Publié le 18 May 2012 - 16:36
AFRIQUE DU SUD- SCANDALE

Une oeuvre d'art montrant le pénis du président irrite l'ANC

 

Le ton monte en Afrique du Sud entre le Congrès national africain (ANC) et la Goodman Gallery de Johannesburg. Le parti au pouvoir s’est insurgé contre une œuvre de l'artiste Brett Murray qui y est exposée. Elle représente le chef de l'État, Jacob Zuma, dans une posture à la Lénine et le pénis exhibé. L’ANC a décidé de porter l'affaire devant les tribunaux

L’ANC - comme tout parti au pouvoir - tient à ce que soit respectée l’image de son président, surtout quand il est chef de l'État. Jeudi 17 mai, le parti au pouvoir en Afrique du Sud a exprimé son indignation devant une œuvre de l’artiste Brett Murray exposée à la Goodman Gallery de Johannesburg. Cette peinture représente Jacob Zuma dans la posture de Lénine et, c'est ce qui fait scandale évidemment, les parties génitales hors du pantalon…

« L’ANC est extrêmement gêné et outragé par la manière indécente avec laquelle Brett Murray et la Goodman Gallery s’attaquent à la personne du camarade président Jacob Zuma », a déclaré le porte-parole du parti, Jackson Mthembu. « Nous avons demandé à nos avocats de saisir le tribunal afin que Brett Murray et la Goodman Gallery retirent le portrait de l’exposition comme de leur site Internet », a-t-il ajouté.

 

"Laisser l’art s’exprimer"

 

Brett Murray n’a semble-t-il pas fait grand cas de la demande de l’ANC puisqu’il a, par l’intermédiaire de la Goodman Gallery, simplement souhaité laisser l’art « s’exprimer de lui-même ». Et l’ « art » a effectivement commencé à faire parler de lui. L’œuvre en question a été reproduite dans le journal Citypress qui en a publié une reproduction dans son édition papier et sur son site Internet, ce qui lui a valu aussitôt les foudres de l’ANC. Sans grand succès toutefois puisque le directeur de rédaction de Citypress, Fikile Ntsikelelo-Moya, a pour le moment refusé de supprimer l’image sur simple demande du parti. « Nous nous conformerons à la décision du tribunal », a-t-il précisé.

« La soi-disant œuvre d’art de Murray est une atteinte à l’image et à la dignité de Jacob Zuma, président de l’ANC et président de la République », a également déclaré Jackson Mthembu, précisant que son parti croyait en la liberté de la presse et en la liberté d’expression. « Mais ce portrait vulgaire est un abus de la liberté d’expression artistique et une violation flagrante de notre Constitution. » Le parti du président Zuma a également déposé plainte au sujet d’une seconde œuvre de Brett Murray utilisant le logo de l’ANC, barré de la mention « FOR SALE » (« à vendre »). « Ces deux portraits sont clairement des manipulations destinées à discréditer et à dénigrer les symboles et les représentations de l’ANC. » En attendant la décision du tribunal qui décidera du sort de l’œuvre de Brett Murray, l’ANC vient sans doute d’offrir à Jacob Zuma un coup de projecteur sur une zone qu’il aurait préféré garder intime.

 

"Salut au voleur"

 

Brett Murray était déjà, avant cette polémique, l'un des artistes les plus reconnus d'Afrique du Sud. Surnommé « le sombre prince du pop art sud-africain » par la critique Brenda Atkinson, il est passé maître dans la récupération d'images médiatiques auxquelles il ajoute quelques détails subversifs. « A travers des réflexions tragiques et satiriques sur l'Afrique du Sud, j'espère changer les perspectives et les idées du public, aussi arrogant et prétentieux que cela puisse paraître », explique Murray.

L'artiste a cette fois choisi de porter sa réflexion sur l'ANC. Son exposition ne compte pas moins d'une soixantaine d’oeuvres dont la plupart détournent les symboles du parti, membre de l'Internationale socialiste. Intitulé « Salut au voleur », l'ouvrage est une allusion directe aux affaires de corruption qui touchent l'ANC. Quant au choix du pénis de Jacob Zuma, il n'est pas sans rappeler la grande polémique qui avait suivi l'accusation de viol à l'encontre de l'actuel président, en 2005, alors qu'il n'était pas encore à la tête de l'État. Sans présager de la réussite artistique de l'exposition, Brett Murray a en tout cas déjà réussi un joli coup médiatique.

 

 

(JeuneAfrique)

 

 

 

 

 

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