Publié le 26 Apr 2018 - 14:58
ACCUSE DE FINANCER CERTAINS DJIHADISTES PARTIS EN LIBYE

Moustapha Diatta se présente comme un altruiste

 

Il n’a pas fait le djihad et n’en aurait pas l’intention, mais Moustapha Diatta est accusé d’avoir financé le voyage de certains djihadistes sénégalais déclarés morts en Libye. Hier, à la barre de la chambre criminelle spéciale, l’accusé s’est présenté comme un altruiste toujours prêt à aider son prochain.

 

Marié et père de quatre enfants, Moustapha Diatta est en prison, depuis le 17 février 2016, car mêlé dans une affaire liée au terrorisme. Son seul souhait aujourd’hui, c’est de retrouver son travail et sa famille. ‘’J’ai un CDI (contrat à durée indéterminé). C’est très difficile d’en obtenir au Sénégal. Il faut m’aider à retourner à la maison’’, a plaidé l’agent de recouvrement employé dans une agence immobilière, hier, à la fin de son instruction d’audience. Il comparaissait pour actes de terrorisme par association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, actes de terrorisme par menace ou complot, financement du terrorisme, blanchiment de capitaux, apologie du terrorisme et détention de munition sans autorisation administrative.

Plaidant pour sa libération, il se dit innocent et ses avocats pensent qu’il est victime de son altruisme. En fait, Moustapha Diatta, dépeint comme un homme ‘’très social’’ et qui déteste l’injustice au point d’avoir, à quatre reprises, affronté des agresseurs qui s’attaquaient à des personnes, est accusé d’avoir financé le voyage de certains djihadistes sénégalais déclarés morts en Libye. Il s’agit des nommés Abdallah Ba, Cheikh Abdallah Dièye ainsi que l’épouse du premier, Néné Sy Keïta.

Mais hier, à la barre, le membre du club de cyclisme et de l’association chargée d’inhumer les corps non identifiés a déclaré avoir toujours aidé le premier par solidarité. ‘’Abdallah Ba était mon ami. On partageait même mon premier salaire qui était 35 000 F CFA mensuel’’, s’est-il défendu. C’est fort de cette amitié qu’il venait en aide à l’épouse de son ami, lorsque celui-ci était parti en voyage. D’ailleurs, à propos dudit voyage, il a expliqué qu’Abdallah Ba est parti, car il voulait gagner de l’argent et il croyait que son ami allait se rendre en Italie. ‘’Il m’avait parlé d’immigration clandestine. Abdallah Dièye m’avait informé qu’il partait avec lui et ils allaient voyager par voie terrestre. Je suppose que Dièye a financé le voyage, car il avait vendu son terrain’’, a ajouté Moustapha Diatta.  

Dans la même veine, il a réfuté les accusations selon lesquelles il a également aidé la dame Néné Sy Keïta, épouse Bâ, à rejoindre en Libye son défunt mari. Selon ses dires, outre l’appui financier mensuel, la seule aide qu’il a apportée à la dame, c’est lorsqu’elle cherchait un extrait de naissance pour sa fille. ‘’Comme je passe toujours devant Abass Ndao, elle m’a demandé de lui trouver un extrait de naissance, mais les agents m’ont dit que la présence du père était obligatoire. Je suis allé vérifier à la mairie de la Médina. On me l’a confirmé, alors je lui ai restitué les documents’’, a indiqué l’accusé.

‘’Abdourahmane Mendy postait sur Facebook des photos de djihadistes morts’’

Interpellé sur ses relations avec Makhtar Diokhané, Imam Ndao et Abdourahmane Mendy, Moustapha Diatta a rétorqué qu’il ne connaissait pas le premier. Quant au second, il a fait sa connaissance lorsqu’il était parti à Kaolack rendre visite à l’épouse d’Abdallah Dièye. Pour le troisième, Moustapha Diatta a confié l’avoir connu, lors du baptême du fils d’Abdallah Dièye. ‘’Quand il est parti en Libye, je l’ai joint pour lui demander si Abdallah Dièye et Abdallah Ba étaient réellement décédés, il m’a répondu par l’affirmative. C’était clair que c’est lui qui postait sur Facebook des photos de djihadistes morts. Il ne se cachait pas, donc je lui avais demandé de communiquer leurs noms. Je pensais bien faire, puisque j’ai agi en tant que citoyen’’, s’est-il justifié. Et le juge de lui demander pourquoi ses amis se sont retrouvés dans des zones de conflit en Libye. ‘’Je ne sais pas. Je ne peux pas répondre à cette question’’, a-t-il répondu.

Le président de revenir à la charge : ‘’Est-ce que si vous n’étiez pas arrêté, vous ne seriez pas en Libye ?’’ Sa réponse est catégorique : ‘’Non ! Je suis double père de famille ; depuis 15 ans, je donne la dépense quotidienne à la maison, car mon père est décédé et je ne pense pas laisser ma famille.’’

Munitions de calibre 4 et 5 trouvées dans sa chambre

Par ailleurs, interrogé sur les munitions de calibre 4 et 5 trouvées dans sa chambre, lors de la perquisition, Moustapha Diatta a déclaré qu’elles proviennent d’un fusil de chasse de type Hatsan 135. Se disant passionné de pêche et de chasse, il a avancé avoir acheté l’arme légalement dans une armurerie. Auparavant, il a pris le soin de vérifier sur internet la législation sur les armes et il a constaté que le fusil ne nécessite pas de permis de port d’arme et que même des mineurs peuvent s’en servir. ‘’J’ai demandé au major de l’armurerie qui me l’a confirmé, en me disant qu’il en vendait des milliers’’, a ajouté l’accusé qui a soutenu avoir revendu l’arme. Aussi a-t-il également contesté la paternité de certains documents que les policiers lui imputent. Parmi ceux-ci, il y a un livre en arabe intitulé « Sermon de Cheikh Khalid Al Rachid » et qui fustige les occidentaux. ‘’Je ne comprends pas l’arabe, donc je conteste la paternité’’, a fulminé l’ancien militaire.

FATOU SY

 

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