Publié le 17 Jul 2012 - 22:30
AFFAIRE DIOMBASS DIAW

Des débats houleux et riches en révélations

Après plusieurs renvois, le procès en appel du scandale politico-sexuel opposant Diombass Diaw à l’ex-ministre d’État Oumar Sarr et ses proches s’est ouvert, hier. Après plus de 10 tours d’horloge, la Cour d’appel de Dakar a mis l’affaire en délibéré jusqu’au 10 septembre.

 

Couvert par son immunité, l’ancien ministre Oumar Sarr n’avait pas comparu en première instance. Quelques mois après la débâcle du Parti démocratique sénégalais (PDS) à l’élection présidentielle 2012, l’ex-ministre de l’Habitat, à l’image des autres parties, est venu hier comparaître devant la Cour d’appel. Le scandale politico sexuel a défrayé la chronique en mars 2010 en le plaçant au centre des débats. Pour son image et pour lever tout équivoque dans cette affaire liée ''à des images pornographiques'', il a dit et persisté qu’il n’est ni de près, ni de loin lié à ce dossier. Rappelant qu’il n’a pas de rival politique qui fasse le poids devant lui à Dagana, il dira : ''Je n’ai pas besoin de cette publicité pour asseoir ma notoriété. Je ne suis pas le commanditaire de cette affaire''.

 

Diombass Diaw : ''J’ai été piégé''

 

Plus de deux ans après les faits qui se sont précisément déroulés en mars 2010, l’ex-responsable libéral à Dagana devenu ''apériste'' se dit encore ''meurtri et blessé'' de retrouver ses images ''salaces'' sur la toile. ''Je ne nie rien, je suis un homme, un être humain. J’ai été piégé, car j’ai été filmé nu. C’est un accident et je me dis que c’est mon destin. Donc, je l’assume'', a martelé Diombass Diaw, la voix tremblante. Il a réitéré ses accusations pour pointer du doigt ses proches, en l’occurrence son cousin, Oumar Sarr et ses co-prévenus, comme étant les instigateurs de son déshonneur. A l’en croire, jamais il n'aurait imaginé que ce sont ses parents qui sont à l’origine de la diffusion de cette vidéo. ''J’avais porté plainte contre X, dit-il. Si on m’avait montré une image d'eux, dans la même posture que la mienne dans cette vidéo, je ne l’aurais jamais diffusée''. Ces déclarations de Diombass Diaw ont ému l’assistance plongée dans un silence total

 

''5millions, un passeport diplomatique et une villa, pour filmer Diombass Diaw''

 

Auparavant, Khadija Mbaye a remis le disque de cette histoire. Divorcée et mère de trois enfants, la jeune femme est restée assise tout au long de son interrogatoire, sous le prétexte qu’elle a des vertiges. Sans scrupule, elle a reconnu les faits, les justifiant par un besoin d’argent au moment des faits. ''J’étais jeune, mère de trois enfants et divorcée. Je me suis dit que cela pouvait être une ouverture pour m’offrir une vie meilleure et en même temps à mes enfants'', a confessé Khadija Mbaye. C’est dans ces conditions, dit-elle que ses co-prévenus, Abdou Salam Sarr, Pape Djiby Gaye et Ramdane Dia lui ont proposé de filmer Diombass Diaw nu. Abdou Salam Sarr, à l’époque chef de cabinet du ministre Oumar Sarr m’a dit : ''On vous donne 5millions, un passeport diplomatique et une villa, si vous filmer Diombass Diaw. Il faut qu’il arrête d’attaquer Omar Sarr qui lui a payé ses études et l’a fait venir à Dakar''. Pour la mettre en confiance, l’ex-chef de cabinet de Oumar Sarr, révèle-t-elle, lui a dit qu’elle bénéficierait de la protection de l’État. Ainsi, Khadija Mbaye appelle Diombass Diaw, un ami de son (ex) petit-ami qu’elle n’avait pas vu depuis un an. Un rendez-vous est fixé dans un hôtel. Sur place raconte Khadija Mbaye : ''Lorsque Diombass m’a demandé de le rejoindre dans la chambre d’hôtel, j’ai enlevé mon tampon avant de monter. Quand je suis arrivée, j’ai fait semblant de téléphoner, ainsi j’ai pu le filmer alors qu’il était couché''. Une fois sa mission accomplie, Khadidja Mbaye déclare avoir reçu les remerciements du ministre Oumar Sarr qui l’a jointe au téléphone, ou du moins l'interlocuteur qui s’est présenté comme étant le ministre. Cependant, pour toute récompense, elle n’a reçu, en tout et pour tout, que la somme de 400.000 francs CFA. Les 300.000 francs lui ont été remis par Salam Sarr et les 100.000 francs par Abdou Aziz Diop. Le reste, ce ne sont que des menaces, avant de se voir traiter de prostituée.

 

100 millions au titre de dommages et intérêts

 

Interrogés, les proches de Oumar Sarr ont tous contesté les faits. Seul Abdou Salam Sarr a fait des aveux partiels, en ceci qu'il n'a fait ''qu'acheter'' le film à 200.000 francs auprès de Khadija Mbaye. Mais, il s’est empressé d’ajouter que ce n’était pas pour le diffuser. ''Je voulais juste le montrer à Diombass pour lui dire de se calmer'', a confié Abdou Salam Sarr. Quant à Abdou Aziz Diop, directeur de cabinet de l’ex-ministre a nié avoir versé un centime à Khadija Mbaye, bien que celle-ci lui ait demandé de l’argent. Ramdane Dia a pour sa part, expliqué que c’est Khadija Mbaye qui est venue leur proposer la vidéo.

Autant de dénégations qui n’ont pu convaincre l’avocat de Diombass Diaw. Me Ousmane Sèye a demandé que ''commanditaires et les exécutants soit soient rigoureusement sanctionnés’''. Il a réclamé la somme de 100 millions au titre de dommages et intérêts. ''L’honneur et la considération n’ont pas de prix'', a rétorqué Me Serigne Khassimou Touré, un des avocats de Oumar Sarr. Pour lui et ses confrères, Diombass Diaw veut battre monnaie. C’est pourquoi, ils ont plaidé la relaxe. Aussi, la défense a-t-elle réitéré les exceptions soulevées en début d’audience. A savoir l’irrecevabilité de la citation servie à Oumar Sarr. Les avocats de l’ex-ministre ont estimé que les infractions n’ont pas été définies dans la citation. Ils ont relevé également que Diombass Diaw, mais également le parquet n’a pas qualité pour le citer. La Cour qui rend son verdict le … prochain, a joint l’exception au fond.

 

 

 

FATOU SY

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