Publié le 18 Oct 2017 - 15:27
ABABACAR DIOP CHEF DU SERVICE DES URGENCES

 ‘’L’enfant est décédé à cause d’un choc septique’’

 

La petite Aïcha est partie, en laissant derrière elle une polémique. Alors que ses parents accusent l’hôpital de Pikine de négligence, celui-ci s’est défendu, à travers une conférence de presse organisée hier. Le chef de service des urgences dit avoir fait de son mieux pour sauver la petite, tout en niant avoir demandé de l’argent au préalable.

 

La mort de la jeune fille Aïcha Diallo a touché plus d’un. Même si la perte de cette enfant âgée de 12 ans fait mal à ses parents, ce qui les a le plus touchés, ce sont les conditions dans lesquelles elle est morte. Selon le journal Vox Populi qui a rapporté les faits, la gamine n’a pas été prise en charge à temps, parce que sa maman n’avait pas les moyens de payer l’opération. Une thèse que la direction de l’hôpital a battue en brèche hier, au cours d’une conférence de presse.

Selon le chef du service des urgences dudit hôpital, Ababacar Diop, la petite est arrivée le vendredi soir.  Elle a été reçue. Après consultation, on lui a fait certains examens. A 20 heures, le médecin de garde a appelé le chef de service pour l’informer de la présence de la patiente. ‘’Sa maman nous a informés qu’un bout de bois était enfoncé dans son anus. Quand je l’ai consultée, je n’ai vu nulle part de saignement. Mais elle souffrait de maux de ventre. J’ai demandé à ce qu’on lui fasse un examen de gynécologie. Parce que je pensais qu’elle était victime de viol. Mais l’examen était normal’’, a expliqué Dr. Diop. Par la suite, raconte-t-il, on lui a fait une échographie. Il n’y a eu aucun problème qui méritait une opération. Elle a été mise sous surveillance.

Le samedi matin, poursuit Dr Diop, la fille allait un peu mieux, elle voulait même rentrer. Mais il l’a persuadée de rester sous surveillance. ‘’Le soir, le médecin affirme avoir demandé lui-même à ce qu’on amène la malade en exploration, parce qu’elle souffrait de maux de ventre, alors qu’il n’y a pas de saignement. ‘’Quand on a fait les analyses de sang pour l’opération, on a vu qu’il y avait un problème. Quand on l’a opérée, on a trouvé que le gros intestin et l’iléon étaient perforés et c’était parti jusqu’au niveau postérieur. C’est de petits trous, mais il n’y avait pas de saignement. Nous avons tout réparé, on l’a mis sous antibiotiques et on l’a hospitalisée en chirurgie’’, a-t-il soutenu.  

Seulement, admet-il, l’enfant a fait un choc septique, parce qu’il y avait une infection. Elle a été alors immédiatement évacuée à la salle de réanimation, assure-t-il. ‘’On était à la réanimation dimanche matin et ce n’est que le soir qu’elle est décédée. Nous avons fait tout ce qui était de notre possibilité pour sa prise en charge. (…) C’est le choc septique qui l’a tuée. Je regrette, parce que cette enfant est comme la mienne. Mes malades me sont proches. Si cela ne dépendait que de moi, cette enfant n’allait pas mourir’’, a juré le chef de service.  Selon lui, l’opération a eu lieu le samedi vers 21h-22h et s’est terminée aux environs de 2 heures du matin.

‘’On n’a jamais demandé à un patient de payer avant d’être pris en charge’’

S’agissant de la négligence de l’hôpital pour des questions pécuniaires, la blouse blanche nie en bloc et défie quiconque d’apporter des preuves. Selon lui, à Pikine, il y a des armoires où sont disposés tous les médicaments d’urgence qu’il faut. ‘’Quand on fait des analyses et qu’on donne des médicaments, aux urgences, vous ne payez pas. Mais quand le problème est réglé, il faut rembourser les médicaments. Parce que si vous ne les remboursez pas, un autre patient arrive, on ne pourra pas le prendre en charge. Maintenant si vous ne pouvez pas payer les médicaments, on vous met en rapport avec la direction. C’est celle-ci qui décide avec le service social s’il faut rembourser ou non. Ce n’est pas de mon ressort’’, s’est-il défendu.

A l’en croire, ils ne demandent jamais de l’argent à un patient, avant de le prendre en charge. ‘’Je défie quiconque. Regardez ce qui se passe à l’hôpital, posez des questions aux malades qui sont aux urgences s’ils ont déboursé quelque chose avant leur prise en charge. Ce que la dame a dit n’est qu’un tissu de mensonges. Nous sommes un petit hôpital, on essaie de se démerder pour satisfaire les patients. Nous faisons beaucoup d’efforts. Quand on parle de non-assistance à personne en danger, c’est moi qu’on accuse, pas le directeur. Il y a des choses qui n’engagent que le chef de service’’, a-t-il fustigé.

Cette blouse blanche a soutenu qu’il fait tout pour remplir toutes les conditions afin de bien prendre en charge les patients. ‘’Nous lui avons fait une échographie presque gratuitement, nous lui avons fait un examen gynéco, nous avons fait le bilan opératoire, nous lui avons donné des médicaments et elle n’a rien déboursé. On a opéré l’enfant, elle n’a rien payé. Même à la réanimation, elle n’a pas payé. Elle n’a payé qu’après coup. Les documents qui l’attestent sont là. Sa fille est décédée le dimanche, alors qu’elle a payé le lundi’’, s’est offusqué Dr. Diop.

VIVIANE DIATTA

 

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