Publié le 8 Mar 2019 - 18:54
ADJA FATOU NIANG

Chantre de l’autonomie des femmes

 

Vice-président de l’association nationale des femmes mareyeurs et transformatrices du Sénégal, Adja Fatou Niang, loin du style strass et paillettes, fait partie des femmes sénégalaises qui assurent et qui forcent le respect de par leur savoir-faire, mais aussi leur engagement au service de la communauté.

 

Dans le monde des mareyeurs, elle n’est plus à présenter. Elle, c’est Adja Fatou Niang. Depuis 2003, elle trône à la tête des femmes mareyeurs et transformatrices de la région de Kaolack. Au niveau national, elle occupe le poste de vice-présidente de la même association. Adja Fatou, c’est 40 ans de leadership, d’engagement au service de la gent féminine, de l’humain tout court.

Chaque jour, de bonne heure, à 4 heures du matin, elle se lève à l’instar de toutes les femmes de la dite profession pour aller au boulot. Souvent, elles ne rentrent que vers les coups de midi. Quant aux transformatrices, elles passent toute leurs journées à étaler le poisson sous le soleil, afin de passer à la transformation. Sur les épaules de toutes ces braves dames repose aussi la pression de la gestion des ménages. Loin d’en être tourmentée, Adja Fatou relativise : ‘’Il faut juste une bonne organisation. Grâce à Dieu, nous parvenons à accomplir notre travail, tout en nous acquittant convenablement de nos travaux domestiques. Nous éduquons également nos enfants’’.

Femme battante, femme dévouée, Adja Fatou se rend partout, à travers le Sénégal, pour partager son savoir-faire, sensibiliser ses pairs, les rassembler et les organiser. Dame de cœur, elle croit profondément en l’autonomie des femmes. Dans ce vaste combat pour l’émancipation de la femme sénégalaise, la ‘’lionne’’ ne se fixe pas de limite. Son action transcende même le corps des seuls mareyeurs et transformatrices. En effet, Adja accompagne également des femmes évoluant dans d’autres secteurs, comme la vente de friperie.  Même les hommes n’échappent pas à sa générosité. Aujourd’hui, l’association qu’elle dirige au niveau régional regroupe, pas moins de 10 000 membres. Très battante, elle ne cesse d’œuvrer pour le développement de sa région. Ce qui lui vaut cette confiance des femmes.

‘’Nous voulons des camions frigorifiques’’

Longtemps, Adja Fatou Niang a tenté de faire fructifier son commerce par la recherche de financements additionnels. Malgré les multiples échecs, elle n’a jamais baissé les bras. Enfin, elle retrouve le sourire, grâce à la Délégation de l’entreprenariat rapide et au maire de Kaolack, la ministre Mariama Sarr qui leur a récemment octroyé un million FCFA, comme fonds de caisse. ‘’Auparavant, nous étions exclues des circuits de financement, parce que nous n’avions pas de papiers. Grâce au service de pêche de la gouvernance, nous avons maintenant lesdits papiers. C’est ainsi que nous avons su relever le défi. Le marché poisson a été modernisé et c’est en partie grâce à notre engagement et notre détermination. Personnellement, je me suis donnée corps et âme pour que ce projet voit le jour’’, revendique-t-elle fièrement. Ce n’est pas tout. La dame de fer salue également la subvention des moteurs et des gilets qui, à l’en croire, a amélioré leurs conditions de travail.

Avec la nouvelle vision du gouvernement, Adja Fatou Niang ne désespère pas de voir encore plus de soutien au bénéfice de ses protégées. Toujours avec abnégation, elle ambitionne d’aller le plus loin possible. Pourquoi pas avoir ses propres camions frigorifiques. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle semble être sur la bonne voie. Partie de rien, elle a déjà un camion. Elle dit : ‘’J’ai commencé avec la vente des sardines ; ensuite avec les gros poissons et maintenant, j’ai un camion. Je souhaite en avoir d’autres’’.

Mareyeur, Adjia Fatou Niang est une bête de travail. A la sortie du marché à 12 h, pendant que nombre de ses collègues vont se prélasser, elle enchaine dans sa cantine pour s’adonner à ses activités subsidiaires : la vente de tissus. Elle vend aussi du lait, du sucre, ainsi que divers autres produits. Petit à petit, elle transmet toute son expertise à ses enfants qui restent ses premiers employés.

La cinquantaine révolue, Adja Fatou se distingue également par son amour pour sa région. Avec ses propres moyens, elle ne cesse d’œuvrer pour le développement de Kaolack. Prenant son bâton de pèlerin, elle se déplace en permanence dans certaines localités comme Guinguinéo, Nioro, etc. pour des actions de développement auprès des communautés de base. Ainsi, elle appelle à un soutien considérable de la part du gouvernement. ‘’Nous voulons que l’Etat nous apporte un appui, surtout avec l’obtention de camions frigorifiques, des machines à moudre le poisson... C’est une doléance que nous portons à l’endroit du Chef de l’Etat Macky Sall. Si les femmes arrivent à être autonomes, cela participera positivement au développement du pays. Moi, c’est ce que je veux laisser comme héritage. Car, il faut bien que j’aille à la retraite’’, philosophe-t-elle, avant d’appeler le Président de la République à leur accorder une audience.

AIDA DIENE

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