Publié le 17 Dec 2012 - 06:00
ALPHA BLONDY À PROPOS DE LA CRISE MALIENNE

«  La crise malienne sent du pétrole. Quitte aux maliens de taire leurs divergences et … »

 

 

Dans le cadre de la célébration de la rentrée télévisuelle de l’émission de téléréalité, » Tounkagouna « , le reggaeman Seydou Koné de son vrai nom dit Alpha Blondy était à Bamako, en réponse à l’invitation de son ami et ainé, Maestro Boncana Maïga. Cet artiste de renommée internationale que l’on ne présente plus, a répondu à nos questions dans un langage cru. Le projet de son nouvel album » Mystic power « , son conflit et sa réconciliation avec Tiken Jah Fakoly, la crise au Nord du Mali, ses impressions par rapport à l’émission Tounkagouna,…tout est passé au peigne fin.

 

L’Indépendant Weekend : Comment expliquez vous le succès phénoménal du reggae dans le monde en général et en Afrique en particulier ?

 

C’est Dieu qui est au début, au milieu et à la fin de tout. Et tout dépend de sa volonté.

 

N’est ce pas parce qu’elle est considérée comme une musique de révolte ?

 

Au fait quand tu chantes un vécu, il y a des personnes qui se reconnaissent dans ce que tu chantes. Alors, considérer le reggae comme une musique de révolte dépend de tout un chacun, je veux dire de la façon dont chacun conçoit en écoutant ce rythme.

 

Et vous Alpha ?

 

Le reggae est un chemin que Dieu a tracé pour moi. Pour  faire passer des messages qui puissent soulager des populations en détresse, dénoncer toute gestion calomnieuse de tout genre et dans tous les secteurs et tout ceci sous le contrôle du Dieu Tout Puissant.

 

A vous entendre parler, on dirait qu’Alpha est un fervent croyant…

 

Je suis un croyant, disciple de Dieu et qui reconnait son existence, mais qui a peur des religions

.

Et pourquoi ?

 

Parce que ceux qui prônent la parole de Dieu font peur.

 

Et vous qui dites être disciple de Dieu que faites vous pour prôner sa parole ?

 

J’ai pris les trois religions et je chante toutes ces religions et considère Dieu comme ma religion.

 

On vous a vu récemment faire une tournée de réconciliation avec votre jeune frère Tiken Jah Fakoly est ce à dire que ca va maintenant entre vous?

 

Oui ça va maintenant. Les choses sont revenues dans l’ordre.

 

Peut-on savoir l’origine de votre palabre ?

 

Pour faire sa promotion, sa maison de disque voulait qu’il s’attaque à moi. Et c’était une stratégie pour mieux se connaître. Or  il n’avait pas besoin de procéder de la sorte. Il fait une bonne musique que j’apprécie.

 

Que représente pour vous Bob Marley ?

 

Bob a créé du boulot pour nous tous. C’est grâce à lui que vous connaissez Alpha qui n’est pas devenu un bandit. C’est grâce à Bob que j’ai pu exprimer mon message musical. C’est lui qui a montré que les enfants des ghettos peuvent aller conquérir le monde. Je suis un disciple de Bob Marley contrairement à ce que disent les journalistes qui parlent de Bob Marley africain. Il ne peut pas y avoir deux soleils dans le ciel, et Bob est ce soleil pour tous les enfants de la diaspora.

 

Comment vous qualifiez le reggæ africain ?

 

Le reggæ africain n’a pas encore commencé. Ce n’est pas deux étoiles qui font la voie lactée. Je veux voir l’émergence des jeunes reggaemen qui sont un peu partout en Afrique.

 

Pourquoi on assimile le reggæ à la consommation de chanvre indien ?

 

J’ai fumé deux paquets de cigarettes par jour pendant 36 ans et j’ai aussi fumé de l’herbe. La cigarette est 10 fois plus nocive que le chanvre. Je ne dis pas que l’herbe n’a pas son côté négatif. Mais l’excès nuit en tout. Mais l’hypocrisie que je ne comprends pas chez les establishments, c’est comment on peut autoriser la vente de cigarettes quand on connaît tous ses effets dévastateurs. Moi, j’ai un poumon qui est touché et c’est une pneumonie qui a fait que j’ai arrêté une tournée américaine. Pourquoi nos Etats laissent les marques de cigarettes sponsoriser des concerts, des matchs de football.

 

Quelle est la place de la femme dans votre œuvre ?

 

Dans ma vie, je n’ai pas connu l’image d’un père. J’ai connu ma mère, ma grand-mère et ma tante. Voilà pourquoi je suis devenu très tôt un coureur de jupon.

 

Vous êtes invité au Mali dans le cadre de l’émission de téléréalité  Tounkagouna. Quels sont vos impressions ?

 

Tounkagouna est une initiative de mon grand frère et grand ami, le Maestro Boncana Maïga, qui a tenu ma main à mes débuts. Alors savoir qu’il continue son même combat, celui de contribuer à la promotion des jeunes, je ne peux que l’adresser mes sincères félicitations, tout en lui souhaitant beaucoup de courage. Le fait  que je sois là en ces moments, montre l’importance que j’ai à son égard. Et je pris les autorités maliennes de soutenir cette bibliothèque de la musique, car le Mali de demain se trouve entre les mains des jeunes qu’ils forment.

 

Le Mali traverse la période la plus difficile de la vie d’une nation. Quelles sont vos impressions ?

 

Le problème du Mali sent du pétrole. C’est pourquoi je demande à toutes les couches sociales du Mali, à tous les dignes fils de ce pays, de taire leurs divergences et s’unir, prendre leur pays entre leur main et résoudre leur problème. Personne ne viendra le faire à leur place. Le problème du Nord du Mali est clair c’est la chasse au pétrole et je le dis sans hésitation, quand les soi disant faiseurs du monde sentent l’odeur du pétrole quelque part, ce coin devient un champ de bataille toutes catégories confondues. Que les Maliens ouvrent les yeux et qu’ils taisent les querelles personnelles afin de sauver leur pays. Le Mali a longtemps été cité comme  un pays de paix, mais surtout admiré par le sens du dialogue social. Pourquoi de nos jours c’est si difficile pour les Maliens de dialoguer ? Parce qu’il y a des gens qui profitent de cette crise et ne souhaitent pas sa fin et en revanche montent les Maliens entre eux. Il faut que les Maliens ouvrent les yeux. J’aimerai dire à ceux qui sont en train de détruire ce pays à cause du pétrole, qu’ils sachent que le pétrole est «  le pipi du diable  » je dis bien le «  pipi du diable « , et qui traite avec le diable finit en enfer.

 

La communauté internationale et la Cedeao hésitent toujours entre faire la guerre  et le dialogue avec les occupants du septentrion du Nord. Quelle  est la position de Alpha ? Pour ou contre la guerre?

 

Faire la guerre contre qui ? Pourquoi leur accorder une telle importance ? Je demande aux islamistes de se retirer nous n’avons pas besoin de la guerre, pas besoin de bain de sang que ce soit du côté de l’armée malienne ou des islamistes. Qu’ils se retirent maintenant et tout de suite et qu’ils libèrent le territoire d’autrui. Et je  le leur demande au nom du Dieu d’Abraham qui est un Dieu de paix.

 

Un mot de la fin ?

Je souhaite que la paix revienne vite au Mali car c’est un beau pays, qui ne mérite pas tout ça. Que tous ses fils taisent d’abord leurs querelles, se mettent ensemble et trouvent d’abord des solutions pour sauver leur pays. Et après ils discuteront des problèmes internes. J’insiste là-dessus, personne ne viendra le faire à leur place. Quand il y a la division, les solutions sont quasi impossibles. Alors je vous exhorte, dignes fils de ce pays,  de sauver le Mali. C’est la voix de Alpha Blondy, qui est un messager du Dieu Tout Puissant, donc c’est la voix divine qui parle… Sauvez le Mali, dignes fils du Mali.

 

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