Publié le 21 Sep 2018 - 17:09
97 % DES ENTREPRISES SENEGALAISES EVOLUENT DANS L’INFORMEL

Les experts-comptables, cheville ouvrière de la transition vers le formel

 

Le Premier ministre Mahammed Boun Abdallah Dionne demande aux experts-comptables de la sous-région de promouvoir la transition entre le secteur informel et celui formel. Il présidait, hier, leur 2e Congrès régional tenu à Dakar.

 

Le recensement général des entreprises, réalisé en 2016 par l’Ansd, renseigne que 97 % des 450 000 entreprises recensées opèrent dans l’informel, au Sénégal. Etant entendu que les pays africains ont besoin aujourd’hui d’entreprises ‘’compétitives’’, ‘’performantes’’, ‘’innovatrices’’, ‘’génératrices de richesses’’, le Premier ministre Mahammed Boun Abdallah Dionne invite les experts-comptables à les accompagner. Puisqu’ils sont compétents dans ‘’la recherche de financement, la restructuration, l’évaluation et la transmission’’. ‘’L’expert-comptable, poursuit le Pm, peut donc être considéré comme créateur de valeurs’’.

Lors de la cérémonie d’ouverture du 2e Congrès régional des experts-comptables de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) ouvert hier à Dakar, Mahammed Boun Abdallah Dionne a aussi lancé cet appel aux experts : ‘’Nous disposons, à travers l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires (Ohada), un puissant instrument pour faciliter la transition entre le secteur informel et celui formel. Vous pourriez davantage le promouvoir et le vulgariser pour créer, ainsi, davantage de valeurs.’’

Faire face à la ‘’complexification croissante’’ de l’environnement économique

D’ailleurs, le chef du gouvernement a rappelé que la mondialisation et la globalisation exigent l’adoption des offres internationales. Dès lors, M. Dionne encourage les experts-comptables à poursuivre les réformes déjà enregistrées en la matière, avec l’intégration d’un système de comptabilité ouest-africain. ‘’Il faut aussi noter qu’en plus de l’accompagnement stratégique et organisationnel de l’entreprise, l’expert-comptable verra aussi son métier s’appuyer davantage sur l’informatique et les technologies de l’information et de la communication. Nous sommes dans un environnement qui réclame aux entreprises plus de réactivité, avec des évolutions rapides et aussi des difficultés à prévoir de plus en plus sur le long terme’’, fait remarquer le Pm. Mahammed Boun Abdallah Dionne est d’avis que l’expert-comptable doit faire face, de plus en plus, à une ‘’complexification croissante’’ de l’environnement économique et financier.

La présidente de l’Ordre national des experts-comptables et des comptables agréés du Sénégal (Onecca), Marie Ba, a annoncé l’entrée en vigueur du visa de l’expert-comptable sur les états financiers, peu après la Côte d’Ivoire. Au-delà des considérations fiscales et de fiabilisation des informations financières et comptables produites par les entreprises de l’espace Uemoa, elle considère que cette étape constitue un point ‘’d’entrée fort’’ des experts-comptables dans les entreprises de petite taille, des Pme, des Pmi et des Tpe, majoritairement dans l’informel. ‘’Il s’agira, ensuite, pour nous, de les formaliser, d’en faire des entreprises compétitives à travers une offre de service d’accompagnement vers les standards de gestion et de gouvernance. La tâche sera ardue, mais nous y sommes préparés’’, a-t-elle soutenu.

Réussir la transformation digitale des entreprises et Etats

D’ailleurs, Mme Ba a signalé qu’à côté de ces réformes, la digitalisation sans cesse des économies de l’union et la numérisation en masse des administrations fiscales ont fait naître de nouveaux besoins d’accompagnement des entreprises et des Etats. ‘’Les premières, pour réussir leur transformation digitale, se doivent d’être plus compétitives, en saisissant les opportunités nouvelles, interagir avec leur environnement et gagner de la valeur. Les seconds, pour collecter la bonne et juste recette fiscale et améliorer la gouvernance des ressources ainsi collectées. Dans les deux cas, l’assistance et le conseil de l’expert-comptable apporteront une valeur ajoutée, quoique difficilement mesurable’’, a-t-elle précisé.

Cependant, la présidente de l’Onecca admet que pour relever les défis liés à la transition écologique, au développement durable auxquels fait face le continent dans sa quête d’émergence économique, l’intervention des professionnels comptables est nécessaire. ‘’Les experts-comptables ne pourront assumer pleinement le succès de leur mission, s’ils ne sont capables de s’approprier le levier de la double transition numérique et écologique et de précéder les clients dans ces anticipations. Cette étape les contraint à anticiper le déclin de certaines missions traditionnelles’’, a-t-elle dit. En réalité, on parle de 80 % de leurs activités appelées à disparaître.

Sur ce, la président de l’Onecca reconnait qu’ils sont ‘’contraints’’ de ‘’maximiser’’ leur soutien auprès des clients.

MARIAMA DIEME

 

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