Publié le 23 Jan 2012 - 16:17
23 LIONS CAN 2012

KHADIM NDIAYE : Faites entrer l’accusé…

Khadim Ndiaye

 

Quelque part, il force l’admiration. L’homme se relève de tout. Ne semble jamais douter, demeure inébranlable face aux critiques, et reste toujours debout face aux coups qu’il reçoit et qu’il…s’inflige. Khadim Ndiaye est un gardien courageux, tout le monde s’accorde sur cela. Moins sur le talent. ‘’Ange’’ pour certains, ‘’démon’’ pour d’autres, le gardien et l’homme ne laissent personne indifférent depuis ses débuts en sélection et ses prouesses en club. Lui n’a qu’une devise : ‘’Je n’ai peur de rien’’.

 

Khadim Ndiaye aurait pu être un habitué des parquets. Basketteur talentueux dans son enfance, il a fini par tracer son sillon dans le foot. Il commence avec les Navétanes au sein de l’équipe Maison Blanche de Saint-Louis. Champion zonal, départemental et régional, en l’espace de trois ans.

 

C’est dans cette compétition qu’il sera déniché par son ancien coach de la Linguère et actuel sélectionneur des Lions, Amara Traoré, en 2007. Enfant du fleuve dans l’âme, il ne pouvait pas échapper à son destin, défendre les cages de la Linguère de Saint-Louis. Grand, doté d’une bonne détente et de bons réflexes, Khadim Ndiaye s’impose très vite comme l’incontournable de la Linguère.

 

Il est le héros de toute une ville lorsqu’il se mue en bourreau du Casa-Sports (deux penalty arrêtés aux tirs au but), afin d’offrir à la Linguère son premier titre de champion du Sénégal. ‘’Khadim affaire bi yaw la ! (littéralement : Khadim, tu es le meilleur)’’, ont scandé les Saint-Louisiens pendant plusieurs minutes, dans les rues de l’ancienne capitale sénégalaise. Il se fait un nom et le Sénégal du foot découvre sa spécialité : les tirs au but. Quelques semaines plus tard, le Saint-Louisien fait reparler de lui en 1/16e de finale de la Coupe de la confédération. Khadim qualifie la Linguère en arrêtant deux tirs dans la série de tirs au but et en marquant celui de la qualification contre l'Ashanti Kotoko (Ghana).

 

 

 

Adulé le soir, contesté le lendemain

 

Le 3 mars 2010, à Vólos contre la Grèce (2-0) pour le premier match d’Amara Traoré en tant que sélectionneur, Khadim Ndiaye est titulaire pour sa première cape. Sur le banc, Tony Sylva. Tout un symbole. Le gardien de la Linguère n’encaisse pas de but, Sylva est vexé de voir un local lui passer devant.

 

Il ne reviendra plus en sélection. Une page se tourne, une autre s’ouvre pour ‘’l’enfant d’Amara’’. Audacieux et confiant, l’ancien portier de la maison blanche de Saint-Louis n’est plus le gardien local ordinaire de la Linguère. Il était l’avenir des Lions, le jeune surdoué qu’il fallait ‘’familiariser avec les grandes compétitions internationales’’, dixit Amara. Son heure avait sonné. Il enchaîne les matches et les titularisations en sélection.

 

Il est le numéro 1, mais pas incontestable. ‘’Il y a d’autres gardiens derrière moi. Si je me loupe, je serai zappé en sélection’’. Cela n’allait pas tarder. Comme si son nouveau statut en sélection sclérosait ses réflexes et chloroformait son audace, Khadim redevient ordinaire. Contre le Djoliba en huitième de finale retour, après avoir arrêté le tir au but d’Ibrahima Bangoura, Khadim rate celui de la qualification.

 

 

Il essuie les premières critiques. En L1, il n’est plus craint par les attaquants. Il encaisse plus de 10 buts lors de la saison 2009-2010 alors qu’il n’en avait pris que trois la saison précédente. Le 5 septembre 2010 contre la RD Congo pour la première journée des éliminatoires de la CAN 2012, il commet l’irréparable. Une énorme boulette sur un tir de l’attaquant congolais qui lui passe entre les mains. Il est sous le feu des critiques malgré la victoire des Lions (4-2).

 

 

Khadim Ndiaye garde toujours la confiance du staff technique. Notamment celle de son mentor, Amara Traoré : "Khadim Ndiaye me fait penser à Tony Sylva au début. Il était loin de faire l'unanimité mais à force de travail, il est parvenu à faire partie des meilleurs gardiens de but du monde". Le 26 mars dernier, lors du choc des Lions contre le Cameroun à Dakar (1-0), sans pression, il se permet des dribbles sur Eto’o. Certains applaudissent l’audace, d’autres tremblent et le prennent pour un fou. Amara décide de le mettre un peu en retrait. Le gardien de la Linguère est sur le banc de touche au match retour contre les Lions indomptables (0-0), le 04 juin à Yaoundé. Bouna Coundoul est l’homme du match, Khadim encaisse.

 

 

Mais avec Khadim Ndiaye, les accusations ne s’arrêtent pas toujours au volet sportif. La consommation de chanvre indien lui est étiquetée. Lui, laisse tout perler sur sa carapace. ‘’On dit aussi que je suis ''waliyou'' (saint)’’…, rétorque le contesté gardien de but. Déboires après déboires, il est perçu comme un ‘’bad boy’’. ‘’Je ne suis pas un bad boy’’, se défend-il aussi. Pour son ami et coéquipier Mamour Diop de la Linguère, Khadim est un sage. ‘’C’est une personne simple et gentille au fond. C’est son envie de gagner qui le pousse à se comporter de certaines façons mais c’est quelqu’un de concentré et calme.

 

 

C’est le public qui ne le comprend pas’’, témoigne son coéquipier. Mais comment le public peut-il comprendre un international qui déclenche une bagarre générale en pleine finale de Coupe de l’Uemoa ? Qui ne donne pas l’exemple en refusant de sortir après avoir reçu un carton rouge en amical devant le Ndiambour de Louga, quitte à faire arrêter le match ? L’accusé Khadim se défend mal, s’enfonce de plus en plus, mais sauve l’essentiel : sa place en équipe nationale.

 

 

La CAN plutôt que l’Europe ?

 

"Je pense tout le temps à ce rendez-vous (Ndlr : la CAN 2012)". Cet aveu de Khadim Ndiaye montre tout son désir de faire partie de l’aventure africaine pour la première fois. Le gardien de Saint-Louis est tellement déterminé à être présent en Guinée Equatoriale et au Gabon, qu’il aurait mis entre parenthèses un éventuel contrat en Europe en balance. Un rêve qu’il dit pourtant longtemps caresser. ‘’On m’a interdit de donner plus d’informations sur ça’’, répond-il à ce propos. Khadim serait donc prêt à rendre à la sélection tout ce qu’elle lui a donné, en se sacrifiant.

 

 

Même si cela devait être vain car ayant désormais perdu sa place de titulaire. Lui, ne s’est pas résigné. ‘’La sélection nationale appartient à tous les footballeurs sénégalais et les places ne sont acquises pour personne’’, a-t-il insisté. Et pour ceux qui auraient la mémoire courte, il s’est rappelé à leurs bons souvenirs face à la Guinée en amical (4-1), le 13 décembre dernier. Il est redevenu le Khadim Ndiaye impérial avec un arrêt extraordinaire, à la 40e mn. Oui ! Il est toujours vivant…

 

La première sélection

Vingt-cinq ans, c’est jeune pour un gardien de but en sélection. Le 3 mars 2010, à Vólos contre la Grèce, premier match amical du nouveau sélectionneur, le gardien local a été titularisé devant un Tony Sylva vieillissant. Le Sénégal entame une difficile reconstruction. Tous les compteurs sont mis à zéro et le gardien local a une belle carte à jouer pour sa première sélection. Khadim Ndiaye se révèle au grand public du foot sénégalais de la plus belle des manières.

 

Si l’attaque grecque ne l’a pas mis à rude épreuve, il a néanmoins démontré sur deux à trois arrêts extraordinaires que le staff technique et ses partenaires pouvaient compter sur lui. Une première convaincante, pour le staff technique qui va le titulariser cinq fois de suite avant de l’envoyer sur le banc.

 

Repères

Khadim Ndiaye, né le 30 novembre 1984 à Saint-Louis

Taille : 1m84

Poids : 77 kg

Poste : Gardien de but

Club: ASC Linguère de Saint-Louis (2007 - …)

Palmarès :

Champion du Sénégal en 2009 (ASC Linguère)

Vainqueur de la Coupe du Sénégal en 2007 (ASC Linguère)

Champion du D2 Sénégal en 2007 (ASC Linguère)

Vainqueur du tournoi de l’Uemoa 2009 et 2011 (Sénégal : Sélection locale)

 

 

Mamadou L. SANÉ

 

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