Publié le 25 Apr 2014 - 21:23
ACTIVITÉS COMMERCIALES DANS LA RÉGION DE SAINT-LOUIS

Quand la contrebande devient une banalité 

 

Dans la région de Saint-Louis, la vente de  marchandises frauduleuses importées de la Mauritanie est devenue une banalité qui n’émeut plus personne. Et l'économie sénégalaise en prend un sacré coup malgré le travail remarquable des douaniers.

 

Commune de Rosso Sénégal. Les va-et-vient incessants des individus témoignent de la vitalité de cette cité où règne une forte canicule. Chaque jour, des flots de gens et de véhicules franchissent la frontière sénégalo-mauritanienne. Les traversées sont assurées par le bac, gratuitement. Mais certains préfèrent louer les services des pirogues moyennant une contrepartie financière. 

''Ils sont nombreux, les commerçants qui profitent du crépuscule pour faire entrer des produits frauduleux. Il s’agit du riz et de la tomate qu’ils se procurent  sur l’autre rive à moindre coût, et qu’ils vont revendre sur le territoire national'', renseigne la dame Fatimata Diaw. 
 
Traqués par les agents de la Douane sénégalaise, les contrebandiers risquent leur liberté car l’activité est rentable. La situation est pire à Richard-Toll. Dans la ville sucrière, véhicules, motos, charrettes, pousse-pousse et piétons, dans un charivari monstre, se disputent la route. Hommes, femmes et enfants, dans un empressement sans nom, vaquent à leurs occupations avec entre leurs mains des marchandises prohibées. 
 
''Nous n’avons pas d’emploi, c’est pourquoi nous vendons des produits frauduleux pour subvenir à nos besoins'', informe un sexagénaire venu du fond du Walo. Sur la route nationale, le flux humain est impressionnant. Les contrebandiers détalent à l’aperçu des gabelous et c’est une course-poursuite folle dans les artères de la « ville de Mimran ». En effet, les douaniers  ne badinent pas avec la contrebande. 
 
Les check-point sont nombreux sur la route nationale numéro 2. Hormis le sucre et la tomate dont le trafic est interdit par la législation douanière en vigueur, les commerçants sénégalais achètent à Rosso Mauritanie divers produits comme l’huile, la boisson, le lait en poudre ou concentré, le thé, des produits électroménagers, des tissus, des moquettes et tapis de prière, des crèmes et laits de beauté,  des parfums.... 
 
et rivalisent de ruses pour passer  le  poste de Douanes. De l'avis de Modou Faye, originaire de la région de Fatick, le commerce en provenance et à destination de la Mauritanie a créé de nombreux emplois, en particulier chez les jeunes qui étaient au chômage. 
 
A Dagana comme à Richard-Toll, Rosso et Saint –Louis, la contrebande  est aussi au cœur du commerce informel. Dans les marchés,  diverses marchandises en provenance de la Mauritanie sont étalées sur les tables. Et pour cause : ''Ces produits sont à très bon prix à Rosso-Mauritanie. Cela rend notre commerce plus facile et nous permet de faire beaucoup de bénéfices'', soutient Ndèye Seyni, commerçante au marché Tendjiguène de Saint-Louis.
 
Fara Sylla
 

 

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