Publié le 19 Jul 2012 - 13:25
ABDOU KHADRE CISSOKHO DU PARTI SOCIALISTE (1ère Partie)

"Le président de l’Assemblée doit connaître l’État.."

 

C’est avec un œil de sagesse qu’Abdou Khadre Cissokho, ancien président de l’Assemblée nationale, suit la bataille autour du perchoir. Du haut de ses 15 années passées à l’hémicycle dont 8 au perchoir, le président du comité des sages du Parti socialiste rappelle aux prétendants les règles du jeu.

 

Que pensez-vous de toute cette polémique autour de la présidence de l’Assemblée nationale ?

Il faut rappeler que les députés de l’Assemblée nationale sont là par la volonté du peuple sénégalais. De manière générale, le président de l’Assemblée sort de la majorité présidentielle et souvent, cela se faisait de façon apaisée, dans une harmonie qui lie le chef de l’État et sa majorité. Du temps du régime socialiste, il n’y avait aucun problème. L’autorité était connue, respectée. L’équipe était homogène. Donc, la proposition du président (NDLR : de la République) était faite le premier jour de l’Assemblée nationale sans aucune difficulté. Les élections se faisaient : il y avait un candidat de la majorité et un de l’opposition. Il faut quand même rappeler que le Sénégal connaît une coalition de coalitions formidables capables d’apporter des changements certains pour le pays. Les positions partisanes doivent être bannies. Il faut privilégier, à chaque fois, les règles qui sont établies par la coalition Benno Bokk Yaakaar, c’est-à-dire les accords passés entres les membres de cette coalition constituée d’anciens candidats à la présidentielle, sauf Abdoulaye Wade. C’est un bonheur pour le Sénégal. Il y a aussi dans cette coalition entre trois à quatre grandes coalitions : Macky 2012, Benno Siggil Senegaal, Benno ak Tanor, Idy 4Président. Ce qu’on appelle dans notre jargon de politicien le G4. Il doit y avoir une concertation permanente pour que les décisions majeures qui doivent être prises au niveau de l’État fassent l’objet de suggestions avant que le président de la République ne la prenne de façon définitive.

 

Au nom de la séparation des pouvoirs, est-ce que le président Macky Sall ne devrait pas laisser les députés choisir eux-mêmes leur président ?

En fait, la séparation des pouvoirs donne à chaque entité le pouvoir de décision. Mais il n’est pas exclu que le leader de la majorité fasse des propositions. Nous sommes dans le cadre des propositions. Ça c’est tout à fait normal. En France et ailleurs, on se concerte toujours sur les candidats et on arrive toujours à un premier consensus. On est non seulement devant le peuple, mais aussi devant le monde entier. Et cette question doit se discuter au niveau du groupe des 4. Cela est d’autant plus malheureux que la personne à l’origine de cette polémique (NDLR : Moustapha Cissé Lô) est un membre de la coalition Macky 2012. On est un peu gêné et surpris par cette contradiction au sein de cette coalition.

 

Quel est le profil adéquat pour être président de l’Assemblée nationale ?

Il faut qu’il soit élu député d’abord, c’est-à-dire qu’il ait la confiance du peuple. A partir de ce moment, il n’y a plus de compétence particulière. Mais il faut quand même connaître l’État, c’est important. Il faut avoir une très bonne expérience politique. Moi, j’ai été président de l’Assemblée nationale étant ingénieur agronome. Des gens ont posé la question au président Diouf. Ils pensaient que ce poste ne devait être occupé que par un administratif ou un homme de droit. Le président Diouf leur a dit que Monsieur Cissokho est celui qui connaît le plus les 70% de la population ; à savoir le monde rural. Il n’est pas question qu’il ne puisse pas être au poste où sont votées les lois liées aux conditions de vie de ces populations.

 

On parle d’une éventuelle candidature d’Ousmane Tanor Dieng au perchoir, même si l’intéressé a nié l’information. En avez vous débattu au sein de votre parti ?

Le Parti socialiste et la coalition Benno ak Tanor sont très bien organisés et structurés. De la base au sommet. Le président Ousmane Tanor Dieng est un homme très respectueux de l’État et de son parti. Il n’a jamais fait état, au Bureau politique, de son intention de présenter sa candidature à la présidence de l’Assemblée nationale. Jamais ! S’il avait cette intention, comme je le connais, il l’aurait manifestée avant les élections législatives. Il ne peut pas courir après cette occasion exceptionnelle puisqu’il a eu des occasions d’être nommé à des postes de responsabilité sans qu’il soit obligé de profiter d’une situation.

 

Le Parti socialiste s’est retrouvé avec 20 députés à l’issue des élections législatives devant Benno Siggil Senegaal. Vous avez apparemment retrouvé vos marques…

Le nombre de députés n’est pas une valeur intrinsèque du Parti socialiste. Le nombre de députés découle d’un effort commun Benno Bokk Yaakaar. Nous avons presque raflé tous les départements, sauf deux. La deuxième chose, c’est que nous sommes partis sur le même principe des investitures. C’est-à-dire qu’on choisissait les députés en fonction du résultat du premier tour. Il y a beaucoup de cas où nous avons été pénalisés, dans d’autres cas, nous avons été favorisés. Là où nous sommes arrivés deuxième dans les départements, automatiquement, nous avons plus de députés potentiels qu’une autre coalition. Donc, le mérite revient à Benoo ak Tanor...

 

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PAR DADOUDA GBAYA

 

 

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