Publié le 4 Feb 2014 - 18:24
AFFAIRE HABRÉ

Les avocats de l'ex-président s'en prennent à tous les «acteurs»

 

«Abdou Khadre Lo a participé à la cérémonie de lancement des activités des Chambres africaines aux côtés des prétendues victimes du régime et des représentants des ONG de droits de l’Homme dont Reed Brody. Ce cabinet travaille fréquemment pour HWR (Humain rights watch), la Raddho et la Fidh et organise les points de presse des représentants des ONG et des avocats des plaignants.»

Selon le communiqué reçu à EnQuête, le cabinet Primum Africa Consulting dirigé par M. Lô, de même que RNC Justice et Démocratie (Belgique) et Magi Communication (Tchad), ne méritent pas d’être attributaires du marché de la campagne de sensibilisation sur le procès de Habré. Pour les avocats de l'ancien président tchadien, ils sont en situation de conflit d’intérêts.

A en croire les avocats, Martien Schotsmans le dirigeant de l’Association RNC Justice et Démocratie a pris part aux travaux d’études et de production de charges ayant servi  de base à la rédaction des rapports ‘’fantaisistes’’ de Human rights watch sur ce dossier.

Les auteurs du communiqué s’en sont pris également aux juges. Selon eux, en dépit du fait que la période retenue (82-90) montre clairement que c’est Habré qui est visé – ce qui est en soi une justice aveugle –, les juges des CAE ont procédé à ‘’un tri sélectif’’ prouvant qu’ils ciblent exclusivement la personne de l’ex-chef d’Etat tchadien réfugié au Sénégal.

«Aucun des chefs politico-militaires impliqués dans la guerre civile et qui ont soutenu la Libye de Kadhafi dans la période 82-90 n'a été entendu par les juges des CAE. Malgré le fait que cette période fasse partie de leur mission, on constate une procédure inique, irrégulière, subjective et politiquement orientée», dénoncent-ils.

Mettant en cause l’expertise de celui qui est choisi pour faire un rapport sur l'histoire des événements politiques et qui d’ailleurs est qualifié d’«ancien journaliste connu pour ses positions anti-Habré», les conseils se demandent si on veut juger Habré ou l’histoire. «Convoquer l'histoire pour étoffer une accusation, c’est le propre du procès politique. Le procès pénal s'en tient à la réalité des faits», soutiennent-ils.

Ils accusent par ailleurs les juges de s’être accommodés de l’encadrement des témoins à charge, triés par le régime Deby sur une base ethnique et relationnelle, disent-ils. Et puisque, d’après eux, le bureau a été installé au commissariat central, pas surprenant que les témoins à décharge ne se soient pas précipités.

Dans ce tir généralisé, certains médias - non désignés - sont accusés d'entretenir le silence, en violation flagrante de l’éthique professionnelle et de la Charte du journalisme, après avoir été alléchés «par des contrats mirobolants pour organiser un lynchage médiatique, manipuler l’opinion pour habiller une condamnation dictée à l’avance».

LES PRÉCISIONS DU CONSORTIUM

«Professionnalisme et neutralité»

Au lendemain du communiqué ci-dessous traité, le Consortium retenu a apporté un certain nombre de précisions.

“Le chef de file du consortium, Primum Africa Consulting, basé à Dakar, (est un ) cabinet de communication et d’études reconnu pour son expertise, son indépendance et son professionnalisme.” Une “marque de fabrique (qui) fait qu’il est sollicité aussi bien au Sénégal qu’à travers le monde par de nombreuses ONG, des institutions internationales, des Etats et de grandes entreprises”

Le cabinet RCN Justice & Démocratie basé à Bruxelles a été “créée après le génocide au Rwanda (et) s’efforce par ces programmes de soutien à la justice de renforcer l’Etat de droit dans les pays en transition.” Quant à MAGI Communications, c'est un cabinet de «consultants experts dans les domaines sociaux, juridiques et communicationnels», indique le communiqué reçu à EnQuête. «Il est sollicité par de nombreux acteurs au niveau national et continental.»

En perspective, «la sensibilisation s’efforcera, à l’image de l’institution judiciaire, de respecter le principe d’indépendance vis-à-vis des pouvoirs et des opinions politiques, et de diffuser des informations exactes et équilibrées, sans se faire l’avocat ni de l’accusation ni de la défense.»

A cet égard, la ligne de conduite du consortium sera «professionnelle, neutre, sans discrimination, avec tous les membres des sociétés concernées, tous les organes des Chambres et toutes les parties au procès», ajoute la note. Qui soutient que l'activité des cabinets retenus «ne touche (…) pas au fond du dossier» car «le mandat du consortium se limite à porter à la connaissance de tous, l’activité judiciaire des CAE.»

BABACAR WILLANE

 

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