé aux États Unis par son père en 1997, pour rejoindre ses trois grands frères déjà sur place.

 

En Amérique, il continue ses études et obtient son bachelor (baccalauréat dans le système universitaire anglo-saxon) en informatique à l'université d’État de New-York. C’est aux États-Unis, pays où tous les étudiants doivent obligatoirement pratiquer un sport, que Bouna Coundoul s’essaye au soccer et devient le gardien de but de l’équipe de son Université.

 

Celui qui n’avait jamais joué en club, même en navétane, au Sénégal se découvre un talent et devient meilleur gardien de but de tous les universités des États Unis, durant trois années successives. Encouragé par son entraîneur à l'université de New-York, le jeune Coundoul, fan inconditionnel de l’ancien gardien des Lions, Cheikh Seck, continue à se donner à fond. Ses efforts vont finir par être récompensés, puisqu'il sera repéré en 2005 par le club des Colorado Rapids.

 

Il y joue de 2005 à 2008, 52 matches. Ses bonnes performances tapent tout de suite dans l’œil du puissant Club des Red Bulls de New-York, où évolue actuellement Thierry Henry, ancien capitaine de l'équipe de France. Pendant longtemps, Bouna y joue les premiers rôles, avant que les choses ne commencent à se dégrader. La cause principale : ses allers-retours en sélection qui ne sont pas du goût de son club.

 

Sur fond de chantage, les Red Bulls lui proposent de choisir entre son club et son équipe nationale. Lorsqu'il répond à la convocation pour jouer le match décisif contre le Cameroun, alors que son club devait effectuer une tournée importante au Mexique, le couperet tombe. Il ne sera plus titulaire. En décembre, il apprend que son contrat qui arrive à expiration ne sera pas prolongé.

 

Le manager général des Red Bulls, Erik Soler assène dans la presse américaine : ''Il (Coundoul) doit être gardien titulaire quelque part, mais ce ne sera pas ici''. Un coup dur pour lui. Il y voit ''une dose de racisme''. Mais même s’il est désormais sans club, Bouna Coundoul assume son choix de défendre ses couleurs nationales. Jusqu’au bout.

 

 

L’oubli, puis la revanche

Les supporters de la dernière heure, ainsi que les fans à la mémoire courte, pensent que la première sélection de Bouna Coundoul s'est faîte en 2011, lors des éliminatoires de la Can. Mais, le nouveau patron des cages sénégalaises a connu sa première sélection en 2008, alors que Kasperzack était entraîneur de l'équipe nationale. Bouna Coundoul est deuxième gardien derrière Tony Sylva.

 

Il joue un seul match contre l'Afrique du Sud lors de la dernière journée des phases de poules. Alors qu’il s’offre une prestation honorable pour sa première sélection, le gardien de Colorado Rapids sera étrangement ‘’oublié’’ par le nouveau sélectionneur à l’heure de (re)prendre les rênes de l’équipe nationale. L’actuel coach du club congolais TP Mazembe, préfère Tony Sylva, Cheikh T Ndiaye ou encore Issa Ndoye (Iran). Coundoul a dû donc prendre son mal en patience jusqu’à l’arrivée d’Amara Traoré qui le rappelle lors de son deuxième match comme sélectionneur contre le Danemark (mai 2010).

 

Mais le joueur de Red Bull doit se contenter de la place de n°2 derrière Khadim Ndiaye. Il joue les matches amicaux avant d’avoir sa chance comme titulaire dans un match officiel face au Cameroun. Le 4 juin 2011, Amara prend tout le monde de court en titularisant Coundoul. On lui prédit l’enfer, il s’offre son paradis. A lui seul, Bouna Coundoul sauve le Sénégal d'une défaite annoncée.

 

À cinq reprises, il permet au Sénégal de ne pas encaisser de but et pousse Samuel Eto’o à rater le penalty de la dernière chance. Le vent a tourné et on pouvait légitimement s'interroger sur le choix d'Amara qui avait plus fait confiance à Khadim qu'à Coundoul depuis son arrivée chez les Lions. La première explication revirement pourrait être purement sportif comme l'a souligné l'entraîneur des gardiens Samba Fall. «Sur ce match Coundoul était plus en forme», fait-il savoir.

 

L'autre explication fait état d'une discussion que Bouna Coundoul aurait eu avec Amara Traoré au sujet de son statut en équipe nationale. Le gardien aurait sollicité le sélectionneur, seul à seul, pour lui exposer sereinement et calmement les conséquences de sa venue en équipe nationale vis-à-vis de son club. Coundoul aurait demandé sa chance à Amara pour jouer un match officiel à enjeux. Le sélectionneur aurait-il accédé à sa demande face au Cameroun ? En tout cas, il ne l'a pas regretté...

 

 

La Can, une porte vers l'Europe

 

Bouna a désormais les clés de la cage des Lions. Mais il est bien placé pour savoir que rien n’est acquis pour lui. Il reste sous le viseur de Khadim Ndiaye qui est loin d’avoir dit son dernier mot.

 

Mais au-delà de la concurrence saine avec le gardien de la Linguère, une bonne Can, permettrait à Bouna Coudoul de réaliser peut-être son rêve de tous les jours : Jouer en Europe. Grand supporter de Manchester United, Coundoul rêve de déposer ses baluchons sur le Vieux continent, plus particulièrement en Angleterre. L'américain sans club est ouvert à toutes les propositions. Son ambition est d’être élu meilleur gardien du tournoi. S’il le réussit, un contrat ne devrait pas poser de problème…

 

La première sélection

En 2008, Bouna Coundoul est le deuxième gardien de l'équipe Nationale, derrière Tony Sylva titulaire indiscutable. Mais à la faveur d'une punition du numéro 1 de l'époque, Bouna est titularisé. En effet après une sortie en boite de nuit à la veille du 3e match décisif contre l’Afrique du Sud, la bande à El Hadj Diouf créé le scandale du tournoi chez les Lions. Henry Kasperzack, alors entraîneur, démissionne.

 

Lamine Ndiaye, son adjoint le remplace au pied levé pour le dernier match de poule entre deux équipes pratiquement éliminées. Lamine Ndiaye suspend donc les fêtards et titularise Bouna Coundoul dans les cages de l'équipe nationale. Une aubaine pour l'Américain. Il sort un grand match malgré l’élimination du Sénégal (1-1). La suite sera moins gaie, puisque le Newyorkais sera zappé de la sélection jusqu’à l’arrivée d’Amara.

 

Repères

Bouna Coundoul, né le 04 mars 1982 à Dakar, Guédiawaye

Poids : 89 kilos

Taille : 1m 87

Poste : Gardien de but

Clubs successifs : Colorado Rapids (2005-2008); New-York Red Bulls (2009-2011)

 

 

Khady FAYE

 

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