Publié le 27 May 2017 - 15:54
ACCES FRAUDULEUX A UN SYSTEME FRAUDULEUX

Ils  piratent la puce de Dr Safiétou Thiam et tentent d’escroquer sa cousine

 

Le parquet a requis vendredi une peine de 3 ans ferme contre deux individus. Ils sont accusés d’avoir piraté la carte Sim de Dr Safiétou Thiam avant de tenter d’escroquer une de ses cousines de la somme de 2,8 millions de francs CFA.

 

‘’Chasser le naturel, il revient au galop’’. Pour Pierre Babacar Coly, le risque est grand d’un retour à la case prison. En effet, malgré 12 mois passés en prison, il continue ses activités de piratage. Cette fois-ci, sa victime est le Docteur Safiétou Thiam, secrétaire exécutif du Conseil national de lutte contre le Sida (CNLS) dont il a piraté la puce Orange. Pierre Babacar Coly qui l’a résiliée, avant de la réactiver dans une boutique d’Orange sise aux Parcelles assainies. Lorsque la puce est redevenue fonctionnelle, il a envoyé un message via WhatsApp à Aminata Fall, une des cousines de l’ex-ministre. Dans le message, Dr Thiam ou plutôt Pierre dit se trouver à l’étranger et a un besoin urgent d’un montant de 2,8 millions de francs CFA. Pour éviter tout soupçon, il lui écrit qu’il ne peut pas l’appeler, car il n’est pas en roaming.

Surprise par une telle sollicitation, la dame veut en avoir le cœur net. Elle appelle Dr Thiam sur un autre numéro. Toutes les deux tombent des nues en réalisant qu’elles ont affaire à un escroc. Sur ce, elles portent plainte au niveau de la Section de recherches de la gendarmerie. Les pandores convainquent Mme Fall de jouer le jeu et de tendre un piège au pirate. Ainsi, elle fait croire à Pierre qu’elle va lui envoyer l’argent. C’est ainsi que le pirate et ses acolytes sont tombés. Il s’agit du boulanger Ibrahima Diaw et du commerçant Amadou Bitèye. Le trio est poursuivi pour association de malfaiteurs, accès frauduleux à un système informatique et tentative d’escroquerie.

Il résulte des éléments de la procédure que Bitèye a fourni la pièce d’identité établie sous le nom de Djibril Baldé qui devait permettre le retrait de l’argent réclamé. Ladite pièce lui a été remise par B. Thiam, un mineur qui a été entendu comme témoin. Au cours de sa déposition, il a confirmé avoir mis en rapport Bitèye et Pierre, car celui-ci lui avait fait croire qu’il devait récupérer de l’argent et ne disposait pas de pièce. Quant à Diaw, il s’est retrouvé dans cette affaire, car il a accompagné Pierre au moment de la résiliation et de la récupération de la puce. D’ailleurs, c’est lui-même qui a effectué l’opération, car lorsqu’ils sont arrivés devant la boutique, son ami a reçu un coup de fil et lui a demandé de récupérer la puce. Le boulanger qui ne se doutait de rien s’est exécuté.

Deux des prévenus sont des récidivistes

Hier, à la barre, il a déclaré qu’il est étranger aux faits car le restaurant était leur destination initiale. Pierre l’a conforté, en soutenant que son coprévenu lui a rendu service et ignorait ses agissements délictuels. Sur sa lancée, celui qui s’est présenté à l’enquête comme un étudiant à Saint-Michel a reconnu les faits, en confessant avoir piraté le téléphone. Toutefois, il a contesté cette qualité d’étudiant mais aussi d’ingénieur en informatique. ‘’Je ne connais rien à l’informatique et je ne sais même pas comment on met en marche un ordinateur et je n’ai jamais été stagiaire à Sonatel. J’ai arrêté mes études en classe de 4ème‘’, s’est défendu Pierre.

Malgré le témoignage de leur complice mineur, Bitèye a clamé son innocence en laissant entendre qu’il ne connaissait pas ses coprévenus. Il prétend s’être trouvé au mauvais endroit au mauvais moment, car il rendait visite à un de ses amis. Ses dénégations n’ont pas convaincu le parquet, d’autant plus que 45 puces ont été découvertes chez lui, lors de la perquisition. Il s’y ajoute que son numéro de téléphone figurait dans le journal d’appel de la patronne du CNLS. Au regard de tous ses éléments et du fait que Bitèye fait l’objet d’instruction pour des faits similaires au 8ème cabinet d’instruction, le parquet a requis 3 ans ferme contre lui et Pierre. Puis il a sollicité la relaxe de Diaw.

‘’3 ans ferme pour une tentative d'escroquerie, c'est trop ! Surtout qu'il n'y a pas de préjudice et les parties civiles ont réclamé le franc symbolique’’, a répliqué Me Kabibel Diouf, conseil de Pierre. Avocat de Bitèye, Me Abou Adoul Daff considère également que le passé pénal de son client n’est pas une preuve de culpabilité. Quant à leur confrère Me Abdoulaye Tall, congratulé par un groupe d’étudiants au sortir de la salle d’audience, il a accentué sa plaidoirie sur les revers de l’internet. ‘’Le monde de l’informatique impose prudence et vigilance, car nous sommes en pleine mutation. Du fait de l’informatique, on peut passer de victime à prévenu et vice-versa’’, a martelé le conseil d’Ibrahima Diaw. Poursuivant, il a ajouté que tout le monde est exposé, tout en citant des cas de personnes envoyées injustement en prison, parce que des personnes véreuses ont utilisé leur téléphone portable.

Dénonçant l’absence de preuve, la robe a souligné que ‘’l’informatique est une science. Donc, on ne peut pas en faire une preuve exacte devant les juridictions’’. Ces précisions faites, il a estimé que son client est innocent, car il a voulu juste rendre service à un ami. A son avis, l’agent de la Boutique d’Orange a une part de responsabilité dans cette affaire, en résiliant une carte Sim sans procéder à des vérifications nécessaires.

Le tribunal rend son délibéré mardi prochain. 

FATOU SY

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