Publié le 5 Apr 2019 - 15:56
AN 59 DE L’INDEPENDANCE & SECURITE NATIONALE

La part belle de Macky Sall aux Fds  

 

Dans le sillage de ses engagements de l’année dernière, la célébration de l’accession du Sénégal à la souveraineté internationale hier a été l’occasion pour Macky Sall de promettre le rehaussement des moyens logistiques des forces de défense et de sécurité (Fds).

 

Le contexte actuel dans la sous-région a expliqué le discours ‘‘sécuritaire’’ du président fraichement réinstallé. ‘‘Quand on voit ce qui se passe en Afrique subsaharienne, il ne faut pas s'exposer à la vulnérabilité’’, a déclaré Macky Sall hier en livrant son habituelle allocation qui clôt le défilé de la fête de l’indépendance sénégalaise. 59 ans que le pays accédait à la souveraineté internationale. Face aux menaces exogènes voisines, le chef de l’Etat a réitéré sa ‘‘ferme volonté de poursuivre l’équipement et le relèvement du moral par la revalorisation de la condition militaire’’. Le Mali qui subit les contrecoups d'une attaque djihadiste et sécessionniste s’est récemment confronté à un glissement communautariste du conflit causant le massacre ethnique de plus de 130 peuls. Quant au Burkina Faso, il fait face pratiquement aux mêmes difficultés. Une de ses régions frontalières avec le Mali (Arbinda) enterre également les 62 morts de violences intercommunautaires survenues dimanche et mardi derniers.

Toutes choses qui rendent Macky Sall satisfait de la tenue militaire. ‘‘Je suis rassuré par la cohérence de notre concept de défense qui repose sur la globalité. Il n’est pas que militaire ; il implique la coopération entre les unités et les différentes composantes de nos forces de défense et de sécurité (...) Au total, je suis totalement satisfait de l’organisation et du déroulement du défilé qui révèle, encore une fois, la cohésion du peuple et de la performance de notre outil de défense nationale’’, s’est enthousiasmé le président Sall.  Un discours qui est la suite logique du thème de cette année : ‘‘Les Forces de défense et de sécurité, un exemple dans l'éducation à la citoyenneté et à l'unité nationale’’.

Ce discours s’inscrit également dans la continuité de celui que le président a tenu l’an dernier où il avait donné les gages fermes aux forces de défense et de sécurité que les moyens vont se renforcer. ‘‘Je voudrais réaffirmer ici ma volonté de doter les forces armées sénégalaises, les forces de défense et de sécurité, de tous les moyens nécessaires aux missions qui leur sont assignées. S’il plait à Dieu l’année prochaine, nous verrons une montée en puissance de toutes les armées, terre, air, mer, de la gendarmerie nationale, des forces de police, et tous les corps paramilitaires’’, s’était-il engagé alors.

Gar-Si Sahel

Meilleure illustration de cette volonté sur la question sécuritaire aux limites géographiques du pays, la participation au Groupe d’Action Rapide, Surveillance et Intervention (Gar-Si Sahel) mis en œuvre au Sénégal (Kidira) et dans les pays du G5 Sahel (Mali, Mauritanie, Burkina Faso, Niger et Tchad). Il a pour mission de créer dans les pays bénéficiaires une nouvelle unité dédiée au contrôle des territoires et à l’intervention, afin de mieux lutter contre la criminalité organisée et le terrorisme. Le montant du financement est d'environ 28 milliards Fcfa, avec la participation du fonds fiduciaire européens. Une unité qui vient s’ajouter à la Légion d’appui à la surveillance des frontières (Lasf). Elle est une entité créée pour apporter une réponse adéquate aux questions sécuritaires qui interpellent le pays dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et la criminalité transfrontalière. La Lasf est dotée de moyens modernes pour lutter contre le trafic de drogue, de médicaments, d’explosifs, de produits chimiques. Elle assure les missions terrestres avec trois brigades de scanner mobile, des missions aériennes avec la section basée à Thiès, ainsi que des missions en mer territoriale ou sur les cours d’eau avec le Groupement fluviomaritime.

 En écho à son ‘‘xël warnaa meun dàll’’, de l’année dernière, (Ndlr : ‘‘Il y a de quoi être rassuré), Macky Sall estime que les efforts en matière de politique sécuritaire sont en train de porter leurs fruits et que les autres corps paramilitaires sont également concernés. ‘‘Depuis six ans, nous avons entamé un programme de renforcement des équipements qu’on vient de voir. On ne peut pas présenter tout le matériel dans un défilé. Je réaffirme ma détermination à renforcer la sécurité. L’on doit former les militaires, les gendarmes ainsi que les forces paramilitaires, notamment administration pénitentiaire ainsi le service nationale d’hygiène que j’envisage de renforcer, en vue des nouvelles mesures annoncées dans le cadre de l’amélioration du cadre de vie’’.

Lors de la cérémonie annuelle de vœux à la gendarmerie nationale, le patron de la maréchaussée, Cheikh Sène, avait tenu un discours sensiblement similaire en renouvelant sa ferme détermination et son engagement auprès du président de la République, Chef Suprême des Armées, à assumer sa mission de lutte contre l’insécurité sur tous les plans. Selon lui, l’année 2019 sera une nouvelle année de défis, ‘‘parce que le contexte sécuritaire est incertain’’. Un an plus tôt, en 2018, le haut commandant de l’institution, le général Meïssa Niang, avait fait état d’un dispositif ‘‘d’anticipation opérationnelle et d’acquisition du renseignement à tous les niveaux, de la légion aux échelons d’exécution’’. 80 véhicules de tous types ont alors déjà été réceptionnés sur une commande de 407. Mais aussi que 125 motos dont 60 d’escorte, 45 de patrouille et 20 quads sont attendues, dans les plus brefs délais. Des dotations qui entraient dans le cadre d’un plan stratégique visant un maillage territorial par des unités de gendarmerie territoriale, mais également par des unités spécialisées dans le renseignement et l’intervention antiterroriste.

‘‘Voilà qui rassure sur la capacité de nos forces de défense et de sécurité à faire face à toutes les menaces, mais aussi à participer aux actions de développement et d’éducation’’, a lancé la président Macky Sall.

Défilé en toutes couleurs

En tout, 1815 personnels civils, 4035 militaires et paramilitaires, 124 motos, 7 aéronefs et 66 chevaux ont fait le bonheur de l’assistance qui a littéralement été subjuguée par le défilé d’hier. C’est le même rituel immuable, depuis que la place de la Nation accueille la fête de l'indépendance. Et pourtant c'est le même sentiment de fierté nationale renouvelée, la même exaltation, lorsque défilent les troupes militaires, le même tressaillement et sursaut quand les 21 coups de canon retentissent et annoncent l'arrivée imminente du président de la République, les sirènes qui hurlent, la fanfare qui tonne, La quadrille des baïonnettes de la gendarmerie nationale. L’hymne national qui retentit à l'arrivée du chef de l’Etat. Les nombreux drapeaux et drapelets violement fouettés, et enroulés sur leurs mâts, par le vent fort qui a soufflé hier sur ce grand boulevard dakarois.

Le 59e anniversaire de l'indépendance a vécu hier avec un défilé motorisé, défilé aérien, défilé des écoles, défilé à pied militaire et défilé monté... et a glorifié encore une fois ce sentiment d’appartenance nationale. Les présidents libérien, gambien, et malgache George Weah, Adama Barrow, Andriy Rajoelina, dont les pays sont invités de ce défilé, ont été accueillis par le Premier ministre et installés avant l'arrivée de Macky Sall à 10H piles. Comme à l’accoutumée, les majorettes de l’institut Notre Dame en tenue vert et jaune moutarde ont forcé des tonnerres d'applaudissement, avec une prestation bien synchronisée ainsi que leurs consœurs du Lycée John Kennedy.

Seules innovations remarquables, la musique principale des forces armées a présenté une démonstration spéciale dénommée ‘’le Sénégal uni en marche’’. Mais c’est surtout le défilé de l’Association sénégalaise pour la protection des enfants déficients mentaux (Asedeme), avec les pensionnaires de son école Aminata Mbaye qui ont également suscité la sympathie de l’assistance. 

OUSMANE LAYE DIOP

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