Publié le 14 Apr 2015 - 02:23
ABDOU LATIF AIDARA SUR LA MENACE TERRORISTE

‘’Les réseaux dormants sont là chez nous’’ 

 

Le terrorisme, considéré comme une grande menace pour la paix, le développement et l’islam, a fait l’objet d’une conférence animée par le club Mandé, ce week-end. Réagissant sur le thème : ‘’Jihadisme et radicalisme islamiste en Afrique : quelles capacités de défenses communes’’, les conférenciers ont tous mis l’accent sur la prévention, afin de parer à toutes éventualités. Ainsi, revenant sur les origines du phénomène, le directeur de l’observatoire des menaces du terrorisme et radicalisme et des risques criminels, Abdou Latif Aïdara, a noté que la division des Sunnites a fait le lit du terrorisme. Avant d’ajouter que ce phénomène est une problématique importée, dans toutes ses composantes, qui n’épargne pas le Sénégal.

Selon lui, le terrorisme commence toujours par l’humiliation qui produit la frustration, la radicalisation et l’endoctrinement qui permet de passer à l’action. ‘’L’humiliation est une perception individuelle. L’humiliation, c’est ce jeune qui a trente ans, qui doit épouser une femme, donner à manger à ses enfants, mais à qui la société ne donne aucune occasion de trouver de l’emploi rémunéré pour subvenir à ses besoins’’, dit-il. Le chercheur de dire que ‘’cette humiliation conduit à la frustration. Quand quelqu’un est frustré, il devient radical et à partir de ce stade de radicalisation, on peut récupérer ce dernier, l’endoctriner et en faire une bombe’’. Abdou Latif Aïdara met en cause les méthodes de gouvernance.

Comme solutions durables, il propose de lutter contre le chômage accru des jeunes, la corruption, l’humiliation de manière générale, lutter pour la bonne gouvernance et former les imams pour une bonne sensibilisation. Par ailleurs, il met en garde l’Etat du Sénégal. ‘’Il faut que l’Etat prenne la responsabilité d’organiser des séminaires de mise à niveau pour les imams, qu’on leur explique ces phénomènes contemporains, pour qu’ils intègrent cela dans leur discours quotidien’’. Il déplore, de ce fait, le manque d’anticipation et de vision des Africains pour mettre fin à ces problématiques.

La mutation du terrorisme islamiste à un terrorisme hybride, selon lui, doit pousser les dirigeants africains à prendre des mesures hardies. ‘’Les réseaux dormants sont là chez nous. Il faut positionner des troupes, mettre un système sécuritaire efficace pour contrecarrer toute tentative.’’ Il ne croit pas à la thèse d’une importation du terrorisme. ‘’C’est des citoyens bon teint qui seront là pour agir au nom des terroristes’’, prévient-il.  

AIDA DIENE

 

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