Publié le 25 Jul 2017 - 22:45
ABDOUL MBAYE SUR LES CARTES D’ELECTEURS SAISIES ENTRE LES MAINS DE JEUNES

‘’C’est une intention criminelle visant à organiser une fraude à grande échelle’’

 

La tête de liste nationale de la coalition ‘’joyyanti’’ était, hier, à Kaolack, dans le cadre de la campagne électorale. Il a accepté de répondre à nos questions sur le processus électoral, le report des élections proposé par Moustapha Diakhaté et les cartes saisies des mains de jeunes salariés de la sous-préfecture.

 

Quel bilan faites-vous de votre campagne ?

Elle n’est pas encore terminée, mais, ce que je peux dire, c’est qu’elle se déroule de manière particulièrement satisfaisante ; puisqu’au-delà de nos expériences, nous avons fait le choix de pouvoir rencontrer un maximum d’électeurs par, d’une part, des rencontres citoyennes élargies, auxquelles participent non seulement des militants des partis constituant la coalition, mais également des électeurs potentiels qui ont une sympathie pour nous. Nous ajoutons, également, à cela la traversée de villages, villes, en faisant passer un message. Véritablement, l’accueil réservé à notre discours, coalition est particulièrement satisfaisant et se situe au-delà de nos espérances.

Est-ce que vous serez à la marche appelée par l’opposition ?

Par rapport à la marche d’aujourd’hui initiée par l’opposition pour constater les dysfonctionnements sur la délivrance des cartes, on a malheureusement un programme particulièrement chargé. Il faudrait que je décharge le programme pour aller à la marche. Le programme a été fait de manière très précis et chaque point est important de toute façon. Avant, il va falloir que nous prenions une décision dans la coalition. Par contre, sur ce qui motive la marche, j’ai cru à un moment donné qu’il s’agissait d’incompétence simplement, parce que, manifestement, ils n’ont pas été capables de respecter les engagements qui avaient été pris et cela peut relever tout simplement de l’incompétence.

Mais après qu’on a constaté que les cartes avaient été saisies entre les mains de jeunes salariés de la sous-préfecture qui s’apprêtaient à les transporter dans un autre département, semble-t-il. Je me rends compte que toutes les difficultés que nous avons vécues jusque-là relèvent d’une intention criminelle visant à organiser une fraude à grande échelle pour pouvoir gagner de manière frauduleuse. Ce qui est particulièrement étonnant, c’est qu’après ce scandale et à ce jour le ministre de l’Intérieur n’ait pas encore présenté sa démission et que sa démission n’ait pas été acceptée. On a vu le ministre Thierno Alassane Sall être démis de ses fonctions, simplement, parce qu’il demandait un peu de temps avant d’examiner des dossiers et de signer certains contrats, c’est triste, c’est regrettable. Cela conduit, évidement, à nous interroger sur la question de la chaîne de commandement, du sous-préfet, le préfet, le ministre de l’Intérieur, le Premier ministre, le président de la République lui-même. Il est manifeste aujourd’hui le ministre de l’Intérieur n’est plus crédible comme organisateur des élections qui se préparent pour dimanche.

Qu’est-ce que vous pensez des retards notés dans la délivrance des cartes ?

Par rapport aux lenteurs sur le retrait des cartes, cela entre dans la même veine. Encore une fois, ça pouvait relever de l’incompétence, mais manifestement, aujourd’hui, on sait que ça relève d’intention criminelle consistant à organiser la fraude, et puis, ce qui est le plus regrettable, c’est de voir ces gens de l’APR, de Benno Bokk Yakaar mettre en danger la stabilité du pays, parce que simplement ils veulent gagner de manière illégale. Non, il faut que ça s’arrête. Il faut que, dans ce pays, on apprenne désormais à respecter la loi, les règles du jeu, notamment les règles de jeu de la démocratie et que tous ceux qui ne sont pas à l’aise à l’intérieur de ces règles s’en aillent.

Le président du groupe parlementaire de Benno Bokk Yakaar Moustapha Diakhaté demande le report des élections, qu’en pensez-vous ?

C’est d’abord un aveu d’incompétence. Il faut d’abord qu’il dise pourquoi il demande le report des élections. Il doit dire : nous avons été incapables de respecter le calendrier républicain, électoral. Ça commence par ça. Tout commence par un constat. Vous savez, chaque fois, on appelle à situer les responsabilités. Il faut des sanctions. Mais, commençons par ça. Il (le président) le leur disait, récemment, à l’occasion du drame du stade Demba Diop. On l’a entendu à l’occasion de l’incendie de Daaka, de Bettenty. Mais, qu’il soit dans la même logique.

On ne peut pas mettre en danger la stabilité de ce pays, parce que l’on veut gagner de manière frauduleuse les élections. Avoir des députés à l’Assemblée nationale qui représentent le peuple et qui ne sont pas là pour dire oui au président de la République, en quoi cela peut-il gêner le fonctionnement de notre démocratie au point de risquer la stabilité du Sénégal ? Je suis atterré par ce que je constate, par ce que je vois. Il est encore temps. Je m’adresse au président de la République lui-même qu’il se ressaisisse et qu’il mette ce pays sur les rails jusqu’en 2019. Parce qu’après, il ne sera plus là. Ça c’est quasiment certain. Qu’il ne mette pas ce pays en danger, parce qu’il veut rester dans des conditions proches que l’on pourrait appeler une dictature, puisque remettant en cause l’équilibre démocratique qui repose sur une Institution parlementaire indépendante au service du peuple, parce que c’est ça son combat. Ce n’est pas la démocratie.  

PROPOS RECUILLIS PAR AIDA DIENE

 

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