Publié le 11 Nov 2015 - 19:51
ALIOUNE SALL SUR LE VOILE ISLAMIQUE

‘‘Le hijab est une obligation, pas le voile intégral’’

 

L’animateur d’émissions religieuses islamiques sur Sud Fm est péremptoire sur le port du voile intégral. Il est facultatif, aucune injonction coranique ne l’interdit, ni ne l’autorise. Oustaz Alioune Sall recommande en outre un retour aux enseignements de nos érudits comme paravent contre l’extrémisme.

 

Signe superflu d’un rigorisme religieux pour les sunnites, accessoire obligatoire pour les wahabites et salafistes, le port du voile intégral (niqab et burqa) constitue toujours un point d’achoppement entre spécialistes de l’islam. Lundi, le président Macky Sall s’insurgeait  contre ce modèle ‘‘extrémiste qu’on veut nous imposer’’. Pour Oustaz  Alioune Sall, se voiler est une obligation religieuse en Islam, mais une nuance subsiste entre les différents modes. Tandis qu’il  approuve totalement les textes sur le hijab, (voir encadré), le port du voile intégral est facultatif explique-t-il. ‘‘Le voile qui part de la tête à la pointe des pieds n’est pas une recommandation divine pour la femme. Elle peut s’y plier comme elle peut ne pas s’y plier. Il ne faut pas faire d’amalgame.

Le hijab relève de l’injonction divine ; le voile intégral n’en est pas une mais le choix est laissé à la principale concernée’’, lâche-t-il au bout du fil. ‘‘Le problème n’est pas leur liberté dans le port vestimentaire mais ce qu’il peut contenir. Cela, nous ne pouvons le savoir car la vérité n’est pas dans les apparences’’, ajoute-t-il. Pour éviter toute radicalisation, Oustaz Alioune Sall recommande ‘‘beaucoup de pédagogie’’ quant à une éventuelle mesure sur le voile intégral. S’il a été prudent sur la question, il est d’avis que l’appel pour le retour aux sources des connaissances des prédécesseurs peut être salutaire. Selon lui, l’assise religieuse héritée de nos aïeux peut préserver le Sénégal de l’extrémisme.

‘’Il y a longtemps que nous aurions dû avoir un programme dans le sens de la préservation et la propagation de ces connaissances, soutenir les ‘‘daara’’ pour éviter tout financement extérieur. La richesse intérieure peut assurer cette assistance pour les écoles coraniques. De ce fait, le contenu des connaissances de nos références religieuses reste inchangé et peut préserver la jeunesse de l’extrémisme. Pas besoin d’importer d’autres modèles de connaissance ou de pratiques religieuses’’, conclut-il.

Les différents types de voile

Les amalgames empêchent une compréhension claire d’une option vestimentaire qui somme toute est antérieure à l’Islam. Les modèles varient d’un pays à un autre et d’une culture à une autre. Pour vous aider à vous y retrouver, EnQuête lève un coin du voile sur les quatre accessoires les plus utilisés.

(O.L.Diop avec le Nouvel obs et Wikipedia)

Le niqab. C’est le voile qui fait l’objet d’interdiction dans beaucoup de pays africains, dont certains à majorité musulmane.  Son utilisation par des kamikazes pour cacher des charges explosives a servi de prétexte à beaucoup de pays pour interdire son port. Le cas le plus illustratif est sans doute  la décision de la référence théologique de l’islam sunnite, Al-Azhar, en octobre 2009, d’interdire son port dans ses établissements.

En janvier 2010 toutefois, le tribunal administratif du Caire avait suspendu cette décision. Récemment, le Cameroun, le Tchad, le  Gabon, suivant les traces de la France et de la Belgique, ont interdit son port dans les lieux et établissements publics alors qu’en Tunisie, il fait l’objet d’un contrôle renforcé. Dans les pays arabes, le niqab, voile intégral complété par une étoffe ne laissant apparaître qu'une fente pour les yeux, s'est répandu sous l'influence de l'islam wahhabite (en cours en Arabie Saoudite), surtout en milieu urbain. Certaines femmes y ajoutent des lunettes de soleil et des gants, voire un masque.

Le hidjab est certainement l’accessoire le plus adopté par les femmes sénégalaises, et la majorité des musulmanes sunnites qui ont fait le choix de se voiler. Le terme dérive de la racine arabe hajaba, qui signifie cacher, dérober aux regards, mettre une distance. Ce voile cache les cheveux, les oreilles et le cou, ne laissant voir que l'ovale du visage. Moins ‘‘exigeant’’ que le niqab, son utilisation est très répandue et moins soumis à des restrictions. Promu par les Frères musulmans, il est souvent complété par une tunique ou un imperméable. Il s'est généralisé dans le monde musulman, remplaçant les tenues traditionnelles comme le "haïk" en Afrique du Nord, grande pièce de laine ou de coton qui dissimule les formes du corps et voile le visage.

 La burqa. A l'origine, la burqa est le vêtement traditionnel des tribus pachtounes en Afghanistan. Ce long voile, bleu ou marron, couvre complètement la tête et le corps, un grillage dissimulant les yeux. Cette tenue était devenue aux yeux du monde le symbole du régime des talibans en Afghanistan, qui l'avaient rendue obligatoire, mais elle est loin d'avoir disparu après leur chute en 2001. La restriction est presque similaire à celle du niqab. Le Tadjikistan par exemple, qui compte 95% de musulmans, interdit le  burqa, niqab et hijab car ‘‘ne faisant pas partie de l’habillement traditionnel tadjik’’.

Le tchador. En Iran, c'est un vêtement traditionnel porté essentiellement aujourd'hui par les pratiquantes. Il s'agit d'une grande pièce de tissu posée sur la tête, laissant apparaître l'ovale du visage. La tête reste enserrée dans le tissu qui est maintenu à l'aide des mains, voire des dents si la femme a besoin d'utiliser ses bras. Le port du tchador n'est pas obligatoire en Iran, à la différence du port d'un voile sur la tête.

OUSMANE LAYE DIOP

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