Publié le 25 Jul 2017 - 18:21
3 ENFANTS MAXIMUM PAR FEMME, D’ICI 2030, POUR LA CEDEAO

Le Sénégal ‘’n’est pas prêt’’ à accueillir la proposition

 

Le Sénégal n’est pas encore prêt à accueillir la proposition des parlementaires de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) sur la limitation à trois au maximum, le nombre d’enfants par femme dans la sous-région, d’ici 2030. C’est ce qu’a soutenu, hier, le Directeur des droits de la protection de l’Enfance et des Groupes vulnérables au ministère de la Famille, Niokhobaye Diouf, lors d’un atelier.

 

Les parlementaires de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), de la Mauritanie et du Tchad ont appelé, ce week-end à Ouagadougou, les parlements des pays de l’union à ‘’inciter leur gouvernement à mettre en place des politiques tendant à faire en sorte que chaque femme (…) ait au plus, trois enfants pour maîtriser le boom démographique, d’ici 2030’’. En ce qui concerne, le Sénégal, le Directeur des Droits de protection de l’Enfance et des Groupes vulnérables au ministère de la Famille, Niokhobaye Diouf, indique que le pays n’est pas encore à ce stade. ‘’Il y a plusieurs sensibilités au niveau de nos différents pays. Je ne pense pas qu’à ce stade que nous soyons vraiment prêts à accueillir ce genre de proposition.

D’autant plus qu’il faudra une étude avérée pour constater que l’Afrique déborde de populations’’, a-t-il déclaré hier, en marge d’un atelier sous-régional sur la protection des enfants. Selon M. Diouf, il y a des Etats asiatiques qui, aujourd’hui, sont ‘’surpeuplés’’. ‘’Si on devrait limiter d’un peu le taux de fécondité, c’est peut-être dans ces pays-là. Pour le Sénégal, je ne pense pas qu’on soit encore arrivé à ce stade où on devrait limiter les naissances à trois. Parce que nous sommes dans une famille traditionnelle. Nous souffrons aujourd’hui de nos ressources humaines et on a besoin de nos enfants pour assurer notre avenir’’, a renchéri le chargé des Droits de la protection de l’Enfance.

Le dividende démographique, poursuit M. Diouf, constitue aujourd’hui ‘’un atout’’ pour le Sénégal. ‘’Donc, autant d’autres prônent la limitation des naissances, d’autres saisissent les opportunités à travers cette population jeune pour développer leur pays. Le Plan Sénégal Emergent qui s’appuie sur son 2ème axe, à travers le développement du capital humain, est une illustration que nous devons renforcer nos ressources humaines’’, dit-il. Dans tous les cas, le Directeur des Droits de la protection de l’Enfance estime que cette proposition doit, d’abord, ‘’requérir’’ l’adhésion des populations de toute sorte et de tout bord.

Une proposition qui ‘’ne sied pas’’

De l’avis du représentant d’Enda Jeunesse Action, Alassane Faye, ce sont des thèses malthusiennes. En plus, c’est une proposition qui ‘’ne sied pas’’. ‘’En fait, le problème du développement en Afrique, ce n’est pas une question démographique. Si nous calculons la densité d’un pays comme la Hollande, elle est surpeuplée par rapport à la Côte d’Ivoire’’, argumente-t-il. Selon lui, cette déclaration des parlementaires de la Cedeao a été faite, ‘’parce qu’un président français, Macron, l’a dit ; que l’indice de fécondité en Afrique est élevé’. Ce qui est la cause du sous-développement.

‘’Ce qui est une thèse véritablement erronée et dépassée. J’ai été meurtri d’apprendre que nos dirigeants africains ont la même trompette, jouent la même musique. Parce que, comme le disait Mao, un homme c’est une bouche  et deux bras pour travailler’’, déplore M. Faye. Qui souligne que les Etats africains ‘’ne parlaient pas’’ de limiter les naissances, mais de les planifier. ‘’Et cette dernière même ne passe pas trop dans nos sociétés. Parce qu’elles sont basées sur des valeurs religieuses, culturelles… Ce n’est pas des déclarations qui vont faire que les musulmans ou chrétiens, qui doivent peupler l’humanité, limitent leurs naissances’’, dit-il.

Il faut noter que l’objectif de la rencontre de Dakar était de réfléchir sur la planification stratégique, pour la période 2017-2020, sur la protection de l’enfant. Il est aussi question de l’élaboration de manuels de gestion de centres d’accueil pour les enfants.  Elle a réuni les responsables du Réseau Afrique de l’Ouest (RAO), des ministères en charge de l’Enfance de la sous-région, des acteurs de la société civile, etc. 

MARIAMA DIEME

 

 

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