Publié le 24 Jun 2016 - 11:34
AFFAIRE AGIR IMMO

Le sort d’Abdoulaye Youssou Diagne lié aux exceptions soulevées par son avocat 

 

Après plusieurs renvois, le dossier d’Abdoulaye Youssou Diagne, patron de la société immobilière “Agir Immo”, a été retenu pour être plaidé hier. Mais les présumées victimes devront encore patienter, car le fond n’a pas encore été abordé. Dès la notification de la prévention d’escroquerie à l’ancien greffier en chef, son avocat Me Demba Ciré Bathily a soulevé des exceptions pour réclamer la nullité de la procédure.

Dans un premier temps, il a soulevé l’incompétence du tribunal à juger son client, car l’affaire est pendante devant le juge d’instruction. Donc, les mêmes faits ne peuvent pas faire l’objet d’une instruction et d’une flagrance. Me Bathily a aussi évoqué la prescription, car les faits reprochés à son client datent de 2008 et ont dépassé 3 ans. ‘’Le flagrant délit ne peut être suivi de procès-verbaux qui datent de 2013 pour des faits qui ont lieu en 2008’’, a-t-il argué, non sans exprimer un coup de gueule.

‘’Ce procès est un montage. On ne peut pas faire un détournement de procédure. Il y a une violation flagrante des droits de la défense”, a martelé la robe noire. Et de poursuivre : ‘’Nous ne sommes pas là pour gérer des états d’âme. La procédure n’est pas bonne. Le procès n’est pas un théâtre public. Les personnes inscrites dans cette liste n’ont déposé de plaintes ni à la police, ni à la gendarmerie. Donc, ce dossier est radicalement irrecevable’’. Au regard de tous ces arguments, il a demandé l'annulation des procès-verbaux versés dans le dossier et la nullité de la procédure. En d’autres termes, la libération de son client.

Dans sa réplique, le parquet a soutenu que sa saisine est régulière et que les procès-verbaux d’enquête préliminaire ne souffrent d’aucune anomalie. ‘’En tout état de cause, nous sommes en matière de flagrant délit. Les critères de la flagrance sont réunis. Les deux PV montrent que les droits de la défense ont été respectés. On ne peut pas parler d’incompétence du tribunal’’, a soutenu le maître des poursuites. Mieux, il a écarté l’argument selon lequel les mêmes faits font l’objet d’une instruction.

‘’Il est vrai que des juges d’instruction ont été saisis pour des faits d’escroquerie, mais il ne s’agit en aucune façon de faits similaires. Il y a autant d’escroquerie que de victimes dans ce dossier. Nous avions décidé de présenter deux PV sur la base desquels 32 parties civiles ont été entendues’’, a renseigné le parquetier, avant de demander que les exceptions soient rejetées. Mes Ousmane Thiam et Assane Dioma Ndiaye,  conseils du collectif des victimes de ‘’Agir Immo”, ont abondé dans le même sens.

‘’On est en train de vous faire croire qu’il s’agit d’une seule affaire. Or, chaque victime a un dossier pendant. Ce sont des plaintes individuelles. Il est possible qu’il y ait mille plaintes. Il n’y a aucune procédure pendante. Il n’y a aucun jugement qui a été rendu par rapport aux victimes qui se manifestent présentement. Aucun tribunal n’a connu une constitution de partie civile déclarée recevable par un tribunal’’, a déclaré Me Ndiaye.

Lui et son confrère ont écarté la prescription, en expliquant que leurs clients n’ont pas découvert l’escroquerie, au moment de la réception, mais au moment d’user des terrains. ‘’Jusqu’en 2014, il nous a fait des propositions. C’est vers 2014-2015 que nos clients se sont rendu compte de l’incapacité de Me Diagne à leur donner des terrains’’, a conclu la robe, tout en accusant la partie adverse de vouloir entraver l’action de la justice. Le tribunal va délibérer sur les exceptions, le 14 juillet prochain.

 

Section: