Publié le 29 Apr 2017 - 05:59
AFFAIRE KHALIFA SALL ET CIE

Ce qui s’est passé devant la Chambre d’accusation

 

Après une audience qui a duré 7 tours d’horloge, la Chambre d’accusation a finalement mis en délibéré l’affaire sur la demande de mise en liberté provisoire du maire de Dakar, Khalifa Sall et ses coïnculpés, au 2 mai prochain. Le parquet général, les avocats de l’Etat et l’Agent judiciaire ont dit niet. La défense a expliqué le bien-fondé de sa requête.

 

Les avocats de Khalifa Sall et ses coïnculpés l’avaient promis, ils sont en train de tout mettre en œuvre pour faire sortir leurs clients de prison. Ainsi, après le rejet de leur demande de mise en liberté provisoire par le juge d’instruction Samba Sall, ils ont interjeté appel devant la Chambre d’accusation. Hier, cette requête a été plaidée devant ladite juridiction pendant 7 tours d’horloge. Au cours de cette audience tenue en huis clos, nos sources rapportent que les conseils du maire de Dakar et de ses collaborateurs ont ouvertement attaqué la décision rendue par le Doyen des juges d’instruction (DJI). A les en croire, ‘’Samba Sall n’a pas motivé l’ordonnance de refus’’. ‘’Il s’est juste contenté de dire qu’il s’aligne sur la position du parquet’’, ont-ils relevé.

De plus, Me Ciré Clédor Ly et Cie ont souligné que ‘’toutes les conditions de mise en liberté provisoire sont réunies’’. En effet, les robes noires soulignent que les inculpés sont régulièrement domiciliés et ont des garanties de représentation. Mieux, qu’il y a des contestations sérieuses dans ce dossier. Toujours, les appelants ont demandé à la Chambre d’accusation de rétablir l’injustice subie par les autres détenus, vu que l’ancien et l’actuel percepteur, respectivement Mamadou Oumar Bocoum et Ibrahima Touré, bénéficient depuis le début de la procédure d’un contrôle judiciaire. Pour eux, ‘’il y a deux poids deux mesures dans cette affaire’’.

Mais l’autre partie n’a pas voulu l’entendre de cette oreille. Lors des débats d’audience, le procureur général Abdou Karim Diop et l’Agent judiciaire de l’Etat (AJE) Antoine Félix Diome (présent dans la salle) se sont opposés à cette demande.  Ce dernier était accompagné par 4 autres avocats constitués pour la partie civile dont Me Yérim Thiam. Ainsi, selon le parquet général, il n’y a pas de contestations sérieuses, car ‘’les fausses factures sont là pour prouver la matérialité des faits’’. ‘’Il s’agit d’une caisse d’avance et non de fonds politiques’’, a soutenu Abdou Karim Diop. Qui a rappelé que les inculpés n’ont rien cautionné. Les débats clos, le juge a fixé le délibéré à ce mardi.

 

Me Ciré Clédor Ly : ‘’Par une volonté politique, tout peut s’arrêter’’

A sa sortie de la salle, Me Ciré Clédor Ly s’est exprimé sur l’opposition du ministère public et notamment sur la cohorte d’avocats et de magistrats présents pour s’opposer à la libération du maire de Dakar. ‘’On sait que le parquet obéit à une hiérarchie. Laquelle va jusqu’au ministre de la Justice qui lui-même, par décret, peut être nommé ou défait par le président de la République. Donc, on sait que cette histoire est éminemment politique. La principale raison, c’est de maintenir Khalifa Sall en prison et de rechercher son inéligibilité sur le plan électoral, pour les Législatives à venir et peut-être pour la Présidentielle. Donc, qu’on ne s’étonne pas que tous ces gens viennent pour s’opposer naturellement à sa mise en liberté provisoire’’, a-t-il indiqué.

Khalifa Sall pourrait-il être renvoyé devant le tribunal correctionnel de Dakar ?  A cette question, Me Ly se veut formel. ‘’Quand un dossier est politique, on peut y être mettre fin, à tout moment. Parce qu’en fait, nous tous, on ne se leurre pas, nous aimons bien notre justice, mais l’évidence est là. La justice n’est pas indépendante et elle n’est pas aussi impartiale’’, tonne-t-il.  Avant de renseigner : ‘’Donc, il y a toujours des éléments concrets et objectifs qui nous permettent de faire ces conclusions et de l’affirmer. A cet égard, si aujourd’hui, par une volonté politique, ils ont été arrêtés, par une volonté politique, demain, tout peut s’arrêter.’’ 

 L’édile de Dakar Khalifa Sall, son directeur administratif et financier (Daf) Mbaye Touré, le coordonnateur de l’Inspection générale des services municipaux Amadou Moctar Diop ainsi que le chef de la division financière et comptabilité, Ibrahima Yatma Diao, le chef du bureau du budget Yaya Bodian, l’assistante du Daf Fatou Traoré, Mamadou Oumar Bocoum et Ibrahima Touré sont poursuivis pour détournement de deniers publics portant sur la somme de 1,8 milliard de F CFA,  de blanchiment de capitaux, d’escroquerie portant sur des deniers publics, faux et usage de faux en écriture administrative et de commerce, et d’association de malfaiteurs.

AWA FAYE

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