Publié le 22 Jul 2017 - 18:11
AFFAIRE DES MAISONS DEMOLIES A GADAYE 253

familles réclament des indemnités au promoteur immobilier Babacar Fall

 

C’est finalement en audience spéciale que le procès opposant les victimes des concessions détruites à Gadaye (Guédiawaye) et le propriétaire de la société Technologies 2000 s’est tenu. Babacar Fall est poursuivi pour destruction de biens appartenant à autrui, faux et usage de faux, et escroquerie à jugement. Délibéré, le 21 septembre prochain.

 

253 familles réclament justice. Propriétaires des maisons démolies à la cité Gadaye située à Guédiawaye, ils ont servi au promoteur immobilier Babacar Fall une citation directe. Laquelle vise 3 infractions : destruction de biens appartenant à autrui, faux et usage de faux et escroquerie à jugement.  Le dirigeant de la société Technologies 2000 n’est pas le seul prévenu dans cette affaire. Ses agents, Omar Diop, Pape Mbar et Abdoulaye Dieng ont été cités pour avoir procédé à la dévastation des concessions. Tenu en audience spéciale à la salle 4 du Tribunal régional hors classe de Dakar, le procès a duré plus 9 tours d’horloge. Ces faits, qui ont soulevé beaucoup de tensions et tant médiatisés, remontent en décembre 2013.

En 2001, le promoteur immobilier a acheté un terrain de 9 hectares. Un bail. Il a soutenu l’avoir légalement acquis auprès des représentants légitimes de la famille Ndiobène sise à Yeumbeul. ‘’C’était devant un notaire.  Je possède un état de droit réel. J’ai construit la première partie où il y a 400 maisons. La partie objet du litige devait bientôt être exploitée. Et mes accusateurs, sur la base d’un acte signé par une tierce personne, veulent se prévaloir d’un titre de propriété pour s’accaparer des 4 hectares. Ils n’ont ni droits ni titres’’, a balayé hier, Babacar Fall. En effet, les parties civiles détiennent un acte sous seing privé. Ces terres leur ont été vendues par Ibrahima Diop, un des héritiers de la famille Ndiobène à plus de 2 milliards de FCFA.

Ainsi, le propriétaire de Technologies 2000 a saisi la Direction de la surveillance et du contrôle de l’occupation du sol  (DSCOS) avec ses pièces justificatives. Sur ce, les maisons ont été détruites par les agents du promoteur sous la protection des éléments de la Légion de la gendarmerie d’intervention (LGI) de Mbao. Mbaye Fall a brandi un document homologué par le tribunal de Dakar. Surprises, les victimes ont sollicité l’arbitrage du Chef l’Etat et le litige foncier a fini par atterrir à la Présidence. Le ministre-conseiller Mahmout Saleh, en charge de ce dossier, va renvoyer les deux parties devant la justice. Ce procès est la deuxième procédure après une première manche jouée devant un tribunal correctionnel. Mais, cette fois-ci, il y a eu un changement de composition.

Le prévenu fait une demande reconventionnelle de 3 milliards de FCFA

Avocats des parties civiles, Mes Assane Dioma Ndiaye, Abdou Dialy Kane et Ibrahima Mbengue ont réclamé 100 millions de FCFA à chacun. Selon Me Kane, le faux est évident. ‘’Le prévenu a tenté de nier la signature sur le procès-val de consignation homologué par le tribunal hors classe de Dakar. C’est un faux document qui a été invoqué aux fins de radiation de la prénotation’’, a-t-il dit. Le conseil signale que c’est avec ce papier que Babacar Fall ‘’a trompé la vigilance du juge pour obtenir la prénotation’’ et c’est ce qui lui a permis de ‘’faire main basse’’ sur les 4 hectares. Sur la destruction, il a avancé qu’aucune sommation n’a été faite aux occupants du terrain. ‘’253 familles ont été jetées dans la rue sans l’intervention de la justice. Nous ne sommes pas dans une jungle. Nous sommes dans un Etat de droit’’, a-t-il tonné.

Son confrère, Me Ndiaye a rappelé que toutes les parties disposent d’actes de cession. Non sans dire que les actes de ses clients ont été consentis par Ibrahima Diop avec une procuration notariée. ‘’Ni Bababar Fall ni la DSCOS ne peuvent dire que ces titres n’ont pas de valeur.

Le Préfet de Dakar ainsi que le directeur de l’Urbanisme ont demandé au promoteur de saisir les autorités judiciaires, mais, il a attendu la veille du Magal de Touba pour procéder à la destruction’’, a indiqué le droit de l’hommiste. Me Ibrahima Mbengue a lancé que le sieur Fall est au début et à la fin de toute la démolition. ‘’Il a dit que c’est la DSCOS qui a eu à détruire les habitations. C’est lui qui a payé les perdiems, car, convoqué à la Présidence, il a avoué avoir donné 2 millions de FCFA à cette administration pour l’achat du gasoil et payer les équipements. Pourquoi vouloir se décharger sur la DSCOS ? C’est un acte de vandalisme. C’est lâche et sauvage, parce que les gens avaient l’esprit ailleurs. Il s’est permis de détruire ce que les victimes ont eu à construire à la sueur de leur front’’, a martelé la robe noire.

A ce propos, Me Malick Mbengue de la défense a laissé entendre : ‘’Babacar Fall n’a rien à voir dans cette démolition. Mais, c’est le requérant qui paye les frais. Il n’y a rien d’extraordinaire. Il a saisi toutes les autorités de la République. Qu’on ne nous dise pas qu’il les a corrompus’’. Sur ce, lui et Me Ciré Clédor Ly ont sollicité la relaxe pure et simple. Non sans faire une demande reconventionnelle de 3 milliards de FCFA pour ‘’toute cause et préjudice subis’’ pour le prévenu.

Le président du tribunal, Maguette Diop va dire son dernier mot, le 21 septembre prochain. Le parquet a requis l’application de la loi. 

AWA FAYE

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