Publié le 28 Aug 2018 - 18:49
ABANDON DES PARRAINAGES, ACCES AU FICHIER ELECTORAL…

Le front de l’opposition en ordre de bataille

 

Le Front démocratique et social de résistance nationale a pris, hier, la ferme décision d’assiéger, le 4 septembre prochain, la devanture du ministère de l’Intérieur pour exiger l’abandon des parrainages, l’accès, pour l’opposition, au fichier électoral et la mise en place d’une autorité indépendante pour organiser les élections.

 

L’opposition n’en a pas encore fini avec le combat pour le retrait de la loi sur le parrainage et le départ d’Aly Ngouille Ndiaye du ministère en charge de l’organisation des élections. Désormais, elle compte intensifier ses actions sur le terrain politique, pour exiger du régime l’abandon des parrainages, l’accès pour l’opposition au fichier électoral et la mise en place d’une autorité indépendante pour organiser les élections. C’est d’ailleurs dans ce cadre que le Front démocratique et social de résistance nationale (Frn) a annoncé, hier, un sit-in prévu le mardi 4 septembre prochain devant les grilles même du ministère de l’Intérieur.

En conférence de presse au siège de la Convergence libérale démocratique/Bokk Gis-Gis, Oumar Sarr, Mamadou Diop Decroix, Aïda Mbodj et leurs alliés dudit front ont pris la ferme décision d’en découdre avec le régime du président Macky Sall qui, selon eux, pose d’ores et déjà les jalons d’un sabotage du scrutin présidentiel de 2019. ‘’Le sabotage des élections a déjà commencé avec ce qu’on a vu aujourd’hui (Ndlr : hier) à la Direction générale des élections où plus de 200 coordonnateurs sont venus récupérer les fiches de parrainage pour leurs candidats respectifs’’, a déclaré le secrétaire général national adjoint du Parti démocratique sénégalais (Pds).

Oumar Sarr, qui ne cache pas son amertume face à ce qu’il considère comme un ‘’coup d’Etat démocratique orchestré par le régime’’, accuse le ministère en charge de l’organisation des élections de violer la loi électorale en convoquant, hier lundi 27 août 2018, les coordonnateurs nationaux des candidats engagés dans la compétition électorale. Or, relève-t-il, l’arrêté les convoquant a été signé depuis le 21 août, veille de la Tabaski. ‘’Comment un communiqué peut faire référence à un arrêté qui n’est pas encore signé, ce dernier n’ayant été signé que le 23 ? Sur quelle loi le ministre s’appuie-t-il pour penser que les candidats à la candidature à l’élection présidentielle doivent avoir des ‘coordonnateurs nationaux’ ? Quelle est la tâche précise des coordonnateurs nationaux et des délégués régionaux ? Quel texte légal ou règlementaire autorise le ministre de l’Intérieur à convoquer les ‘coordonnateurs nationaux’ des candidats ? Quelle loi oblige les candidats à désigner dès maintenant les ‘coordonnateurs nationaux’ ? Pourquoi le ministère de l’Intérieur insiste-t-il tant sur les coordonnateurs nationaux des candidats ?’’, rouspète le responsable libéral.

Selon Oumar Sarr, ‘’le sabotage des élections a commencé avec cette convocation où l’objectif visé était, non seulement de donner un nombre fictif de candidats pour justifier le parrainage, mais aussi de ficher les vrais coordonnateurs nationaux pour essayer de les détourner plus tard’’. Allant plus loin, Aïda Mbodj, elle, pense que le parrainage est une arme que le président Macky Sall lui-même ne maitrise pas. Car, estime-t-elle, il n’y a aucun moyen de contrôler toutes les dispositions qui ont été prises à cet effet et qui sont exigées aux candidats’’. ‘’Macky Sall voulait filtrer les candidatures, il a fini par provoquer un désordre énorme avec autant de candidatures qui se déclarent d’ores et déjà, à six mois des prochaines élections. Ce qui nous reste à faire, c’est d’engager la bataille politique et d’en tirer toutes les conséquences’’, fulmine la présidente de l’Alliance nationale pour la démocratie/And Saxal Liguey.

‘’Coup d’Etat démocratique’’

Pour sa part, Thierno Alassane Sall soutient que le combat qui s’ouvre est d’abord une bataille d’opinion, dès lors qu’il s’agit d’expliquer aux Sénégalais que le parrainage est un ‘’coup d’Etat démocratique’’. ‘’La forfaiture et la tromperie ont été orchestrées dès le départ pour rendre impossible le travail de l’opposition. Tous ceux qui n’ont pas encore reçu leurs cartes nationales d’identité ne peuvent pas être parrains. Nous avons de ces cas où un électeur peut avoir deux numéros de la Cedeao différents. Ce qui veut dire qu’un électeur qui se trouve dans cette situation peut parrainer deux candidats différents’’, déclame le leader de La République des valeurs.

Revenant à la charge, le coordonnateur national du Pds souligne que le ministère de l'Intérieur a lancé les opérations de parrainage des candidats à l'élection présidentielle, alors que, dans le même temps, il oppose une fin de non recevoir aux nombreuses requêtes de l'opposition pour disposer d'une copie du fichier électoral. Pourtant, soutient-il, ‘’il est de notoriété publique que l'Apr a mis, depuis plusieurs mois, le nouveau fichier électoral à la disposition de ses responsables qui l'ont exploité dans le cadre de la campagne de collecte des parrainages qu'ils ont commencée depuis longtemps en toute illégalité’’. A l’en croire, ‘’le parti pris et les graves manœuvres frauduleuses démontrent que le ministre de l'Intérieur est définitivement disqualifié pour organiser les prochaines élections’’.

‘’Plus que jamais, nous, partis, membres du Frn, constatons, face à la catastrophe imminente que constitue l’élection présidentielle du 24 février, après des mois de manifestations de masse, après de multiples rencontres avec les autorités religieuses et diplomatiques, que le régime de Macky Sall reste sourd à nos revendications, et même à un dialogue sincère pour aller vers des élections sincères’’. Forts de ce constat amer, les leaders du Frn ont décidé, outre le sit-in prévu le 4 septembre à la place Washington, d’attaquer l’arrêté du ministère de l’Intérieur en introduisant un recours auprès du Conseil constitutionnel pour exiger son annulation. Ils dénoncent ainsi ‘’l’illégalité de l’existence de 2 modèles de fiches de collecte de parrainages, l’illégalité de l’absence de la mention signature sur la fiche numérique’’.

‘’Sur l’arrêté du ministre, tout le monde est maintenant édifié sur ce qu’ils ont appelé ‘le discriminant’. Ils ont ajouté une chaine de 17 caractères numériques pour multiplier les erreurs de saisie et disqualifier les parrainages des candidats de l’opposition, sachant que l’Apr dispose du fichier électoral avec l’ensemble de ses rubriques’’, fustige Oumar Sarr.

ASSANE MBAYE

 

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