Publié le 7 Sep 2015 - 23:52
ACCUSÉ DE FALSIFIER DES SPÉCIFICATIONS TECHNIQUES

Ccbm apporte sa vérité des faits

 

Accusé d’avoir falsifié des spécifications techniques dans le cadre du marché des véhicules du ministère de l’Education nationale, Ccbm (Comptoir commercial Bara Mboup) n’a pas tardé à  apporter la réplique. Lors d’une conférence de presse tenue hier, à Rufisque, les administrateurs du groupe ont tenu à rétablir les faits, tout en accusant une multinationale tapie dans l’ombre d’être derrière toutes ces agitations.

 

C’est à l’intérieur de son usine de montage, sise à Rufisque, que le groupe Ccbm a organisé hier sa conférence de presse. Un face-à-face avec les journalistes qui a permis au Directeur général Babacar Guèye et son équipe d’apporter des éléments de réponses par rapport aux accusations de ‘’falsification des spécifications techniques’’ dans le cadre d’un marché d’acquisition de véhicules pour le compte du ministère de l’Education nationale. Sur cette affaire, il est reproché au groupe dirigé par l’homme d’affaires Serigne Mboup ‘’d’avoir falsifié des spécifications techniques avec la complicité de la Division régionale des transports terrestres de Dakar’’. Ces accusations sont ‘’graves’’, mais elles sont aussi ‘’dénuées de tout fondement’’, a répondu dans la foulée le Directeur de l’exploitation de Ccbm auto, Assane Ndiaye. Ce dernier se demande même pourquoi on n’accuse Ccbm de falsification que sur les véhicules de type 4­x4 et pas sur les autres véhicules ?

‘’Nous avons écrit au ministère des Transports, au service des mines pour leur dire que le véhicule est là. Nous ne comprenons plus toute cette agitation si ce n’est peut-être un désir caché de vouloir transférer le marché à une multinationale étrangère que nous connaissons tous’’, accuse-t-il.

Sûr de son fait, Ccbm explique avoir mis en homologation le véhicule, Rexton 2.9 produit à l’usine de montage basée à Rufisque. ‘’La direction des transports terrestres a même validé l’homologation’’, renseigne le Dg de Ccbm. Toutefois, il a fallu quelques mois pour que le chef de la division saisisse, par une lettre, le groupe Ccbm. Une missive dans laquelle il rappelle aux services de Serigne Mboup que ‘’les informations enregistrées sur la notice de la Rexton 4x4 BVM 2900 C relatives à l’alésage et à la course fait apparaître une cylindrée différente de celle qui est enregistrée sur la notice descriptive venant du constructeur. ‘’Cette lettre nous a étonnés en ce sens qu’elle fait référence à l’interpellation d’autres services en oubliant que nous avons notre propre usine de montage qui produit des véhicules plus conformes à notre environnement tropical’’, tient à préciser Babacar Guèye.

Mais quelle est cette multinationale que l’entreprise de Serigne Mboup accuse comme étant derrière toutes ces agitations ? Selon le directeur de l’exploitation de Ccbm, Assane Ndiaye, Ccbm n’a pas besoin de divulguer son nom, mais ‘’c’est bien elle qui se cache derrière une certaine presse pour divulguer des informations’’. Dans la foulée, le Directeur général a soutenu que ‘’ces accusations sont précédées par d’autres. Et c’est la preuve que ‘’le groupe Ccbm dérange’’. Ainsi de l’avis de Babacar Guèye,  ‘’à chaque fois qu’il s’agit d’un marché de plus d’un milliard de F Cfa, des complots sont faits pour écarter Ccbm’’. Mais cette fois-ci, ces manipulations sont aux yeux du directeur technique de l’Usine de montage, Bassirou Mbacké Ndiaye, ‘’trop légers’’ pour écarter Ccbm. ‘’Tout ce qu’on a dit sur cette affaire de falsification n’est que du dilatoire. Si on avait parlé de problème de montage, de protection de l’environnement, on aurait accepté. Mais ça, c’est de l’injustice’’, s’offusque-t-il. Pour ensuite révéler que ‘’dans ce marché, Ccbm a l’offre la moins disante’’. ‘’On n’aurait jamais imaginé, un seul instant, que de connivence avec des agents de l’administration dans notre propre pays, l’on puisse nous accuser de falsification’’, soutient M. Ndiaye.

La conférence de presse s’est par la suite transformée en une tribune de lamentations pour les administrateurs de Ccbm. Ces derniers  disent ne pas sentir le soutien des autorités pour le développement du tissu industriel national. Ce qui a poussé le représentant des travailleurs, Assane Fall, à se demander si ‘’on a même une indépendance’’. Pour lui, les autorités ont toujours tendance à favoriser les multinationales au détriment des industriels locaux qui n’ont rien à envier aux étrangers. ‘’L’Etat ne peut pas créer des emplois, il n’a pas cette vocation, mais il doit créer les conditions pour permettre au secteur privé de créer ces emplois’’, a conclu M. Fall.

Babacar Guèye, Directeur Général de Ccbm

‘’Aujourd’hui, le groupe est en train de traverser des difficultés’’

Le Directeur général de Ccbm n’a pas caché son amertume par rapport au manque d’attention des pouvoirs étatiques. En conférence de presse hier, dans les locaux de l’usine de montage de véhicules de Ccbm à Rufisque, Babacar Guèye estime que l’entreprise de Serigne Mboup mérite plus d’attention et de respect car le groupe a beaucoup investi dans le pays. En dehors de l’usine de montage auto, informe-t-il, Ccbm a une usine de montage de téléviseurs, une usine de conditionnement pour la lessive et une autre de conditionnement du lait. Mais malgré tous ces investissements, le groupe, dit-il, ‘’est dans une phase de restructuration’’. Parce que tout simplement, ajoute M. Guèye, ‘’nous sommes arrivés dans une phase où, par rapport aux investissements que nous avons et par rapport à l’attention qu’on devrait avoir des pouvoirs étatiques, nous avons du mal à rentabiliser nos investissements sans les commandes publiques’’.

 Face à une telle situation, rien qu’entre les mois de juillet et août 2015, Ccbm a libéré plus de 70 personnes. ‘’Nous voulons être responsables. Garder une personne, tout en sachant qu’à la fin du mois vous ne pourrez pas lui payer son salaire, n’est pas logique. C’est pourquoi nous avons préféré négocier des ruptures de contrats à l’amiable, en attendant. Aujourd’hui, le groupe est en train de traverser des difficultés parce que tout simplement Ccbm n’a pas  l’attention, le soutien qu’il  devrait avoir’’, se plaint-il.

Selon Babacar Guèye, le marché de renouvellement du parc des gros-porteurs attribué à une entreprise marocaine est la preuve que la préférence nationale tant chantée par les autorités n’est qu’un slogan. Dans ce programme, le Maroc promet, dans la première phase, de renouveler 800 camions gros-porteurs. Pour y arriver, il va installer, à Dakar, une usine de montage de ces types de véhicules.

D’après toujours M Guèye, Ccbm a déjà une usine de montage de véhicules avec une capacité de production de 4 000 véhicules par an qu’il n’arrive toujours pas à  atteindre. ‘’Tout ce que le Maroc a proposé dans ce projet existe ici au Sénégal’’, ajoute-t-il. ‘’Nous avons l’impression que les gens ignorent que nous payons l’impôt comme tout le monde. Dès lors, on doit être en mesure de réclamer la préférence nationale. On ne peut pas arriver à un Sénégal émergent en pensant tout simplement qu’on doit s’appuyer sur une expertise internationale’’, a déploré le Dg de Ccbm.

A. NG. NDIAYE

 

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