Publié le 2 Nov 2019 - 03:38
AISSATOU DIOP, MEDIATRICE CULTURELLE

Jeune, passionnée et engagée

 

Elle a suivi sa passion jusqu’au bout, au point d’abandonner ses études en agronomie. Ndèye Aissatou Aida Diop, médiatrice culturelle, est la commissaire de l’exposition ‘’J'ai dû tout quitter'', abordant la problématique des déplacés internes et initiée par la Croix-Rouge internationale. ‘’EnQuête’’ est allé à la découverte de cette épatante jeune dame au teint noir éclatant.

 

Du haut de ses 28 ans, Ndèye Aïssatou Aida Diop a gagné la confiance du Comité international de la Croix-Rouge (Cicr) qui l’a choisie pour être la commissaire de l’exposition ‘’J’ai dû tout quitter’’. Un honneur qu’elle considère comme un nouveau défi qu’il lui fallait relever. ‘’J’ai un peu hésité, certes ; j’y ai mûrement réfléchi, parce que c’est un sujet assez lourd, sensible. Je pense qu’au final, je ne pouvais que dire oui, car il s’agit de parler de ce qui nous regarde. Nous sommes tous concernés par cette situation et cela n’arrive pas qu’aux autres. Il est temps, pour nous, de dire non aux clichés, mais aussi d’éviter tous ces conflits qui provoquent ces déplacements de personnes’’, affirme-t-elle avec un sourire qui ne la quitte presque jamais et qui dévoile une belle ligne de dents immaculées.

Sur la toile, proches, collègues et autorités de l’université Gaston Berger de Saint-Louis n’ont pas manqué de lui manifester toute leur fierté.

Aujourd’hui médiatrice culturelle, Aissatou Diop est de ceux qui pensent que l’art est une nouvelle forme d’engagement. Elle est convaincue que chaque artiste sénégalais, surtout, doit porter un combat selon sa sensibilité. C’est-à-dire dénoncer tout haut les maux de notre société. Pour la jeune dame au teint d’ébène, l’art ne s’arrête pas à la décoration ; il va bien au-delà. ‘’Je pense qu’il y a beaucoup d’enthousiasme. Je suis jeune pour faire des comparaisons avec les autres époques, mais je peux dire que les Sénégalaises s’intéressent à ce que nous faisons’’, ajoute-t-elle.

Considérée comme l’une des plus jeunes médiatrices culturelles du Sénégal, Aida Diop n’était pourtant pas prédestinée, de par ses études scientifiques, au domaine artistique. Comme quoi, dans la vie, la passion finit souvent par prendre le dessus. Les yeux pétillants, c’est avec beaucoup d’enthousiasme qu’elle raconte son parcours. Un récit entrecoupé de son rire contagieux.

Tout a commencé en 2010, quand, après trois ans passés à étudier l’agronomie à l’université Gaston Berger de Saint-Louis, elle referme les rideaux pour entamer ce qu’elle aime vraiment : l’art. Elle ira donc s’inscrire à l’Ufr Civilisations, Religions, Arts et Communication. Diplômée en gestion du patrimoine et des institutions culturelles, et très active depuis 2015 dans la mise en place de différents projets d’exposition et d’animation culturelle comme la 12e édition de la Biennale de l’art contemporain de Dakar en 2016. ‘’Ce changement dans ma formation n’a pas plu à ma mère. Elle n’arrivait pas à le comprendre mais, au fil du temps, les choses se sont arrangées. Actuellement, j’ai ma petite sœur qui s’est aussi engagée dans cette voie et figurez-vous que mon fils, lui aussi, me dit qu’il veut devenir artiste ! J’ai contaminé tout le monde, apparemment !’’, lance-t-elle taquine.

C’est au musée de la Femme Henriette Bathily qu’elle débuta sa carrière en tant que gestionnaire du patrimoine et chargée des affaires de la jeunesse. Du Centre de documentation et de recherche du Sénégal, en passant par le centre culturel Blaise Senghor, sans oublier la Maison des cultures urbaines, guidée par ‘’sa passion’’, Ndèye Aida Diop a laissé sa touche dans chacun de ces endroits. Mariée depuis 2016, la jeune femme a occupé le poste de Community Manager à Raw Material Company, après y avoir suivi un programme de commissariat d’exposition. De sa fibre d’entrepreneure est née la création d’une agence d’ingénierie et de médiation culturelle (Heritage for Africa) qui accompagne les artistes locaux dans la réalisation de leurs projets. Egalement critique d’art, Ndèye Aida Aissatou Diop est cofondatrice, avec le réalisateur Alain Gomis, du centre Yennenga.

Autant de cordes à son arc qui la motivent encore plus, car elle compte multiplier les expériences. ‘’Aller là où le vent m’emporte’’, affirme-t-elle.

EMMANUELLA MARAME FAYE

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