Publié le 21 Nov 2016 - 19:19
AÏNOU RAHMATI

Eau bénite aux vertus thérapeutiques et spirituelles 

 

Ain Er Rahmati (source de la Miséricorde), puits creusé par Serigne Ibra Sarr Ndiagne, sur recommandation de Cheikh Ahmadou Bamba, accueille journellement des centaines de visiteurs. Mais l’affluence explose pendant la période du Magal. Son eau est très prisée. Reportage.

 

A l’instar des autres lieux saints de la ville de Touba (la grande mosquée, les mausolées, la maison du Coran, le cimetière etc.), le puits Ain Er Rahmati (source de la Miséricorde), situé au nord de la grande mosquée, est pris d’assaut par les fidèles mourides en cette matinée du Magal. Ces pèlerins profitent de la célébration du départ en exil de Cheikh Ahmadou Bamba pour goûter l’eau bénite de ce puits. Comme le veut la tradition musulmane, les hommes et les femmes sont séparés en deux rangs. Malgré les rayons du soleil au zénith, ils attendent impatiemment leur tour. L’eau est servie aux fidèles sur des tasses en plastique. Cette tâche est assurée par une dizaine de fidèles qui veillent aussi sur l’ordre, la sécurité et l’hygiène des lieux. Son tour arrivé, Mame Bousso Diop, habitante de Diakhaye,  formule une prière avant de boire l’eau qui lui est servie. Au même moment, d’autres versent le liquide sur leurs têtes ou s’en enduisent le corps. 

Après avoir bu l’eau bénite, Marième Cissé, tenant sa petite fille à la main, repart avec une bouteille d’un litre remplie. « Cette bouteille, je la conserve jusqu’au Magal de l’année prochaine. Elle soigne toutes les maladies, par la grâce de Dieu. » C’est cette vertu thérapeutique de l’eau qui pousse des milliers de fidèles à se rendre à ce puits, chaque jour.  La forte demande a entraîné son érection en forage, dans les années 1980, par le troisième khalife général des mourides, Serigne Abdoul Ahad Mbacké (1968-1998). Selon le responsable de la distribution, Darou Sarr,  cette eau a d’autres bienfaits. « Elle purifie l’âme et absout les péchés », renseigne-t-il.

Le puits Ain Er Rahma a été creusé et construit par Serigne Ibra Sarr  Ndiagne, sur instruction de son marabout Cheikh Ahmadou Bamba, en 1888. A l’époque, selon Darou Sarr, Serigne Touba a demandé l’érection du puits, après avoir reçu d’un ami qui revenait du grand pèlerinage à la Mecque, le Zam Zam (eau bénite venant de cette ville sainte de l’Islam). « Il a d’abord versé une petite quantité de cette eau sur cette terre, avant d’ordonner à Serigne Ibra Sarr Ndiagne de creuser pour atteindre l’eau, car Dieu lui avait promis quelque chose à cet endroit », raconte-t-il. Après le jaillissement de cet eau, Cheikh Ahmadou Bamba a écrit deux poèmes qu’il a dédiés à Ain Er Rahmati : Alhamdou liLahi Wahdahou (Louange à Dieu l’unique et Wa fadiana larda Houyounan (Dieu m’a donné des sources qui jaillissent sur terre). Dans ces deux livres,  le fondateur du Mouridisme explique les bienfaits de l’eau d’Ain Er Rahmati.

Après l’achèvement des travaux de construction, Serigne Ibra Sarr Ndiagne en a assuré la garde jusqu’à sa mort. Depuis lors, sa famille et ses talibés perpétuent cette tradition. Aujourd’hui, une dizaine de fidèles, membres de cette famille, sous la houlette de Darou Sarr, assurent bénévolement l’entretien, la sécurité et la distribution de cette eau bénite aux visiteurs.  

OUMAR BAYO BA  (TOUBA)

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