Publié le 21 Jul 2017 - 16:38
ABDOU KARIM FALL, 52 ANS, INVESTI SUR LA LISTE JOYYANT SENEGAAL

 ‘’Nous ne sommes pas les moutons de panurge de Abdoul Mbaye…’’

 

Beaucoup estiment que la Coalition Joyyanti, c’est Abdoul Mbaye et les autres. Ces ‘’autres’’, qui ont cotisé au prorata de leur nombre d’investis sur la liste,  ne veulent pas être réduits à de simples accessoires. Abdou Karim Fall est l’un d’eux. Il dirige l’un des trois partis qui composent la coalition. Le troisième parti est dirigé par Serigne Moustapha Mbacké, grand frère de la tête de liste départementale de Benno Bokk Yaakaar, à Mbacké.

 

33 ans dans la politique, aujourd’hui il accompagne le banquier, ancien premier ministre Abdoul Mbaye. Lui c’est Abdou Karim Fall. Il est homme de gauche, ‘’fervent talibé mouride’’ comme il se définit. Son itinéraire force le respect. Depuis 1982, il se bat pour un mieux-être de ses concitoyens. D’abord au sein de la Ligue démocratique (Ld/Mpt) où il a gravi tous les échelons : Président du mouvement des étudiants, président du mouvement démocratique des jeunes, membre du Comité central, chargé de l’Education politique et de la formation, chargé de la Communication et porte-parole du parti….

Ainsi, du bas de l’échelle, Abdou Karim Fall, marié et père de trois enfants, est parvenu au sommet des instances dirigeantes du parti d’Abdoulaye Bathily. Quand il l’intégrait, il avait juste 17 ans. Sous la bannière de la LD, il a mené plusieurs guerres, gagné plusieurs batailles. Celle qui l’a le plus marqué : c’était dans les années 1999-2000, à la veille de la débâcle historique du Parti socialiste. Il se souvient : ‘’C’est sans doute mon plus grand bonheur durant ma carrière politique. D’autant plus que j’étais au cœur de la lutte en tant que coordonnateur des jeunes de l’opposition. Je me rappelle à l’époque, j’avais animé une conférence de presse qui avait paru à la Une de toute la presse. Un journaliste du nom d’Alassane Diallo avait même titré : ‘’Jeunesse de l’opposition, l’alternance ou la mort’’. Ce sont des moments inoubliables’’.

Mais comme dans toute histoire, il y a des hauts et des bas, après avoir jubilé avec la LD lors des alternances de 2000 et 2012, l’heure du divorce a sonné en 2O14. Même si les prémices se sont fait sentir depuis le départ d’Abdoulaye Bathily en 2013. ‘’Ce dernier, après avoir dirigé la LD pendant plusieurs années, a décidé de quitter la tête du parti. Il avait alors 66 ans. J’en avais 48. Il avait dit : ‘’Je ne peux pas faire mon temps et faire votre temps’’. Mais au lieu de laisser le parti à quelqu’un de plus jeune, il a proposé Mamadou Ndoye qui était de deux ans plus âgé  que lui. Nous avons considéré que c’était incohérent et nous en avions parlé dans les instances. Malheureusement, tout le monde ne le comprenait pas ainsi’’, explique le nouvel allié de Abdoul Mbaye.

‘’L’ancienne gauche a échoué’’

Malgré tout, Abdou Karim décide de ne pas lâcher ses compagnons de guerre. Mieux il tente de changer le système de l’intérieur. Mais, c’était sans compter avec l’hostilité des caciques. De guerre lasse, il se résolut à quitter la barque avec armes et bagages. D’où la naissance du Parti africain pour la renaissance et l’émergence qu’il a créé avec d’autres dissidents de la LD en 2015, suite à sa démission fracassante de ladite structure. Cependant cet ingénieur en Qualité, Sécurité et Environnement, reste fidèle à ses principes et convictions de gauche. Toutefois, estime-t-il, il faut changer d’orientation. En effet, explique-t-il, ‘’l’ancienne gauche a échoué. Il faut une nouvelle gauche si on veut prendre le pouvoir. Il faut changer de  stratégie. Par exemple : les anciens pensaient que c’est le sommet qui définit la voie, la masse doit juste suivre. Nous, nous considérons qu’il faut écouter la base...’’

L’enfant de Mbacké reste donc plus que jamais ancré dans la gauche. Malgré son compagnonnage avec celui qui est considéré comme le ‘’plus bourgeois’’ des hommes politiques sénégalais. C’est que le consultant international estime qu’il est dans une coalition. Non dans une aliénation. ‘’Nous ne sommes des moutons de panurge de  personne. Nous ne sommes des inconditionnels de personne. Ce qui nous intéresse, ce sont les intérêts des populations de Mbacké et du Sénégal. Nous ne voulons pas de l’argent d’Abdoul Mbaye. Il ne nous a donné aucun sou pour la préparation de cette campagne. Et nous n’en avons pas sollicité non plus. Nous travaillons avec nos propres moyens’’, soutient-il, avant d’ajouter : ‘’Donc il faut cesser de tout centrer sur Abdoul Mbaye. Joyyanti est formée de trois partis d’égale dignité. Nous avons choisi de faire de lui notre tête de liste nationale parce que du point de vue homme d’Etat, il est de loin devant nous. Mais côté politique, il est loin derrière nous. Donc on se respecte mais nous ne travaillons pas pour lui’’.

‘’Nous avons payé au prorata du nombre de personnes investies’’

Le président du Parti africain pour la renaissance et l’émergence/Suxali Sénégal compte ainsi évaluer ce compagnonnage après les Législatives du 30 Juillet 2017 pour juger de l’opportunité ou non de continuer l’aventure avec l’ancien premier ministre du Président  Macky Sall. Mais est-il satisfait de ce cheminement à mi-parcours vu les nombreux mécontentements qui ont marqué leur structure ?

Il répond : ‘’Les défections c’est dans son propre camp. Moi je suis un homme de gauche, les cotisations ne nous gênent pas. Quand il me l’a proposé, j’ai marqué mon accord. Et il n’y a eu aucun problème dans notre parti. Nous avons payé au prorata du nombre de personnes investies. C’est beaucoup plus qu’un million. Comme dans tout compagnonnage, il existe des hauts et des bas. Même dans un ménage, il ne peut pas en manquer. Tout ce que je peux dire c’est qu’après ces élections, le parti va apprécier. Nous allons aviser à ce moment’’.

Court de taille, le teint noir, Abdou Karim Fall voit grand comme un prince. Pourquoi ne pas être le premier fils du Baol président de la République du Sénégal ? Investi sur la liste départementale de Joyyanti, il compte défendre en priorité les préoccupations de sa ville d’origine. ‘’Mbacké est le troisième département du Sénégal du point de vue démographique. En termes d’investissements, il est le dernier des départements. Même à Gossas, il y a plus de chantiers. C’est injuste et il faut le dénoncer. Nous comptons aussi défendre les agriculteurs et les couches les plus défavorisées’’, plaide-t-il.

 

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