Publié le 5 Jun 2018 - 15:47
AFFAIRE DE LA CAISSE D’AVANCE

Khalifa Sall et Cie devant la Cour d’appel aujourd’hui

 

La Cour d’appel se penche, aujourd’hui, sur l’affaire de la caisse d’avance de la mairie de Dakar. Khalifa Sall et ses co-prévenus espèrent être blanchis par le juge Demba Kandji et ses conseillers, après leur condamnation en première instance, pour escroquerie portant sur des deniers publics.

 

C’est aujourd’hui que démarre la seconde manche du bras de fer judiciaire opposant l’Etat à Khalifa Sall et ses co-prévenus. La prolongation se joue devant la Cour d’appel de Dakar. Celle-ci a été saisie par toutes les parties (avocats de l’Etat, parquet et défense) qui ont toutes attaqué la décision rendue en première instance par le Tribunal correctionnel de Dakar. N’eût été l’appel du parquet, seuls Khalifa Sall et Yaya Bodian allaient comparaître, car seuls leurs avocats avaient interjeté des recours. Déboutés de leur constitution de partie civile, les avocats de l’Etat ont fait appel par rapport aux intérêts civils. Quant au maitre des poursuites, il a attaqué la décision dans toutes ses dispositions, suite à la requête introduite par les conseils des deux condamnés. C’est la raison pour laquelle tous les prévenus, même les deux percepteurs qui ont été relaxés ainsi que les agents ayant fini de purger leur peine, vont être rejugés. Ils vont à nouveau s’expliquer devant le juge Demba Kandji, premier président de la Cour d’appel de Dakar, et ses deux conseillers.

En fait, étant donné qu’en première instance, le dossier avait été géré par le président du Tribunal de grande instance de Dakar, en appel, c’est le premier président de la Cour d’appel qui préside le procès. Du côté du parquet général, son chef, Lansana Diaby, sera à l’audience.

Le maire de Dakar et ses co-prévenus, condamnés en première instance, espèrent l’infirmation totale du jugement. En d’autres termes, ils veulent être blanchis par une décision de relaxe. A l’issue du premier jugement, le président Malick Lamotte et ses assesseurs ont reconnu Khalifa Sall, Mbaye Touré et Yaya Bodian coupables d’association de malfaiteurs, de faux et d’escroquerie portant sur des deniers (1,8 milliard de francs Cfa). Le juge correctionnel leur a infligé une peine de 5 ans ferme en sus d’une amende de 5 millions de francs Cfa. Les prévenus Fatou Traoré, Ibrahima Yatma Diao et Amadou Moctar Diop sont condamnés à 2 ans dont 6 mois ferme. Une peine que le trio a déjà purgée, car les prévenus ont été inculpés depuis le 7 mars 2017. Une inculpation suivie d’un placement sous mandat de dépôt pour Khalifa Sall et ses collaborateurs, à l’exception de Mamadou Oumar Bocoum et Ibrahima Touré. Les deux inspecteurs du trésor, qui se sont succédé à la perception de la municipalité de Dakar, avaient été placés sous contrôle judiciaire.

La machine judiciaire a été déclenchée contre les prévenus, le 21 février 2017, lorsque  Khalifa Sall a été convoqué à la Brigade des affaires générales de la Division des investigations criminelles (Bag/Dic). C’était pour s’expliquer sur des anomalies relevées par l'Inspection générale d'Etat dans la gestion de la caisse d’avance pour la période 2011-2015. Le lendemain, il y retournait. Alors qu’il tentait de rassurer ses militants, la machine judiciaire s’est emballée, puisque le 6 mars 2017, il a été convoqué par le doyen des juges.

Le lendemain 7 mars, Khalifa Sall a été placé sous mandat de dépôt. Depuis, il est écroué avec cinq de ses collaborateurs pour les chefs d’association de malfaiteurs, de détournement de deniers publics, d’escroquerie portant sur des deniers publics, de blanchiment et de faux et usage de faux en écriture de commerce et complicité. Il s’agit de Mbaye Touré, Directeur administratif de la mairie, Fatou Traoré, Secrétaire, Amadou Mactar Diop, membre de la commission de réception, Yaya Bodian, Chef du bureau du budget, ainsi qu’Ibrahima Yatma Diao, Chef de division financier et comptable.

Au bout de plusieurs mois d’instruction, tous les inculpés ont été renvoyés en jugement devant le Tribunal correctionnel de Dakar. Après deux renvois, le 14 décembre 2017 et le 3 janvier 2018, le procès s’est finalement ouvert le 24 janvier 2018. Après plusieurs semaines d’audience marquées par une âpre bataille de procédure, le dossier a été vidé le 20 mars.

Si le tribunal avait suivi le parquet dans son réquisitoire, le député-maire serait condamné à 7 ans ferme et à 5 ans pour Yaya Bodian, Ibrahima Yatma Diao et Amadou Moctar Diop. Concernant  Fatou Traoré, le procureur Serigne Bassirou Guèye avait requis 2 ans dont 1 an ferme contre elle.

FATOU SY

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