Publié le 27 Oct 2015 - 00:05
ACCUSES DE FAIRE LE JEU DE FADA

Macky et Niasse au milieu de la plénière

 

Le combat que mène au Parlement Modou Diagne Fada contre ses frères de parti est parrainé par Macky Sall, selon le député Aïda Mbodji. C’est le patron de l’Apr qui, à travers la personne du président de l’Assemblée, a rejeté la liste présentée par Oumar Sarr, selon toujours elle. La décision a été prise mercredi soir dans le domicile de Moustapha Niasse.

 

Le Parti démocratique sénégalais (Pds) est en pleine crise interne. Mais le combat ne se limite apparemment pas à la formation politique dirigée par Abdoulaye Wade. Les Libéraux sont aussi en confrontation avec les tenants du pouvoir. Invitée hier du Grand jury de la RFM, la responsable libérale Aïda Mbodji a accusé le président de l’Assemblée nationale Moustapha Niasse d’être le bras armé du chef de l’Etat Macky Sall. Ce dernier, d’après Aïda Mbodji, veut réduire l’opposition à sa plus simple expression. Et c’est ce qui explique la cacophonie qui règne actuellement au Parlement. Si l’on en croit celle qui est pressentie pour être la présidente du groupe parlementaire des Libéraux et démocrates, la décision de rejeter la liste d’Oumar Sarr vient non pas de l’Hémicycle, mais du domicile de Moustapha Niasse.

‘’Nous étions le mercredi matin avec le bureau. Le président a demandé aux membres du bureau de revenir le vendredi pour statuer sur la paternité du groupe. Mais c’est le soir (du mercredi) que le Président de l’Assemblée a convoqué chez lui les députés. Quelque chose d’inédite s’est produite’’. Se voulant plus précise, l’invitée de Mamadou Ibra Kane affirme que la deuxième personnalité de la République s’est réunie avec 4 députés pour prendre la décision. Les autres ont été informés par la suite. Ce qui l’amène à dire que l’instigateur ne pouvait être autre que le numéro un de la nation. ‘’C’est Macky qui a appelé Niasse pour lui demander de tenir la réunion, parce qu’il est le seul à pouvoir le contraindre’’, soutient-elle. Une instruction qui a été précédée par la rencontre au palais entre Macky et la majorité parlementaire. Sans compter le fait que le député de Koungheul Mouhamed Dieng a été reçu par le ministre de l’Intérieur qui lui a demandé de soutenir Fada.

La volonté de violer les règles est donc évidente et se traduit, à ses yeux, par la difficulté qu’ils ont eu de disposer de la décision de Niasse et Cie.  ‘’On ne nous a pas notifié le rejet de la liste d’Oumar Sarr. Nous l’avons appris par le biais de la presse. En tant que présidente de la commission culture et de la communication, j’étais obligée d’interroger la direction de la communication de l’Assemblée pour savoir si le communiqué était officiel. Jusqu’à 23h, on cherchait des informations. Et on nous a dit que le communiqué n’émane pas de la direction de la communication, mais de la présidence de l’Assemblée. Et que c’était un communiqué conçu en dehors de l’Assemblée, c’est-à-dire au domicile du Président de l’Assemblée’’, révèle-t-elle.

Poste de vice-président en jeu

Aïda Mbodji se veut formelle. Si le leader de l’Afp n’était pas animé par un désir de violer le règlement de l’Assemblée,  il allait interroger les parlementaires afin de déterminer la partie qui détient la majorité entre elle et Fada. Pour cela, il fallait présenter les deux listes et poser le problème à la plénière. Elle trouve que l’homme à la tête de l’institution a précipité les évènements pour rejeter la liste de Wade présentée par Oumar Sarr. Outre le rejet, le responsable de Bambey croit avoir décelé une coïncidence troublante. Car, la commission de discipline du Pds devait se réunir ce jour-là pour statuer sur le cas de Modou Diagne Fada. Une réunion à l’issue de laquelle l’enfant de Darou Mouhty a été exclu du parti du père de Karim.

Une question se pose alors. Pourquoi le pouvoir s’immiscerait-il dans les affaires du Pds au Parlement ? La réponse est toute simple, selon Aïda Mbodji. ‘’Si on avait donné à l’opposition les onze députés qui lui appartenaient dans le groupe originel et lui permettre d’intégrer les neuf non-inscrits, Aïda Mbodji allait se retrouver à la tête d’un groupe de 20 députés. Ce qui allait lui conférer le droit d’obtenir une vice-présidence. Or, le pouvoir, à l’heure où nous sommes, avec la parité et les contraintes avec ses alliés, ne peut pas se permettre de se départir d’un vice-président’’, interprète-t-elle. Fort de tout ce qui précède, l’opposition a réitéré, par la voie d’Aïda Mbodji, sa volonté de bloquer le fonctionnement de l’Assemblée. Pour elle, pas question de ‘’laisser passer cette forfaiture’’.

‘’La déclaration de Serigne Basse est venue un peu tardivement’’

La semaine dernière, le porte-parole du Khalife général des Mourides a appelé à des retrouvailles entre Wade et Macky. Serigne Basse Abdou Khadre a regretté les relations difficiles entre le père et son fils politique. Mais Aïda Mbodji estime que l’appel du chef religieux est intervenu un peu tard. ‘’La déclaration, de mon point de vue, même si nous la saluons, est quand même venue un peu tardivement, après toutes ces dérives qui sont intervenues entre le pouvoir et l’opposition, surtout du côté du pouvoir’’. En outre, un membre de l’Apr a dit que Macky n’est pas demandeur d’un dialogue. Aïda  Mbodji souligne que Wade non plus n’est pas demandeur. 

BABACAR WILLANE

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