Publié le 27 Nov 2015 - 14:07
ABSENTEISME A L’ASSEMBLEE NATIONALE

Majorité et opposition se renvoient la balle

 

La majorité et l’opposition parlementaire se renvoient la balle par rapport à l’absentéisme des députés lors des plénières. Si du côté de l’opposition, l’on pointe une démotivation des parlementaires, le pouvoir par contre dénonce un manque d’engagement des députés.

 

Les députés de la douzième législature sont à couteaux tirés sur les raisons qui expliquent l’absentéisme des représentants du peuple lors des plénières dédiées à l’examen et au vote de la loi de finance 2016. Majorité et opposition parlementaire s’accusent mutuellement. Si du côté de l’opposition on pointe une démotivation des parlementaires, au niveau de Benno bokk yaakaar (Bby), on dénonce un manque d’engagement des députés en ce début du marathon budgétaire de l’année 2016. Pour le député de Rewmi, Thierno Bocoum, certains parlementaires ont toutes les raisons du monde d’être découragés et démotivés. ‘’On est dans une Assemblée nationale où l’initiative parlementaire est tuée et où on ne met en avant que la volonté de l’exécutif. On est dans un Parlement monocolore où l’opposition est combattue et où on l’empêche d’exprimer son opinion et ses positions’’, tonne le chargé de communication du parti d’Idrissa Seck.

Embouchant la même trompette, Me Hadji Diouf lui, va plus loin. Selon le député non inscrit, les parlementaires ignorent tout de leurs missions premières qui consistent d’abord et avant tout à défendre les intérêts du peuple qu’ils représentent et qui les a élus. ‘’Les députés ignorent les raisons de leur présence à  l’Assemblée nationale. Ils pensent qu’ils sont là pour défendre un président ou un chef de parti alors qu’ils sont élus au suffrage universel direct et donc, ne peuvent pas être limogés’’, fulmine le tonitruant avocat selon qui, ‘’les députés de cette législature n’ont aucune conscience de leurs responsabilités historiques’’.

Le leader du Parti des travailleurs et du peuple (PTP) explique ainsi l’absentéisme des députés par les moyens dérisoires qu’on leur octroie. Selon lui, ‘’en dehors des membres du bureau de l’Assemblée nationale, les députés travaillent dans des conditions extrêmement difficiles’’. A l’en croire, ‘’la masse des députés se retrouve avec des difficultés et ont même des problèmes pour venir travailler surtout pour ceux qui viennent de l’intérieur du pays’’.

Mais pour le porte-parole adjoint de l’Alliance pour la République, rien ne justifie l’absentéisme des députés. Selon Abdou Mbow, ‘’au-delà du député, tout autre Sénégalais qui a des responsabilités doit inévitablement les assumer à plus forte raison quelqu’un qui a un mandat et qui doit rendre compte à ses mandants’’.  Dénonçant ainsi ce manque d’engagement de ses collègues de l’opposition qui, selon lui, ne viennent pas régulièrement depuis le début de la législature, Abdou Mbow appelle à un sursaut patriotique pour répondre efficacement aux aspirations des populations qui ne demandent que cela. ‘’Le travail du député ne se limite pas seulement à l’Assemblée nationale. Il peut se faire à travers des visites de terrain, des activités allant dans le sens de défendre les intérêts des travailleurs. Les députés peuvent saisir directement les ministres ou les rencontrer’’, rétorque le député de Rewmi qui revient à la charge.

’Registre d’émargement’’

En tous les cas, le président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse qui a agité la question de l’absentéisme des députés, a menacé de sévir si jamais cela continuait. Mais pour l’avocat, Me El Hadji Diouf, le président de l’institution parlementaire n’a aucun pouvoir de sanction sur les députés. ‘’Moustapha Niasse est incapable de sanctionner quiconque. Il  n’est ni le père, ni le patron des députés pour proférer des menaces de sanctions. Il ne les paye pas, ne les a pas embauchés, et n’a aucun pouvoir sur eux’’, rumine-t-il. Avant d’ajouter : ‘’Aucun député n’est recruté pour rendre compte à l’Assemblée nationale. Ils doivent plutôt des comptes au peuple à la fin de leur mandat qui seul, pourrait les sanctionner. Aucun président ne peut nous imposer un registre et nous demander d’émarger’’, défie-t-il ainsi le leader progressiste. Mais il est vite prévenu par Abdou Mbow qui souligne que ‘’le règlement intérieur de l’Assemblée nationale donne au bureau les prérogatives de prendre des décisions par rapport à cela’’.

HABIBATOU TRAORE (STAGIAIRE)

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