Publié le 23 Jan 2012 - 15:13
23 LIONS CAN 2012

PAPE MALICKOU DIAKHATE : A la recherche du temps perdu

Pape Malickou Diakhaté

 

L’éloge n’a rien de gratuit. "Tout entraîneur rêve d’avoir un Malickou dans son équipe", a dit il y a quelques semaines Amara Traoré, le sélectionneur national. Cet hommage renseigne sur le statut actuel de Pape Malickou Diakhaté en équipe nationale du Sénégal. Défenseur de devoir, l’enfant de Ouakam aime se définir comme un soldat au service de la sélection.

 

 

Une aubaine pour tout sélectionneur. Mais, replacée dans son contexte, cette déclaration d’Amara Traoré est celle d’un sélectionneur national qui tente de protéger son joueur face aux critiques de plus en plus soutenues. Car, l’histoire entre Diakhaté et la sélection nationale, qu’il a intégrée en 2005, est jalonnée de hauts et de bas.

 

Comme la carrière en club de ce milieu défensif de formation, resté une belle promesse de Nancy, et aujourd’hui à Grenade à la recherche du temps perdu.

 

 

"Fou…"

 

Qui pouvait prédire qu’à 27 ans, Pape Malickou Diakhaté se retrouverait au Fc Grenade à se battre pour le maintien en Liga espagnole ? Peu de puristes. Tant la carrière de ce défenseur athlétique était programmée pour tutoyer le très haut niveau européen.

 

Formé à l’As Nancy Lorraine, l’enfant de Ouakam avait quitté son village à 15 ans pour grandir dans l’Est de la France. Arrivé en novembre 1999 dans l’un des coins les plus froids de l’Hexagone, le gamin se met en short et tee-shirt en plein hiver pour son premier entraînement avec les jeunes du club. "C’était ma façon de montrer à l’entraîneur des moins de 17 ans que j’étais venu pour m’imposer", dira-t-il. Son coach le traite de "fou" mais lui n’en a cure : il veut réussir et se donne les moyens de débuter en pro, en 2001, à presque 17 ans.

 

La France du foot découvre alors un défenseur dur sur l’homme, déterminé, et à cœur de prouver à son monde qu’il n’est pas un ‘’tocard’’. Un couple de vieux Nancéens, sa famille d’adoption, les Trouslard, l’aide alors à s’endurcir et à "ne plus baisser les yeux devant les gens." A Nancy, dans cette ville où il a rencontré sa femme et où est né son fils aîné, Pape Diakhaté grandit plus vite que les autres. "Je suis très attaché à Nancy, à la ville, au club. J’y ai passé de super moments, des moments difficiles aussi. Je me suis forgé ici", confessera-t-il.

 

 

Quelques saisons plus tard, devenu mature, Diakhaté met tout le monde dans sa poche. La Juventus, l’Ajax d’Amsterdam, Schalke O4, Lyon et Bordeaux se renseignent. "J’espère qu’il ne sera pas irremplaçable", s’inquiète alors Paul Fischer, à l’époque coach adjoint de Nancy. Le Ouakamois finit par filer au Dynamo de Kiev "pour jouer la Ligue des Champions".

 

Et amorce le grand saut dans une carrière (Nancy, Dynamo de Kiev, St-Etienne, Lyon, Grenade) restée jusque-là une promesse. Ou une énigme ?

 

 

"Modèle de coéquipier"

 

Comment en est-il arrivé là ? Le 3 septembre dernier, contre la Rd Congo (2-0), pour l’avant-dernière journée des éliminatoires à la Can 2012, Pape Malickou remplace Pape Kouly Diop à l’heure de jeu et se fait huer par le public de Léopold Senghor. Tout aussi surpris que le staff technique des Lions, le défenseur international sénégalais s’applique tant bien que mal à réussir son match.

 

Mais il ne réapparaîtra pas en sélection nationale lors de la dernière rencontre des éliminatoires à la Can 2012 contre l’Ile Maurice (0-2), en octobre dernier, et lors du match amical de novembre contre la Guinée Conakry (1-4) malgré les convocations du sélectionneur national. Au point de douter de sa présence parmi les 23 de la CAN 2012.

 

En coulisses, il est dit que le joueur est confronté à des problèmes familiaux avant qu’Amara Traoré ne vole à son secours au moment où certains militaient pour sa mise à l’écart. "C’est un modèle de coéquipier. Jamais en retard à l’entraînement, dans les repas, les causeries. Je ne pense pas qu’on l’ait sifflé à cause de ses qualités de footballeur", tempérait alors Amara, pour défendre son poulain.

 

Modèle de coéquipier, Pape Diakhaté n’avait jusqu’ici jamais fait de vagues, préférant se concentrer sur ses prestations en sélection nationale. Il incarnait le futur de la sélection nationale, placé entre la génération El Hadji Diouf et celle des Moussa Sow. La bande à Henri Camara poussée à la retraite, Pape Diakhaté était l’homme clef pour la reconstruction voulue par Amara Traoré.

 

"C’est Diakhaté qui a noué les liens de la reconstruction parce que pour le premier match en sélection de Papiss Demba Cissé et Moussa Sow, le 12 août 2009 en France, il a fallu son intervention pour convaincre la majorité des internationaux de jouer pour une promesse de prime dérisoire de 250.000 francs Cfa." Mais, récemment, comme pour clore le débat sur la génération El Hadji Diouf, il avait parlé de "génération boîte de nuit". Furie de Diouf le bad boy : "Il n’a qu’à la fermer et apprendre à refaire ses passes. "Mais, c’était oublié un peu vite les mérites du défenseur de Grenade.

 

 

Depuis ses débuts officiels en sélection lors des éliminatoires combinées Can-Mondial 2006, contre le Congo (0-0) à Brazzaville, Pape Malickou Diakhaté était parvenu à se sortir de la concurrence des Lamine Diatta, Mamadou Seck, Ibrahima Sonko et à précipiter la retraite de certains.

 

Titulaire sous le règne de Guy Stephan, il s’était affirmé depuis et reste une valeur sûre dans la tête d’Amara Traoré…qui n’a jamais pensé le renier malgré les huées de Léopold Senghor.

 

 

Rachat

 

A 27 ans, Pape Diakhaté vit sa deuxième Can (2006, 2012) et pourrait apporter sa fougue de compétiteur et sa jeune expérience aux nouveaux. L’ancien défenseur de Lyon sera au même titre que les Omar Daf, Souleymane Diawara et autres Mamadou Niang, un leader moral sur qui comptera le staff technique des Lions pour encadrer les ‘’bleus’’.

 

 

Leader sur le terrain également, dur au mal, le Ouakamois voudra certainement taire certaines critiques et prouver à son monde qu’il peut réussir une grande Can. Pour lui, il est question de rachat sur un passé récent et sur ses participations antérieures à la grande messe africaine. Mieux : Diakhaté a le profil d’un capitaine même s’il lui devra retrouver un statut de titulaire en défense centrale.

 

 

LA PREMIÈRE SÉLECTION

Pape Diakhaté a été appelé en sélection nationale, dirigée à l’époque par Guy Stephan, pour la première fois le 9 février 2005 lors d’un amical Sénégal-Cameroun (0-1) en France, sans entrer en jeu. Ce jour-là, alors qu’il n’est encore qu’un espoir confirmé de Nancy (France), le Ouakamois observe du banc de touche la prestation de la paire Lamine Diatta-Souleymane Diawara, ses concurrents directs.

 

Et assiste impuissant à l’unique but du match inscrit par Geremy Njitap (87e). Il lui faudra attendre le 5 juin 2005, lors de Congo-Sénégal (0-0) comptant pour les éliminatoires combinées Can-Mondial 2006, pour honorer sa première cape. Titularisé en défense centrale aux côtés de Mamadou Seck, il effectue une prestation probante et bouscule la concurrence à quelques jours de fêter ses 22 ans.

 

REPÈRES

Pape Malickou Diakhaté

né le 21 juin 1984 à Dakar

Taille : 1m81

Poids : 75 kg

Poste : Défenseur

Clubs successifs : Nancy (2001-2007) ; Dynamo Kiev (2007-décembre 2010) ; Saint-Etienne (janvier 2010-juin 2010) ; Lyon (septembre 2010-juin 2011) ; Grenade (août 2011-…)

 

Ndiassé SAMBE

 

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