Publié le 1 Mar 2017 - 11:17
ABBE AUGUSTIN THIAW, CURE DE LA PAROSSE DE MONT ROLLAND

‘’Tout catholique a l’obligation de jeûner le mercredi des cendres’’

 

C’est aujourd’hui mercredi des cendres que débute le carême pour les catholiques du monde entier. A cette occasion, le Curé de la Paroisse de Mont Rolland, abbé Augustin Thiaw, s’est prononcé sur les 40 jours d’abstinence que doivent observer les fidèles. Dans cet entretien avec EnQuête, le chargé de communication du Diocèse de Thiès est également revenu sur les recommandations du chef de l’Eglise catholique, le Pape François.

 

Le carême débute aujourd’hui, mercredi des cendres. Quelle importance pour le catholique à donner au carême ?

Le carême, c’est un temps de grâces. Un temps que Dieu nous a tous offert, en tant que croyants, pour renouveler nos cœurs. Et c’est tout cela l’importance du carême pour le chrétien, c’est-à-dire observer les prescriptions de l’Eglise pendant 40 jours pour préparer un événement solennel : la fête de Pâques. Les quarante jours que nous allons célébrer pendant le temps de carême nous rappellent les 40 ans que le peuple d’Israël a vécu durant sa traversée dans le désert, en quittant l’Egypte pour aller en terre promise. C’était un moment de privations, mais surtout un moment de compagnonnage avec son prochain.

Cela nous rappelle également les 40 jours et 40 nuits de moments graves que le Seigneur Jésus Christ lui-même a vécu. Pour nous chrétiens qui avons la chance de vivre ce carême, nous aurons à méditer et à poser l’action sur 3 axes. Le premier axe est la prière, bien vrai qu’elle est inhérente à la vie de tout croyant. Donc, nous devons aller dans le sens de la prière pour être de cœur à cœur avec le Seigneur. Le deuxième axe, c’est l’aumône et le partage, parce que nous avons besoin également, avec le fruit de nos privations, de penser à toutes les personnes qui ne mangent pas à leur faim et qui ne peuvent pas s’habiller correctement à cause des vicissitudes de la vie. Et enfin les privations corporelles qu’on appelle le jeûne. Donc, le jeûne, c’est le troisième axe.

Pourquoi ce triptyque de la prière ?

Eh bien ! Parce que nos privations, c’est pour notre Salut. Donc, c’est un temps de renouvellement qui sera accompagné par les messages et bien entendu de celui du Pape (François : Ndlr).

Pouvez-vous nous faire la quintessence des recommandations du Pape François pour le carême de cette année ?

Le mandement du carême est un document qui est annuellement produit par les évêques de la Conférence épiscopale du Sénégal, de la Mauritanie, du Cap-Vert, de la Guinée-Bissau. Ces évêques donnent un thème quand ils se réunissent. Cette année, c’est relatif au mariage. Mais en même temps que les évêques, il y a également le thème du Pape qui est un thème universel. Le Pape nous interpelle sur le prochain. Donc, quelles que soient sa vie, ses qualités, sa faiblesse humaine, il doit être considéré comme un don. C’est pourquoi on dit que l’autre est un don. Et si l’autre est un don, la parole de Dieu est également un don. Ce sont ces deux dimensions que nous visitons. Et par rapport à cela, le Pape a choisi le texte de Lazare et du riche.

Lazare qui était là, très pauvre, en observant le riche ; mais le riche n’a pas compris que Lazare a été placé à ses côtés pour l’interpeller sur l’essentiel. Nous avons souvent besoin des autres pour nous interpeller sur ce qui est essentiel dans notre vie. La Parole de Dieu également vient à notre rencontre, quand nous sommes dans la joie, la peine et quand nous sommes un peu perdus. Et pour le Psaume 118 qui nous dit : la Parole du Seigneur est la lumière de mes pas, la lampe de ma route. Tous ceux qui vivent sur terre ont la Parole de Dieu qui doit guider leurs pas afin que le jour du jugement, ils puissent être reconnus comme bons serviteurs. Voilà la thématique et le message que le Pape lui-même a donnés.

Quelle est la différence entre le jeûne catholique et celui musulman ?

Comparaison pour comparaison, le mot carême signifie quarante, tandis que le jeûne musulman, c’est pour trente jours. Cela veut dire automatiquement que par rapport à la longueur, il y a déjà une différence fondamentale. Le jeûne musulman également, dans le fait même de jeûner les trente jours, existe ce qu’on appelle en wolof : le ‘’kheudeu et ndogou’’. Alors que dans la prescription de nos évêques, il n’y a pas de ‘’kheudeu’’ ni de ‘’ndogou’’. Il faut tout simplement choisir un repas par jour. Si par exemple demain mercredi des cendres nous avons choisi de jeûner et ce qui est obligatoire d’ailleurs, tu ne manges que le matin. Donc tu t’abstiens à midi, tu t’abstiens le soir et tu n’attendras que le jeudi matin, si tu décides d’arrêter ton jeûne.

C’est la prise d’un repas par jour. Et les jours qui sont obligatoires, c’est le premier jour du carême, qui est le mercredi des cendres et le dernier jour du carême, qui est le vendredi saint. Mais les évêques encouragent tous les chrétiens, inclus particulièrement les jeunes qui voudraient aussi observer le jeûne pendant les quarante jours. Toujours avec la précision que quand on jeûne, ça ne doit pas avoir un effet négatif sur notre vie professionnelle. Et c’est le message que nous allons accueillir demain à travers les évangiles. Si tu jeûnes, ne te fais pas une mine défaite. Parfume-toi la tête, vaque à tes occupations ordinaires et que personne ne sache que tu jeûnes. Il y a des fondamentaux qui sont là. Je ne dis pas que c’est le meilleur jeûne, mais quand même, c’est un moyen exceptionnel qui permet aux chrétiens de vivre étant chrétiens et attendre le moment que nous sommes en train de préparer, c’est-à-dire la fête de Pâques. Encore une fois, nos privations n’ajoutent rien à ce que Dieu est, mais au contraire, c’est pour nous aider à mieux nous approcher de Dieu. C’est important. 

PAR GAUSTIN DIATTA (THIES)

 

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