Publié le 2 Sep 2015 - 17:29
70e ANNIVERSAIRE DE LA FIN DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE

Les historiens revendiquent la part de l’Afrique dans la victoire

 

Les Africains et Asiatiques ont joué un grand rôle dans la défaite des fascistes et nazis, lors de la seconde guerre mondiale. Mais cet effort est nié aujourd’hui volontairement par les anciens alliés. Ainsi le Codesria, en partenariat avec l’Ucad et l’ambassade de Chine, compte rétablir la vérité.                        

 

« Le rôle  des peuples d’Afrique et d’Asie dans la libération du monde du Nazisme et du Fascisme ». C’est le thème du symposium organisé hier à Dakar par le Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique (Codesria), en partenariat avec l’université Cheikh Anta Diop de Dakar et l’ambassade de Chine au Sénégal. Cette rencontre, qui s’inscrit dans le cadre de la célébration du 70e anniversaire de la fin de la deuxième Guerre Mondiale (2GM), a vu la participation de grands historiens. En présence de l’Ambassadeur de la République populaire de Chine, Xia Huang, les exposants sont revenus de manière unanime sur le rôle déterminant que les Africains et les Asiatiques ont joué dans la lutte contre le Nazisme et le Fascisme. Selon eux, si la 2e GM mérite son appellation, c’est bien parce qu’elle fut une guerre ayant impliqué plusieurs continents.

Dans son intervention, le directeur exécutif du Codesria, Ibrahima Sall, a expliqué que parmi les combattants, il y avait de nombreux Africains et Asiatiques, pour la plupart enrôlés de force dans les armées françaises et anglaises. « La 2e GM est finie depuis 70 ans, mais ses effets néfastes continuent toujours. On ne doit pas parler de cette guerre pour nous souvenir seulement, mais elle doit nous édifier sur notre sort aujourd’hui, car les conflits existent partout et l’impérialisme continue sous d’autres formes», a-t-il exhorté.

Rétablir la vérité historique autour de cette guerre qui a marqué à jamais l’histoire de l’humanité, c’est l’objectif des historiens africains. Ils accusent l’Occident de nier ou d’ignorer volontairement la participation héroïque du continent noir dans l’instauration d’un monde libre. Le Recteur de l’Ucad, le Professeur Ibrahima Thioub, a expliqué que s’ils ont pris l’initiative de prendre part à ce symposium, c’est parce qu’à partir d’une guerre qui fut mondiale par ses protagonistes, ses champs de bataille et ses conséquences, il a été produit une mémoire sélective.

« Cette mémoire a fait la part belle à l’Europe et l’Amérique du Nord, dans le rôle et la place des Etats et des peuples dans l’éradication du Nazisme et du Fascisme», a-t-il rappelé. L’historien d’ajouter : « Il ne s’agit pas de déclencher une guerre mondiale des mémoires, mais juste de revendiquer la part de mémoire de l’Afrique. » Il a expliqué enfin que notre continent a été un théâtre d’opérations (Egypte, Tunisie, Madagascar, Dakar…). Nos  ressources aussi ont été pillées. « L’uranium qui a permis la fabrication de la bombe atomique venait du Congo Belge actuel République Démocratique du Congo », a-t-il conclu.

La vérité sur les vrais acteurs

Les exposants ont tous fustigé le manque de reconnaissance des pays victorieux de la guerre à l’égard de l’Afrique. Selon le Professeur Iba Der Thiam, jusqu’à présent aucun effort significatif n’a été entrepris pour que soit mentionner dans les livres d’histoire et curriculums  de formation citoyenne la part considérable que les armées africaines ont prise dans la défaite du fascisme italien, du nazisme allemand et du militarisme japonais. « Aujourd’hui, lorsqu’on interroge les ressortissants des pays alliés sur les vrais acteurs des sacrifices qui ont permis l’avènement d’un monde dit libre, ils citent les pays européens, l’Australie, le Canada, les Etats-Unis, sans jamais faire référence aux pays africains. Alors qu’ils comptent des bâtisseurs de ce qu’on appelle le monde libre », a expliqué le coordonnateur général du projet d’écriture de l’histoire générale du Sénégal.

Venue représenter le chef de l’Etat, Penda Mbow quant à elle a soutenu que la Chine n’a pas été un pays belliqueux, car elle n’a jamais attaqué un Etat. « Toutes les guerres auxquelles elle a eu à prendre part, c’était pour se défendre », a-t-elle affirmé. Prenant la parole, l’ambassadeur de la République Populaire de Chine n’a pas manqué de rappeler les liens historiques entre son pays et l’Afrique. « C’est grâce à l’appui énergique du continent africain que la Chine a été rétablie dans son siège légitime à l’ONU. La Chine pour sa part défend depuis toujours dans les instances onusiennes la juste cause de l’Afrique  et la paix dans ce continent», a-t-il rappelé. Les organisateurs espèrent que de telles rencontres permettront aux peuples d’Afrique et d’Asie de mieux comprendre le rôle joué par les deux continents dans la seconde guerre mondiale.        

ABDOURAHIM BARRY (STAGIAIRE)

 

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