Publié le 6 Oct 2012 - 21:01
ABDOU DIOUF SUR LA DECISION DU GABON DE SE METTRE A L’ANGLAIS

"Pourquoi l’annoncer maintenant ?"

 

 

Le secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), Abdou Diouf, s’est étonné du moment choisi par le Gabon pour annoncer sa volonté d’introduire l’anglais dans son pays, même s’il concède que la maîtrise de l’anglais est indispensable pour bien évoluer dans ce 21ème siècle et tirer son épingle du jeu.

 

A une dizaine de jours du sommet de la Francophonie, le président du Gabon, Ali Bongo, un des plus proches alliés de la France en Afrique, a surpris lundi en se prononçant pour l'introduction de l'anglais dans son pays, et en vantant le modèle du bilinguisme au Rwanda.

 

"Le Gabon souhaite regarder de près l'expérience rwandaise dans l'introduction du bilinguisme", a affirmé le porte-parole de la présidence, Alain-Claude Bilie-By-Nze, lors d'une conférence de presse au retour du président Bongo de l'Assemblée générale des Nations Unies à New York.

 

Invité à commenter cette annonce lors d’un entretien diffusé vendredi par France 24, la chaîne française d’information en continue, le Secrétaire général de l’OIF a admis que l’homme du 21ème siècle doit maîtriser, outre sa langue maternelle, le français et l’anglais.

 

De fait, a fait valoir Abdou Diouf, la maîtrise de l’anglais donne de plus grands atouts. ‘’Je n’ai pas de problème avec ça. Mais, pourquoi l’annoncer maintenant ?’’, s’est interrogé M. Diouf, qui compte parler de ce sujet avec le président gabonais, à l’occasion notamment du prochain sommet de l’OIF.

 

‘’Ce qui me gêne, c’est l’annonce (qui intervient) juste avant le (prochain) Sommet de la Francophonie’’, a insisté Abdou Diouf, révélant que ses propres fils sont bilingues.

 

Le Secrétaire général de l’OIF a par ailleurs reconnu que de fait, les pays africains francophones se présentent à travers le monde comme les plus ardents défenseurs de la langue française. A contrario, même si la volonté politique des autorités françaises n’a jamais fait défaut, les élites de l’Hexagone semblent, pour leur part, avoir ‘’baissé les bras’’, a souligné M. Diouf.

 

Le Gabon est l'un des relais privilégiés de l'influence de Paris en Afrique. S’y ajoute que les liens politiques, économiques et culturels entre les deux pays sont très étroits.

 

Mais, à une semaine du sommet de Kinshasa, Ali Bongo se rendra ainsi à Kigali les 5 et 6 octobre, notamment pour voir s'il y a matière à s'inspirer du Rwanda dans le domaine linguistique.

 

"Le Rwanda avant était un pays francophone, faisant partie de la Francophonie (...), il fait partie aujourd'hui des deux communautés : Francophonie et Commonwealth. Le chef de l'Etat gabonais entend introduire l'anglais dans notre pays", a souligné son porte-parole.

 

"Pourquoi ne nous inspirerions-nous pas d'une telle expérience pour voir comment le Gabon, pays francophone, peut dans les prochaines années décider d'introduire l'anglais dans un premier temps comme langue de travail nécessaire (...) puis, plus tard, voir comment l'anglais peut devenir une seconde langue", a-t-il ajouté.

 

Après le génocide rwandais de 1994 et l'arrivée au pouvoir d'une diaspora tutsi ayant vécu pendant des années en Ouganda, voisin anglophone, Kigali a favorisé l'anglais dans les écoles et l'administration.

 

APS

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