Publié le 13 Jan 2012 - 16:16
Abdoulaye Makhtar Diop, Ministre des sports

‘’Je sais que c’est le président qui a demandé 12 millions pour Amara’’

Abdoulaye Makhtar Diop, Ministre des sports

 

M. Le ministre d’Etat, est-ce que vous avez suivi la conférence presse du Président de la Fédération, Me Augustin Senghor ?

 

J’ai commencé à écouter quand il se référait à Jésus Christ et ses deux poissons transformés en mille. Et je pense qu’un bon chrétien doit respecter les saints. Jésus n’a pas sa place dans ce débat et moi je ne suis pas un faiseur de miracles. Alors qu’est-ce qui s’est passé pour les énerver ?

 

Je ne comprends pas. Parce qu’il y a quelques jours ou quelques semaines avant le départ de l’équipe olympique pour le Maroc, j’avais demandé à mes services de regarder le budget du ministère puisque nous n’avons pas d’argent. Si nous pouvions faire un virement de crédit interne sur l’ensemble du crédit du ministère, même si c’est de l’argent qui n’est pas destiné au football pour éviter que ce crédit ne tombe pas en fonds libre comme on dit dans le jargon. Le ministre des Finances Abdoulaye Diop nous a aidés à faire le virement et à établir un mandat d’environ 131 millions, je crois.

 

Le mandat est arrivé au Trésor, je crois le 24 novembre. Mais le trésor n’a pas pu payer le mandat cette semaine-là. Nous sommes intervenus plusieurs fois et le Trésor n’a pu avancer sur ces 131 millions que 100 millions de F Cfa virés directement dans le compte de la fédération sénégalaise de football. J’ai accompagné ce virement d’une lettre au président de la fédération indiquant les dépenses qui doivent être effectuées sur ce montant. Et ça, c’est une recommandation de l’inspection générale d’État. Quand on fait un virement à une fédération ou une association, on ne lui laisse pas la liberté de tout faire.

 

 

Quelles étaient ces recommandations ?

 

J’ai dit : un- quand vous étiez en regroupement aux Almadies, c’est nous qui avions payé à hauteur de 4 millions et quelques. Quand les gens partaient pour le Maroc, ils n’avaient pas de primes de participation. À ce moment, j’ai dit à M. Senghor : ‘’venez on va vous donner 14 millions’’.

 

Ils ont pris cet argent, ils sont allés payer les primes de qualification des joueurs. Quand l’argent du Trésor est tombé, je crois jeudi dernier ou vendredi, je leur ai dit : Vous remboursez l’hôtel Almadies. Vous remboursez les primes qu’on a payées. Maintenant vous sécurisez, vous remboursez les titres de transport des joueurs qui vont venir en regroupement le 8 janvier.

 

 

 

Le problème monsieur le ministre, c’est que la Fédé estime valablement que l’argent ne couvre pas le 1/10e de. . .

 

(Il coupe). Laissez-moi vous expliquer. Ça, c’est un. La deuxième chose. C’est que j’ai dit : vous me payez le regroupement de Terrou Bi. Nous sommes dans la phase de préparation. Vous payez le regroupement de Terrou Bi. Vous payez Saly Portudal. Vous payez le transport local et les autres dépenses. Ils ont 80 millions entre leurs mains et il y a 35 autres millions qui vont venir. Ils ont la prime de qualification de Gabon/Équatoriale dont il parle et cela tourne autour de 143 millions F Cfa. Nous, ce que nous avons envisagé, c'est demander au ministère des Finances la mise en place, par anticipation, du budget 2012 ; comme ça quand les joueurs arrivent, nous avons tout l'argent en place.

 

Moi, je n'ai jamais dit : prenez les 100 millions et vous payez les 143 millions. Quand ils ont reçu l'argent, Augustin Senghor m'a appelé, pour me dire : ‘’Si je rembourse votre argent à M. Goumbala, je n'en aurai pas assez pour payer les 143 millions’’. Je lui ai répondu : je n'ai jamais dit qu'on paie les 143 millions sur les 100 millions et même si vous avez reçu l'argent tout entier vous ne pourriez pas payer les primes. Les 135 millions, c'est pour financer toute la préparation, les primes et autres. Nous attendons que tout soit en place pour que nous trouvions le reste avec le ministre des Finances.

 

Il m'appelle pour dire : ‘’je vous retourne le chèque’’. Je lui dis d'accord. Maintenant, j'attends la mise en place du budget de trésorerie pour payer les 143 car moi, je ne peux passer tout mon temps à aller voir le président de la République comme le faisaient les autres, ce n'est pas mon style.

 

‘’Je reste persuadé que nous devons gagner cette Coupe d'Afrique‘’

 

 

 

Me Senghor a parlé de primes que vous voulez faire payer avec les droits Tv…

 

Dans le règlement financier, la Caf a modifié la répartition des recettes aux équipes qualifiées au tournoi final. Et comme sur le budget que l'on m'a envoyé, il y avait presque 1,5 milliard de F Cfa de primes aux joueurs. Et qu'eux, ils se sont fixés un objectif : le podium. Je regarde encore le règlement financier de la Caf et il dit que l’équipe qui gagne la Coupe d'Afrique a 12% des recettes des droits de télévision, de distribution et de publicité. L'équipe classée 2e, je pense doit avoir 11% et les demi-finalistes, 10% ou quelque chose comme ça. J’ai écrit une lettre en leur disant : vous avez prévu des primes pour les joueurs parce qu'on vous a demandé un objectif qui est le podium donc, tenez compte des dispositions de la CAF pour que, si vous franchissez chaque étape et que vous êtes premier, vous ayez 12%.

 

 

 

Avec l'argent des recettes et droits de télévision et autres la Caf paie l'argent trois à six mois après. Est-ce que l'État ne doit pas prendre en charge les primes quitte à se faire rembourser après ?

 

(Il coupe). Vous ne m'avez pas suivi. Dans la lettre que je leur ai donnée, je n'ai jamais dit que l'État ne prendra pas en compte leur prévision de 1,5 milliard F Cfa. Je leur ai dit (membres de la fédé) tenez compte de ce que la Caf indique pour les primes. Ce qu'il faut, c’est ce que nous avons vécu dans le passé. C'est que si on ne fait pas attention, le Sénégal gagne la Can et reçoit six mois après les primes et qu’on les mette dans le fonctionnement de la Fédé. On prévoit tout cela. On dit gouverner, c'est prévoir. Je n'ai aucun intérêt à perturber les gens comme ça alors que nous devons gagner la CAN. Et je reste persuadé que nous devons gagner cette Coupe d'Afrique et on peut le faire.

 

 

 

Et sur le contrat d’Amara, qu’est-ce qui bloque ?

 

 

Pour ce qui concerne le contrat d’Amara Traoré, avant-hier, (mardi) Me Augustin Senghor m’a appelé pour me parler d’autres choses. Je lui ai dit : je vais vous envoyer le nouveau projet de contrat et vous allez me donner vos observations avant de se retrouver pour fixer le montant. Peut être que ce matin (hier) avant qu’il ne parte, il n’avait pas reçu le projet de contrat. Donc, je pense qu’il ne doit pas y avoir de problème pour Amara car j’ai donné au Président le projet.

 

 

 

Mais est-ce qu’il ne serait pas plus facile de vous rencontrer à trois, c'est-à-dire vous, la fédération et Amara ?

 

 

Mon problème, ce n’est pas de rencontrer Amara, mais Augustin. Amara, on n’a aucun problème. Pourquoi maintenant mettre Amara en avant ? Je vais vous préciser une chose : Augustin Senghor, son frère et toute sa famille, on n’a jamais eu de problème, mais si dans mes expressions, il estime que je l’attaque, cela je n’y peux rien. Mais je n’ai jamais eu de problème avec lui.

 

C’est un garçon que tout le monde estime. Mais j’ai l’impression que cette affaire s’emballe à droite et à gauche, et si des pressions viennent de je ne sais de qui ou d’où, on n’avancera pas. Quel intérêt ai-je véritablement à créer cette situation ? Je vous le dis clairement, on ne m’a pas confié le football, ni le basket, ni le handball mais un ministère qui a une administration et des règles.

 

 

‘’Amara a dit qu’il n’a jamais demandé un nouveau salaire’’

 

 

 

Monsieur le ministre vous êtes d’accord avec moi que quand vous êtes arrivé, votre première déclaration, qui a été reprise par tout le monde a été : ‘’CAN est une sur-priorité’’. Maintenant pourquoi le contrat d’Amara tarde si c’est une sur-priorité ? Est-ce que vous comprenez pourquoi l’opinion ne puisse pas comprendre que cette question n’arrive pas à être évacuée à moins d’un mois de la CAN ?

 

Ce n’est pas ce qu’on voit dans la presse qui est l’opinion des Sénégalais, mais c’est la vôtre, vous journalistes. En plus, je ne parle pas de ma sur-priorité, mais de la sur-priorité des Sénégalais. Le contrat d’Amara, je ne sais pas quel esprit malin et malicieux veut en faire un problème qui n’en est pas. Est-ce que vous avez entendu par le passé que le ministre des Sports ne renouvelle pas le contrat d’Amara. Personne ne l’a entendu.

 

La deuxième chose est que du point de vue strictement juridique, le contrat initial posait problème. L’autre chose essentielle, et je l’ai dit dans toute la presse, est que quand quelqu’un demande un salaire à quelqu’un qui n’est pas le trésorier de l’État, il faut que je m’en réfère au Premier ministre chef du gouvernement. Quand vous regardez l’agenda de ce dernier à mon arrivée, le Premier ministre était à Durban et tout cela, ils le savent. Si nous voulons aller dans un bon sens, est-ce que la signature du sélectionneur conditionne l’administration du football sénégalais ?

 

Vous avez dit que le contrat finit le 15, donc si vous vous en tenez à cette date cela voudra dire aussi que tous les autres finissent le 15. Alors pourquoi vouloir mettre en avant le statut du sélectionneur et faire l’impasse sur les autres ? Or moi, je n’ai pas de fixation sur les dates parce que l’essentiel pour la fédération et pour moi-même, c’est que l’entraîneur national et son équipe puissent continuer. Par contre, j’ai lu Amara dans une interview où il dit : ‘’On m’a envoyé le seul contrat parce qu’il lui appartiendra après de voir quels sont les hommes qui vont continuer avec lui’’. A posteriori il me donne raison, parce que si je renouvelle le contrat, cela ne servira à rien parce qu’il faudra se séparer de certains. C’est lui qui a dit cela dans la presse.

 

 

 

Maintenant, on veut savoir quand cette question sera réglée

 

Je vous dis : si par exemple, j’avais eu la réponse du président de la Fédération sur le projet de contrat, demain ou après-demain, on allait en finir parce que je suis d’accord sur la forme du contrat, vous mettez la somme, on continue.

 

 

 

Le problème est que la fédération a décidé de surseoir à tout échange verbal et épistolaire désormais…

 

Échange verbal par la presse d’accord, mais épistolaire, il faut qu’il en reste parce que je ne peux pas être dans une situation où chacun dit ce qu’il veut. La preuve de la pertinence épistolaire, c’est que Amara a dit à la télévision nationale qu’il n’a jamais demandé un nouveau salaire donc, je sais que c’est le président qui a demandé 12 millions pour lui parce que j’ai la lettre. Or moi, je dis qu’il a le droit de demander 50 millions, mais que les gens assument !

 

 

 

En tant ministre des Sport et tutelle de la Fédé, n'est-il pas plus facile de dire : maintenant, je prends en mains le dossier et je le règle quels que soient les problèmes qu'il y a avec la fédé ?

 

(Il hausse le ton et se répète). Je vous l'ai dit, si Me Augustin Senghor me dit : ‘’M. le ministre, je vous rencontre aujourd'hui à 22 heures ou demain matin et je vous donne mon avis sur le contrat, après, on mettra les montants. C'est tout. Alors où se trouve le problème ?

 

 

 

Mais est-ce qu'on peut avoir un délai ?

 

(Il persiste). Je vous ai dit, si je rencontre M. Senghor et s'il fait ses observations sur le document de base, on en parlera plus.

 

 

 

Pourquoi ne pas lui mettre la pression...

 

Non, non, non.

 

 

 

Mais si vous attendez sa réponse, et que lui dit qu'il arrête les échanges, il n’y aura pas d'avancée…

 

C'est à lui qu'il faut poser la question. C'est lui qui a décidé de ne plus échanger. Je n'ai pas dit que je ne vais pas l'appeler.

 

 

Vous allez l'appeler ?

 

(Il hésite). Ça je ne sais pas encore. Je suis en train de réfléchir.

 

 

Propos recueillis par Ndiassé SAMBE

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