Publié le 29 May 2015 - 12:11
ACCUSES DE DETOURNEMENT DE 20 MILLIARDS DESTINES AU PLAN JAXAAY

Aïda Ndiongue, Abdoul Aziz Diop et leurs coïnculpés relaxés, l’Etat débouté

 

Après 17 mois d’incarcération pour détournement de deniers publics, Aïda Ndiongue, Abdoul Aziz Diop et Amadou Ndiaye ont été renvoyés des fins de la poursuite. Idem pour leur coïnculpé, Modou Sall qui bénéficiait d’une liberté provisoire. Le tribunal correctionnel qui a rendu sa décision hier, a estimé qu’il n’y a pas de détournement dans les marchés de bacs à ordures, tentes et motopompes destinés au plan Jaxaay.

 

Après 17 mois de détention, l’ex-sénatrice libérale Aïda Ndiongue, Abdoul Aziz Diop et Amadou Ndiaye ont recouvré la liberté hier. Ils étaient accusés de détournement de deniers publics portant sur 688 millions 638 mille 967 F CFA. Mais la justice a estimé qu’il n’y a pas eu de détournement dans la mesure où le tribunal correctionnel de Dakar a renvoyé des fins de la poursuite tous les prévenus, y compris Modou Sall qui comparaissait libre. Le tribunal a aussi ordonné la mainlevée et la restitution des biens d’Aïda Ndiongue qui ont été saisis. L’Etat réclamait des dommages et intérêts d’un montant de 25 milliards de F CFA mais a été débouté.

A l’annonce de la décision, les proches des prévenus n’ont pu manquer de manifester leur joie dans la salle d’audience. ‘’Gaïndé Waalo !’’ ‘’ Nous ne sommes pas surpris…’’, entendait-on dans le public. ‘’Vous êtes courageux !’’ a lancé Abdoul Aziz Diop à l’endroit des juges avant de se jeter dans les bras de l’un de ses avocats. Quant à Aïda Ndiongue, elle a levé les deux bras en signe de victoire. Une fois dehors, des proches des prévenus et militants échangeaient des accolades tout en pleurant de joie. Pourtant quelques heures avant le prononcé de la décision, l’angoisse était à son paroxysme d’autant que le parquet avait requis une peine de 10 ans ferme contre les prévenus en sus d’une amende de 5 millions de F CFA. La crainte d’une condamnation se lisait sur certains visages préoccupés à égrener des chapelets dont le bruit était perceptible. Finalement la joie a supplanté la peur.

Un ballon de baudruche qui s’est dégonflé

Aïda Ndiongue et ses coïnculpés sont accusés d’avoir détourné des tentes, bacs à ordures et motopompes destinés au Plan Jaxaay, mis en place par le régime libéral pour venir en aide aux populations de la banlieue victimes des inondations de 2009. Selon l’accusation, des chèques respectifs de 3 milliards 789 millions 988 mille 967 de francs CFA , 3 milliards 998 millions 750 mille de francs CFA, 1 milliard 350 millions de francs CFA et 5 milliards de francs CFA ont été émis pour le compte d’Aïda Ndiongue alors qu’elle n’a pas exécuté l’intégralité des marchés.

Toujours est-il que l’affaire Aïda Ndiongue avait fait grand bruit. Le procureur de la République n’avait pas manqué de le brosser lors d’une conférence de presse. L’affaire a fini par se dégonfler comme un ballon de baudruche au bout de 17 mois. 17 longs mois durant lesquels la bataille procédurale a été âpre. A côté de la bataille pour l’annulation de la procédure et de la saisie des biens de l’ex-sénatrice, les demandes de liberté provisoire se sont multipliées. Trois avaient été introduites auprès du juge d’instruction qui les avait toutes rejetées. Idem pour les deux recours faits devant la Chambre d’accusation. La seule fois où la balance a semblé peser du côté de l’ex-sénatrice libérale, le Premier-président de la Cour d’appel de Dakar a cassé la composition régulière de la Chambre d’accusation. C’est le juge Demba Kandji lui-même, Premier-président de la Cour d’appel, qui s’est penché sur le dossier avec ses assesseurs.

La suite, ils ont rendu un arrêt de confirmation du rejet du juge du 2ème cabinet d’instruction. La quête de liberté provisoire s’est même poursuivie jusque devant le tribunal correctionnel mais toutes les deux demandes ont été rejetées. Mais hier, Aïda Ndiongue et ses coprévenus ont obtenu définitivement la liberté après leur relaxe. Et même si le parquet fait appel, ils ne vont pas rester en prison conformément à l’article 458 du Code de procédure pénale. ‘’Nonobstant appel, est mis en liberté immédiatement après jugement le prévenu qui a été relaxé ou absout ou condamné à l’emprisonnement avec sursis soit à l’amende’’, dit l’article cité. D’ailleurs, Aïda Ndiongue a quitté la Maison d’arrêt des femmes de Liberté VI aux environs de 20 heures 30 minutes. Au sortir de la prison, elle a été accueillie par plusieurs femmes chantant et dansant de joie.

Le parquet fait appel  

A noter que la bataille n’est pas encore finie pour Aïda Ndiongue et Abdoul Aziz Diop qui font l’objet d’autres procédures. En plus du dossier pendant devant le doyen des juges et relatif aux produits phytosanitaires, l’ex-sénatrice libérale est également poursuivie pour enrichissement illicite par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei). Sans compter que le Parquet a décidé de faire appel de la décision rendue hier par le tribunal correctionnel. 

FATOU SY

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