Publié le 12 Jan 2015 - 17:01
AFRIQUE MONDE

Dans une vidéo posthume, Amedy Coulibaly revendique l'attentat de Montrouge

 

Une vidéo postée dimanche 11 janvier sur Internet montre Amedy Coulibaly affirmant avoir coordonné son action « contre la police » avec l'attaque menée, mercredi, par les frères Saïd et Chérif Kouachi contre Charlie Hebdo. Coulibaly se revendique de l'Etat islamique et dit avoir donné « plusieurs milliers d'euros » aux frères Kouachi pour aider à la préparation de leur attentat.

 

Nos informations, et la confirmation de son ancien avocat, Me Damien Brossier, nous permettent de certifier que l'homme qui s'exprime sur ces images est bien Amedy Coulibaly.

Si la vidéo a été tournée après les attaques à Montrouge et contre Charlie Hebdo, comme il semble que ce soit le cas, les enquêteurs devront rechercher les éventuelles complicités. Ces images (authentification, origine, auteur de la mise en ligne) sont en cours d'analyse. Des réquisitions du parquet sont par ailleurs en cours pour faire cesser leur diffusion.

‘’ ON ARRIVE À SE SYNCHRONISER’’

Jeudi, peu après 7 heures, une jeune policière de Montrouge (Hauts-de-Seine), Clarissa Jean-Philippe, avait été abattue par un homme identifié, vendredi soir par le procureur de Paris, François Molins, comme étant Amedy Coulibaly.

Dans ces images, il revendique son appartenance à l'Etat islamique, posant en tunique, un foulard sur la tête devant un drap blanc sur lequel est accroché un drapeau de l'EI. Puis, dans un second plan, vêtu d'une veste militaire de combat à col rembourrée, il détaille son affiliation avec les frères Kouachi.

« Les frères de notre équipe, divisée en deux, ils ont fait Charlie Hebdo, moi je suis sorti un petit peu aussi contre la police », dit Coulibaly dans la vidéo, qui dure sept minutes. « On arrive à se synchroniser pour sortir en même temps », précise-t-il. « On a fait les choses un petit peu ensemble, un petit peu séparés, pour que ça ait plus d'impact. » En fond sonore, on peut entendre la voix d'une présentatrice de télévision ou de radio.

‘’ VOUS ATTAQUEZ LE CALIFAT, ON VOUS ATTAQUE ‘’

Coulibaly explique par la suite ses actions par la participation de la France à la campagne de bombardements menée par les Etats-Unis contre l'Etat islamique. « Vous attaquez le califat, on vous attaque », indique-t-il. Il pose alors assis contre un mur blanc, en blouson de cuir, un fusil automatique à ses côtés. Il se change une quatrième fois, endosse une longue tunique blanche, pour inciter fortement les musulmans à monter au combat.

On peut noter dans ces images le souci du montage, de la mise en scène. Amedy Coulibaly y apparaît calme, posé. Cette vidéo est une revendication de ses actes, mais elle a également pour lui un but « pédagogique ». Des questions ressortent sur fond noir, puis les réponses sont détaillées. Ce travail d'édition paraît avoir été fait par un complice après la mort de Coulibaly, vendredi soir, au terme de sa prise d'otages au supermarché casher de la porte de Vincennes, à Paris. Cet épisode est ainsi mentionné dans les panneaux noirs, des questions et des commentaires écrits qui introduisent ses réponses.

LA SECTION ANTI-TERRORISTE SE SAISIT DE L'ENQUÊTE À VILLEJUIF

De la même façon, l'un de ces premiers panneaux noirs indique : « Il a aussi posé une charge explosive sur le réservoir d'une voiture qui a explosé dans une rue de Paris ». Allusion à l'explosion de deux voitures à Villejuif, dans le Val-de-Marne, jeudi soir ? A la suite de ces déclarations, selon les informations du Monde, la section anti-terroriste du parquet de Paris s'est saisie dimanche soir de l'enquête sur cette explosion qui n'avait fait aucun blessé afin de vérifier si ce véhicule correspond à celui évoqué par la vidéo. Les expertises permettront notamment d'établir si les explosifs utilisés correspondent aux explosifs à usage civils retrouvés dans l'hyper-casher où a eu lieu la prise d'otage, vendredi.

Amedy Coulibaly avait déjà énoncé l'essentiel de ces éléments dans une interview à BFM-TV, qu'il avait contactée, selon la chaîne, deux heures avant l'intervention policière dans laquelle il a été tué.

(lemonde.fr)

 

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