L’enseignant journaliste Tamsir Jupiter Ndiaye risque gros. Il a été jugé hier devant le tribunal des flagrants délits, après plusieurs renvois. Le procureur de la république a requis 5 ans d’emprisonnement ferme.

Fini le temps de la supposition et du doute ! Dorénavant, tout est mis au clair. Hier, il n’a pas été question de renvoyer à nouveau le procès du journaliste Tamsir Birame Ndiaye dit Jupiter. Même sans la présence des parents de la partie civile, le juge a jugé nécessaire d’en finir avec ce dossier. D’emblée, il a fait savoir au procureur qu’il considère que la partie civile est majeure, puisque, tantôt on lui donne 13 ans, tantôt 17 ans. Ainsi, le procès a pu démarrer et les deux protagonistes ont pu donner leur version des faits. ‘’Il m’a appelé dans sa voiture, a posé ma main sur son sexe, et touchant le mien, m’a demandé de lui faire une pipe. Je lui ai alors donné un coup à la figure et j’ai tiré sur son sexe, le menaçant d’ouvrir les portières’’, a déclaré Kéba Nar Sy. Il a aussi avoué qu’il a volé le portable de Tamsir Jupiter en descendant du véhicule, lorsque le juge l’a interpellé dans ce sens.

Entendu, Tamsir Jupiter Ndiaye a déclaré qu’il venait de finir de prier lorsqu’il a remarqué des appels manqués de son ami ASP (agent de sécurité de proximité), sur son portable. C’est ainsi qu’il a voulu se rendre au commissariat de Dieupeul pour tenter de savoir les raisons de ces appels, car il a tenté de le joindre sans succès. En chemin, il a fait un crochet à la station pour se ravitailler en essence. C’est après cette opération qu’il a aperçu des jeunes en train de se bagarrer. Il les a alors interpellés, avant de les ramener à la raison. Kéba Nar Sy lui a dit qu’il ne connaissait pas les deux autres protagonistes. L’enseignant a alors pris l’initiative de l’éloigner des autres enfants. Il était environ 23h.

C’est en chemin qu’il a vu qu’une voiture 4x4 le poursuivait. Pensant qu’il s’agissait d’agresseurs, il s’est dirigé vers le commissariat de Dieuppeul. A sa grande surprise, arrivés sur les lieux, l’un de ses poursuivants lui a dit : ‘’Ah ! C’est toi Tamsir Jupiter ? J’ai toujours eu une haine pour toi, attends, tu vas voir !’’ Le prévenu a déclaré qu’il était tellement ébahi que lorsque le commissaire lui a demandé ce qui s’était passé, il a dû répondre qu’il ne savait pas et que c’est en constatant qu’il était poursuivi qu’il était venu au commissariat pour plus de sûreté. De surcroît, il était sorti de chez lui pour tenter de rejoindre son ami Asp qui devait normalement se trouver au commissariat.

D’ailleurs, c’est en voulant vérifier cette information que les policiers lui ont demandé son téléphone portable. Ne le trouvant pas par devers lui, ils ont procédé à une fouille et l’ont trouvé sur Kéba Nar Sy. Depuis lors, le jeune enfant de la rue est incarcéré. Il sera jugé ce vendredi pour vol. Après avoir raconté sa version des faits, il a dit au parquet que tout ce que le garçon a raconté est faux. Il a ajouté que non seulement, c’était le mois de Ramadan, mais aussi, il était en train de refaire sa vie, à la suite de son passé pénal. Il a ajouté que ‘’le mal, dans la société, est que quand quelqu’un est accusé de sorcellerie, les accusations le suivent jusqu’à sa descendance’’. Mais l’un des assesseurs s’est demandé comment, après ce qu’il a vécu, il a pu encore transporter des enfants dans sa voiture, suite à une rencontre fortuite.

‘’Le parquet a fait fausse route’’

Malgré ses dénégations, le procureur a soutenu que Tamsir Jupiter Ndiaye est coupable des trois chefs qui lui sont reprochés : acte impudique sur mineur de moins de 21 ans puisque, selon lui, il y a eu des attouchements entre deux individus de même sexe ; enlèvement sans fraude ni violence de mineur de moins de 18 ans, étant donné que Keba Nar Sy est âgé de 16 ans, d’après le PV et qu’ils ont fait un bout de chemin; conduite en état d’ivresse, puisque le témoin a soutenu qu’il a lancé, au moment de la course-poursuite, une canette de bière. Ajoutant que la société sénégalaise est loin d’accepter certaines pratiques, et que d’après les psychologues, les violeurs se font toujours passer pour des victimes faisant croire qu’ils sont des bienfaiteurs, il a requis une peine de 5 ans d’emprisonnement ferme. Il a ajouté que le prévenu n’en est pas à sa première condamnation et que ce sont les mêmes faits.

Au moment des plaidoiries, les conseils de Tamsir Jupiter Ndiaye ont soutenu que le parquet a fait fausse route. Mieux, ‘’il ne doit pas se baser sur un récit loufoque pour demander la condamnation de leur client’’. Me Khouraichi Ba de renchérir, qu’au lieu de faire une enquête sérieuse, le parquet s’est contenté des informations prises sur internet pour asseoir les faits. Et qu’il n’y a aucune constatation matérielle, encore moins une reconstitution des faits et que le PV est muet. Ils ont demandé une relaxe pure et simple de leur client.

Délibéré, le vendredi 31 juillet 2015.

AMINATA FAYE (Stagiaire)