Publié le 12 Dec 2019 - 21:37
AFFAIRE BOY DJINE

Ses proches interpellent autorités et droits-de-l’hommistes

 

La longue détention de Baye Modou Fall alias ‘’Boy Djiné’’ inquiète ses parents qui étaient, hier, devant la maison de correction de Liberté VI pour exiger son jugement.  

 

Les proches de Modou Fall alias ‘’Boy Djiné’’ étaient, dans la matinée d’hier, au camp pénal de Liberté VI, pour exiger la libération du détenu. Venus de Diourbel, les visiteurs se sont heurtés, d’après leurs dires, au refus de l’administration pénitentiaire. Ce groupe d’une dizaine de personnes était là pour s’enquérir de l’état carcéral du détenu qui observe une grève de la faim illimitée. Devant l’intransigeance des gardes, ils ont décidé de bloquer la circulation. C’est au milieu de la route qu’ils se sont rassemblés pour crier à même le goudron : ‘’Libérez Boy Djiné !’’

Un geste qui n’a pas laissé indifférent le préposé à la sécurité de la geôle. L’homme de tenue s’est automatiquement approché, pour s’enquérir de la situation, mais c’était sans compter avec la détermination des protestataires. ‘’Contentez-vous de garder la prison ! Là, nous sommes dehors et libres de nos mouvements’’, a fulminé le plus radical des protestataires. Quelques minutes après, la circulation est revenue à la normale, mais le groupe est resté campé en face de la maison d’arrêt.

Un responsable de l’administration est alors sorti et leur a sommé de quitter les lieux. Après un moment de flottement, ils finiront par céder, non sans avoir exposé leurs doléances. ‘’Baye Modou Fall observe une grève de la faim, ces derniers temps. Une situation inquiétante pour nous les membres de sa famille.  Il est, depuis lors, dans les liens de la détention, même s’il a fait face, plusieurs fois, au juge et a d’ailleurs été relaxé pour plusieurs délits’’, dénonce Serigne Moustapha Guèye.

Le porte-parole souligne que leur seule demande est que le prisonnier soit jugé dans les plus brefs délais, afin de déterminer son sort.  ‘’Nous sommes pessimistes sur ses conditions carcérales, car on n’a pas pu le voir aujourd’hui. Toutes les accusations à son encontre sont infondées. Ils n’ont aucune preuve contre lui. D’autres ont fait pire et ont été jugés. Baye Modou Fall n’a commis aucun crime pour qu’on lui refuse ce droit’’, fulmine-t-il.

Serigne Moustapha Guèye lance d’ailleurs un appel au président Macky Sall, aux associations des Droits de l’homme et à l’Association pour le soutien et la réinsertion sociale des détenus (l’Asred).

Me Assane Dioma Ndiaye : ‘’Qu’il soit jugé une bonne fois’’

Un appel qui trouve un écho favorable chez Me Assane Dioma Ndiaye. Le président de la Ligue sénégalaise des droits humains est d’avis qu’il est difficile d’être en perpétuelle condamnation et surtout avec la multiplicité des procédures à son encontre. C’est ce qui justifie d’ailleurs, d’après lui, la confusion des peines, dans le cas de Baye Modou Fall. ‘’Ce que l’on constate pour Boy Djiné, c’est qu’au moins depuis cinq à dix ans, il est pratiquement en maille à partir avec la justice. Les procédures et les audiences se multiplient et là, on comprend qu’il soit épuisé, qu’il disjoncte. Pour une bonne administration de la justice et également le respect de ses droits fondamentaux, il faut mettre un terme à ces procédures. Qu’il soit jugé pour une bonne foi et s’il doit purger une peine, qu’il sache qu’il doit payer telle dette à la société’’, indique l’avocat joint par ‘’EnQuête’’.

L’avocat renseigne, par la même occasion, que les droits-de-l’hommistes sont en train de préparer des appels à l’endroit des autorités judiciaires, afin d’examiner ce cas, pour éviter que l’irréparable ne se produise. 

‘’Quels que soient les griefs qu’on peut lui reprocher, c’est quelqu’un qui n’est pas violent. On n’a jamais parlé de violence ou de port d’arme, mais plutôt d’évasion. Donc, il ne peut pas être classé comme un criminel de haut gabarit’’, poursuit la robe noire. Avant de conclure : ‘’Qu’il paie une bonne fois et qu’il puisse être resocialisé, parce que l’ultime objectif de la justice pénale, c’est la resocialisation de la personne. Si on ne lui offre pas cette chance, on l’exclut carrément du champ social.’’

HABIBATOU TRAORE

 

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