Publié le 24 May 2016 - 13:24
ACCUSE D’AVOIR AIDE BOY DJINNE A S’EVADER

Le commerçant Babacar Sall voulait faire croire que l’évadé vit en Angleterre

 

Un ancien codétenu de l’évadé Boy Djinné a été attrait hier, à la barre du Tribunal des flagrants délits. Babacar Sall, c’est son nom, envisageait de faire croire à l’opinion sénégalaise que Baye Modou Fall se la coulait douce en Angleterre depuis son évasion de la prison de Diourbel.

 

Encore un autre épisode de plus sur la série de Baye Modou Fall plus connu sous le nom de Boy Djinné. Ce n’est pas que le Michael Scofield sénégalais a été extradé de la Gambie où il est présentement depuis son évasion de la prison de Diourbel en janvier passé. Mais un pan de sa dernière évasion s’est révélé hier, à la barre du Tribunal des flagrants délits de Dakar avec la comparution d’un de ses anciens voisins de cellule. Le commerçant Babacar Sall, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est accusé d’avoir une part de responsabilité dans la cavale de Boy Djinné avec qui il a vécu dans la même cellule pendant cinq mois. Tout est parti d’un envoi de Wari d’un montant de 100 000 F CFA que le commerçant voulait faire le 11 mai à la zone de captage.

Après avoir effectué l’opération, le gérant s’est rendu compte que les 70 000 F CFA étaient de faux billets. C’est ainsi qu’il a annulé l’opération avant de saisir les gendarmes de la Section de recherches. Par la suite, le commerçant est allé dans une autre agence pour récupérer l’argent qu’il avait envoyé à son propre compte avec un autre numéro. Sur place, le gérant lui a notifié que l’opération était annulée. Le lendemain de bonne heure, Sall est retourné à l’agence de Zone de Captage pour connaître les raisons de l’annulation. Là, le gérant lui demande de patienter le temps de vérifier mais c’était plutôt pour avertir les gendarmes qui sont venus l’arrêter.

‘’Il avait un document qu’il allait montrer à la presse pour prouver que Boy Djinné était en Angleterre.’’

Interrogé sur les faits, le commerçant a laissé entendre qu’un de ses amis en partance pour la France lui aurait remis 200 Euros. N’étant pas convaincus par un tel alibi, les pandores ont effectué une perquisition au domicile du mis en cause. Sur place, ils ont trouvé des documents administratifs, des permis de conduire et des photocopies d’autres pièces. Le plus intriguant, la photo de Boy Djinné était parmi les documents. En poursuivant leurs investigations, les enquêteurs ont exploité le téléphone portable de Babacar Sall et son WhatsApp a prouvé qu’il était en contact permanent avec Boy Bjinné. D’après les enquêteurs, le prévenu était chargé de confectionner un document fictif, une sorte de permis de séjour tendant à faire croire que Boy Djinné se la coulait douce en Angleterre où il avait trouvé une nouvelle vie. Sall devait en retour encaisser un montant de 700 000 F CFA et au cours de leur dernière discussion, il avait fait savoir à l’évadé qu’il était très avancé dans les démarches.

‘’Je n’en suis pour rien dans l’évasion de Boy Djinné’’

C’est au regard de ces faits que le commerçant a comparu pour les délits de tentative d’escroquerie, distribution de signes monétaires contrefaits, faux et usage de faux dans un document administratif, soustraction de criminel à l’arrestation ou au recherche. Il a reconnu certes avoir connu Boy Djinné en prison mais nie l’avoir aidé dans son évasion. Selon ses explications, à sa libération, une des sœurs de Baye Modou Fall lui avait demandé de l’aider à trouver une pièce d’identité pour son frère car il devait récupérer de l’argent. ‘’Je l’ai mise en rapport avec une personne travaillant à la Direction de l’automatisation des fichiers’’, s’est défendu le prévenu. Il a ajouté qu’il n’a plus eu des nouvelles de la dame mais également de Boy Djinné depuis qu’il a obtenu le non-lieu. Concernant les faux billets, Sall à imputer l’origine à un de ses amis.

Pour le représentant du parquet, ‘’le Tribunal a affaire, dans cette histoire, à un mensonge qui n’est pas à la limite élagué mais couché sur du papier’’. Convaincu que le prévenu a aidé Boy Djinné à s’échapper, il a requis une peine de deux ans ferme.

Selon la défense, dans ce dossier, c’est l’émotion qui a gagné l’accusation. ‘’Ce sont des faits imaginaires et jusqu’à preuve du contraire, il appartient au maître des poursuites d’apporter les preuves et non le contraire’’, a répliqué le conseil de Sall. A son avis, seuls les délits de détention de faux signes monétaires méritent d’être débattus. L’avocat qui a plaidé la relaxe, a soutenu : ‘’On impute à mon client des fautes graves pour la simple raison qu’il a fait la prison or il n’a joué aucun rôle dans l’évasion de Boy Djinné et il n’est plus en contact avec lui depuis sa sortie de geôle.’’ 

Délibéré demain mercredi.

 CHEIKH THIAM

 

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