Publié le 31 Jan 2012 - 13:19
ALIOUNE TINE RELACHE PAR LA DIC

Pourquoi le pouvoir a reculé

Après plus de 48 heures de garde à vue, le leader du M23 a quitté les fourches caudines de la Division des investigations criminelles, comme il y était entré.

Les pressions internationales qui commençaient à pleuvoir sur le pouvoir libéral ''coupable'' d'avoir prolongé la détention du secrétaire général de la Rencontre africaine de défense des droits de l'Homme ont fini par payer. C'est hier soir en effet, précisément à 22H30, qu'Alioune Tine a été libéré par la Division des investigations criminelles (DIC) qui le retenait depuis samedi après-midi. Le coordonnateur du M23 a été remis à son avocat Me Boucounta Diallo, en présence du Pr. El Hadj Niang de l'hôpital Le Dantec et d'Alassane Seck, le secrétaire général adjoint de la RADDHO.

Des signes annonciateurs de l'élargissement du leader des forces vives du 23 juin s'amoncelaient depuis le week-end. La détermination des organisations de défense des droits humains dont Amnesty International, la Ligue sénégalaise des droits humains (LSDH), Human Right Watch (HRW) sans oublier le ministère français des Affaires étrangères (voir ci-contre) à vilipender le Sénégal sur la scène internationale, est de ces signes là.

Mais au plan interne, il semble que la ''rébellion'' du Parquet, exaspéré de devoir toujours finir les ''boulots'' pour lesquels habitude est prise de le mettre devant le fait accompli, n'ait pas été étrangère au recul des ministères de l'Intérieur et de la Justice, ainsi que l'a indiqué Le Quotidien dans sa livraison d'hier. En l'espèce, et après 48 heures de garde à vue, seul le Procureur de la République était en mesure d'autoriser la prolongation de la détention du leader du M23. Ce qui n'a pas été possible pour la raison évoquée plus haut.

Cette libération d'Alioune Tine est intervenue à vingt-quatre heures après la publication définitive de la liste des candidats autorisés par le Conseil constitutionnel à participer à l'élection présidentielle du 26 février 2012, un scrutin duquel le président sortant Abdoulaye Wade doit être exclu, selon la quasi totalité de l'opposition dont le M23 constitue le creuset de contestation.

Aujourd'hui, Alioune Tine devrait être présent à la manifestation contre la validation de la candidature de Me Wade à la Place de l'Obélisque.

Lors du point de presse organisé hier par Amnesty International, Seydi Gassama, le représentant de l'ONG au Sénégal avait clairement averti le pouvoir :

''Wade n'aura jamais de répit tant qu'Alioune Tine n'est pas libéré, quitte à ce qu'on aille en prison.''
 

Le communiqué de la France sur le Sénégal :

 

Point de Presse Electronique - 30/01/2012

 

Déclarations : Bernard Valero, porte-parole

 

Sénégal

 

Le Conseil constitutionnel du Sénégal vient de confirmer la liste des candidats à la présidentielle qu'il avait publiée le vendredi 27 janvier. La France regrette que toutes les sensibilités politiques ne puissent être représentées. En outre, elle étudiera avec la plus grande attention les observations que fera la mission de l'Union européenne sur le processus de validation de ces candidatures.

 

Nous sommes extrêmement préoccupés par la mise en garde à vue des membres du M23 et notamment celle de son Porte-parole, M. Alioune Tine, également Président de la Rencontre africaine pour les droits de l'Homme (RADDHO) survenue samedi 28 janvier. Face aux multiples arrestations, la France rappelle son attachement au respect des procédures judiciaires et des droits de la défense. Nous condamnons, par principe, toute instrumentalisation de la justice à des fins politiques.

 

La campagne électorale à venir doit se dérouler dans le calme et la pluralité. Les autorités sénégalaises en sont les garantes. Nous appelons l'ensemble des acteurs à la responsabilité.

 

 

Par DCP porte-parolat (DCP), le 30/01/2012

 

Pour contacter le porte-parolat : + 33 1 43 17 52 04

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