Publié le 17 Jan 2012 - 16:05
23 LIONS CAN 2012

Issiar Dia : Dia tonique

Issiar Dia

 

Déroutant ! Le mot sied tellement à Issiar Dia qu’il semble avoir été créé en partie pour lui. Sur le terrain, l’ailier-attaquant de poche (1,65 m) a un style fait de vivacité, de percussion et de puissance. Petit mais costaud, il peut enchaîner les dribbles sur les ailes ou en position d'attaquant sur le côté droit.

 

Donner le tournis aux défenseurs : sa mission principale. En dehors de la pelouse, tous ceux qui ont approché l’homme au sourire enchanteur vous décriront quelqu’un de froid (ou méfiant), sec, de prime abord.

 

‘’La première fois que je suis allé chez lui, il ne m’a quasiment pas reçu, se rappelle Saër Seck qui l’a convaincu de porter le maillot national. Il ne m’a presque pas parlé. Il a fallu que j’avale une partie de mon orgueil pour atteindre mon objectif. A la fin, je me suis aperçu qu’il s’agissait beaucoup plus de crainte’’. Issiar a peut-être besoin d’apprivoiser son élément avant de s’épanouir ou de se lâcher, dans la vie comme sur un terrain ?

 

 

Renvoyé de Clairefontaine

 

Jeune, Issiar a débuté dans les petits clubs de la capitale parisienne avant de se faire repérer par l’Institut national français de Clairefontaine, le fleuron de la préformation française. Dans ce lieu prestigieux, il y croise les Hatem Ben Arfa, Ricardo Faty, Blaise Matuidi, mais n’ira pas jusqu’au bout de son apprentissage.

 

Il est renvoyé pour des problèmes de comportements. ‘’J’étais jeune et je n'avais pas tout compris‘’, plaide-t-il. Le fan du PSG est ‘’récupéré’’ par le centre de formation d’Amiens séduit par sa vitesse et sa technique hors du commun. Dès sa deuxième saison à Amiens, Issiar devient un élément indispensable avec 29 matches et 8 buts marqués. A partir de là, il commence à attirer la convoitise des recruteurs de la Ligue 1 française.

 

Les Girondins de Bordeaux commencent à s’intéresser au petit prodige d’Amiens, mais Dia rejoint finalement Nancy. Dès son arrivée en Lorraine, il prend très vite ses marques aux côtés de son futur coéquipier en sélection, Pape Malickou Diakhaté. En 2006, Issiar est désigné révélation de la saison à Nancy.

 

Le numéro 10 devient de plus en plus décisif devant les buts et attirent de plus en plus les grands clubs européens. C’est finalement le club turc de Fenerbahçe qui va réussir le gros coup en l’attirant en 2011. Il rejoint son compatriote de l’équipe nationale, Mamadou Niang et les deux sont sacrés champions de Turquie, un an après leur arrivée.

 

Mais la fête tourne court après une affaire de corruption impliquant Fenerbahçe. Niang s’exile au Qatar, Issiar a des touches, mais reste. Les blessures gâchent sa saison en cours au point que ses derniers mois avec le club stambouliote prennent une tournure instable. La Can arrive donc comme une bouffée d’oxygène pour Issiar déjà annoncé un peu partout (Marseille, Lille, Aston Villa) depuis le début du mercato.

 

 

Symbole des binationaux

 

Arrivé en juin 2008 en équipe nationale, Issiar Dia a du vécu en sélection, mais pas suffisamment pour s’ériger en cadre. La faute à une nature réservée et/ou à des performances qui n’arrivent pas à s’inscrire suffisamment dans la durée. L’arrivée d’Issiar Dia en équipe nationale a été symbolique dans la quête de la Tanière pour attirer les binationaux.

 

Tellement, le natif de Sèvres a été un pur produit français. Issiar a été constant dans les sélections de jeunes bleus jusqu’en espoirs avec les Benzema, Nasri, Lloris. Le convaincre de porter le maillot vert-jaune-rouge n’a pas été aisé. ‘’Ce n’était pas facile mais Issiar avait déjà envie de jouer avec l’équipe nationale du Sénégal. Sa volonté et son intérêt sportif ont pris le dessus, ce qui a facilité son arrivée’’, se rappelle Saër Seck.

 

Très attendu par les Sénégalais qui voyaient en lui un élément clé dans l’équipe nationale après la fin de la génération 2002, Issiar compte aujourd’hui une quinzaine de sélections avec deux buts au compteur. Mais près de quatre ans après son arrivée en sélection, Issiar tarde véritablement à être un leader, se contentant de fulgurances. ‘’Il est jeune et c’est un joueur qui a beaucoup joué. Il est plein d’avenir et il va encore le montrer avec l’équipe nationale du Sénégal’’, pense Saër Seck.

 

 

Issiar a été pourtant l’un des artisans de la qualification des Lions à la Can avant même la dernière journée en étant décisif lors du match Sénégal-Cameroun (1-0) au stade Léopold Sédar Senghor, pour le compte des éliminatoires de la Can 2012. Entré en seconde période, ses accélérations ont causé d’énormes difficultés à la défense des Lions indomptables.

 

Dans les dernières minutes, il offre une passe décisive à Demba Ba qui marque l’unique but de la partie. Au match retour en terre camerounaise, Issiar est titulaire et souffre sur son côté droit à l’image de son équipe. Il voit même rouge en fin de match après avoir accumulé 90 minutes de tension et de nervosité.

 

 

Une première Can pour rebondir

 

Après avoir raté la qualification en 2010, Issiar Dia sera, cette fois, présent lors de la plus grande fête du foot africain. Pour cette compétition, Issiar Dia peut être un élément clé dans le dispositif d’Amara Traoré. Milieu offensif, sa vitesse et ses crochets foudroyants peuvent causer d’énormes difficultés à l’équipe adverse. Surtout, le lutin a l’avantage d’être le seul joueur à posséder ce profil de dribleur-perforateur sur un côté.

 

S’il a les jambes, il va certainement faire mal, mais cette année, Issiar est en manque de temps de jeu dans son club de Fenerbahçe. Ce manque de compétition peut-il être un frein ? ‘’La trajectoire d’un joueur peut être parfois compliquée. Issiar peut faire une bonne Can, et revenir au top à Fenerbahçe, estime Saër Seck. Avec son âge et son talent, il peut apporter beaucoup de choses à l’équipe en 2012, 2013 et même jusqu’en 2018’’.

 

La première sélection

‘’Je suis là et fier d’être d’ici. Ma mère est contente que je porte le maillot du Sénégal. J’ai eu sa bénédiction.’’ Ce sont les premiers mots d’Issiar Dia lorsqu’il débarque au Sénégal pour jouer son premier match avec les Lions. Trois jours plus tard, c’est à Banjul qu’il honore sa première sélection sous les couleurs de l’équipe nationale du Sénégal sous l’ère Lamine Ndiaye. C’était lors du match contre les Scorpions de la Gambie (0-0). Après la déroute des Lions à la Can 2008 au Ghana, Lamine Ndiaye succède à Henri Kasperzack.

 

Pour entamer les éliminatoires combinées Can-mondial 2010, Lamine Ndiaye fait appel à de jeunes joueurs comme Issiar Dia en pleine bourre à Nancy. Il était très attendu par les Sénégalais qui voient en lui la relève de la génération 2002. Lors de son premier match avec l’équipe nationale face à la Gambie, Issiar n’est pas titularisé. Il entre en seconde période (61e mn) à la place de Fréderic Mendy. Une demi-heure discrète qui ne lui a pas permis de montrer toute l’étendue de son talent. Le meilleur était à venir.

 

Repères

Issiar DIA

Né le 8 juillet 1987 à Sèvres

Poste : Milieu offensif

Taille : 1,67m

Poids: 62 kg

Clubs successifs : Amiens SC (2003-2006) ; AS Nancy-Lorraine (2006-2010) ; Fenerbahçe (2011-…)

Alioune Ngamby NDIAYE

 

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