Publié le 17 Jul 2018 - 19:34
AGENCE DES AEROPORTS DU SENEGAL

Un avenir en question

 

En perdant le contrôle du plus grand aéroport national transféré de Dakar à Diass au profit des Turcs, l’Agence des aéroports du Sénégal a perdu de sa superbe. D’un budget de 28 milliards F CFA, elle ne gère maintenant que quelques 3 milliards pour la prise en charge de l’ensemble des aérodromes. Ses cadres, en conclave hier, se sont penchés sur leur devenir.

 

Qu’est devenue l’Agence des aéroports du Sénégal (ADS) ? Force est de constater que, depuis l’ouverture de ‘’Blaise Diagne’’, cette structure dirigée par Pape Mael Diop a beaucoup perdu de sa superbe. Du grouillant et très mouvementé Aéroport Léopold Sédar Senghor, elle est désormais confinée dans les aérodromes du Sénégal, où il n’y a pratiquement pas d’activités. En conclave, hier dans un hôtel de la place, les agents, sous la houlette de leur directeur général, ont cogité sur les voies et moyens de sortir de ce gouffre dans lequel ils semblent plongés, depuis décembre 2017 (date d’ouverture de l’AIBD).

De leur diagnostic, il ressort que ‘’ces aéroports (régionaux) sont caractérisés par un trafic faible voire inexistant pour la plupart d’entre eux, des ressources propres quasi nulles et des infrastructures et équipements vétustes’’. Dès lors, explique la Direction dans les termes de référence, il convient de mettre aux normes ces plateformes en y assurant un niveau de sûreté, de sécurité et de qualité de service acceptable, y développer des activités aéronautiques et extra-aéronautiques, en plus de gérer de manière efficiente les ressources financières limitées mises à disposition. Tels sont les défis des cadres de l’entreprise qui souhaitent mettre en place, au terme de leurs travaux, un document stratégique 2018-2022.

La descente aux enfers

De 28 milliards F CFA avant l’ouverture de Blaise Diagne, le budget des ADS est passé à un peu plus de trois milliards. Une dégringolade qui ne manque pas de causer des inquiétudes à certains agents, même si les charges ont aussi beaucoup diminué avec le transfert d’une partie du personnel à Diass. Pape Mael Diop dédramatise et précise : ‘’Il ne faut pas se voiler la face. Il y a des difficultés surtout d’ordre financier et c’est pourquoi on a entrepris ces travaux pour réfléchir sur un programme de rénovation des aéroports régionaux. Il faut savoir que ce sont les recettes de Dakar qui servaient de tremplin aux aéroports de l’intérieur. L’ouverture de l’Aibd a donc créé des problèmes.’’ Toutefois, ajoute le DG, avec l’appui du président de la République qui accorde une place importante aux Transports aériens, qui veut mettre en place les conditions d’un hub aérien, l’espoir ne s’est pas totalement envolé.

Pape Mael Diop : ‘’La situation est un peu compliquée, mais pas insurmontable. L’État nous accompagne avec une subvention. Le chef de l’État est en train de trouver des moyens pour nous permettre de développer ces aéroports régionaux qui sont sous notre charge. Ce qui est important est que ces aéroports puissent jouer un rôle sur les plans économique et social, qu’on puisse avoir des vols France-Tamba, Italie-Kolda… Il nous faut aussi des moyens additionnels pour assurer un certain niveau de sûreté et de sécurité.’’ Le moins que l’on puisse dire est que la tâche risque de ne pas être aisée pour la structure. D’autant plus, estiment certains, qu’elle a perdu la gestion du plus grand aéroport. Or, rappellent-ils aux gouvernants, ‘’comme ils (les gouvernants) l’ont toujours dit quand le handling de Léopold Sédar Senghor était confié à AHS de Bibo Bourgi, dans tous les pays du monde, c’est une activité qui doit revenir à l’Etat’’. Pape Mael Diop, lui, se limite à signifier qu’il travaillera pour la réussite du format mis en place par les autorités.

A la quête de 100 milliards F CFA

Mais malgré les difficultés du moment, le patron des ADS reste convaincu qu’il est encore possible de relever les défis qui s’imposent au secteur aéroportuaire. Pour ce faire, il déclare : ‘’Il faut échanger sur les forces, les faiblesses du secteur, les solutions et perspectives afin qu’un document puisse nous permettre d’avoir des orientations précises à partager avec les autorités de tutelle, mais surtout avec le président de la République’’. La réflexion portera, selon le directeur général des ADS, sur les enjeux financiers et commerciaux.

‘’Comment faire pour développer certains aspects, en vue d’assurer une certaine indépendance financière aux ADS ? Avec le transfert de Léopold Sédar Senghor, nous nous devions d’engager des discussions pour assurer la pérennité de nos activités’’, affirme-t-il. Déjà, des efforts non négligeables ont été accomplis, selon Pape Mael, qui admet tout de même qu’il faut faire plus et mieux. Pour son rayonnement, l’ADS a besoin de financements à hauteur de 100 milliards F CFA. Un montant qui devrait permettre de relever le plateau technique des régions par la construction d’aérogares qui répondent aux normes, élargir les pistes pour permettre à de gros-porteurs d’atterrir dans ces plateformes, y mettre des cuves à kérosène...

Pour sa part, le ministre conseiller Mor Ngom, ancien ministre des Transports aériens, salue l’engagement des agents. ‘’Sans vous, dit-il, il n’y aurait jamais eu AIBD. Le travail que vous êtes en train de faire est essentiel pour le développement du Sénégal. En tant qu’ancien maire, je demeure convaincu que le développement du Sénégal passe par les terroirs. Et il faut des infrastructures de qualité dans les régions pour impulser le développement de ces zones’’. L’objectif de l’Etat est de transformer tous les aérodromes en véritables aéroports. Le programme va démarrer par Matam, Saint-Louis et Ziguinchor.

 

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