Publié le 14 Oct 2014 - 23:15
AMBIANCE INTERIEUR

Les mystères du Lake Patricia !

 

Ce qu’on annonçait comme l’audition choc du duel Karim-CREI ressemble, après une pause de deux semaines, à une mauvaise bande-annonce de film ! Alors qu’on était enfin convaincu d’entrer dans ‘’le fond à fond’’ (pour emprunter l’expression du principal prévenu), Me Patricia Lake-Diop n’offre jusque là à l’assistance que des croutons de pain rassis à se mettre sous la dent !

 

Ah, Patricia Lake-Diop… Que d’espoirs (ou de craintes) fondés sur l’audition de ce témoin annoncé comme le plus crucial du procès auquel on assiste depuis le 31 juillet dernier ! Que d’excitation, que d’adrénaline emmagasinée dans l’expectative de révélations promises… Et tout ça pour quoi ? Autant vous dire tout de suite qu’on n’est pas plus édifié.

Quand, hier matin, la dame en question se présente enfin à la barre, on s’attend presque à voir les nuages s’écarter et un rayon de lumière dorée descendre du ciel pour l’auréoler et nous ‘’éclairer’’ enfin… On se surprend même à oser espérer qu’il soit ‘’fait jour’’ sur la vérité quant à l’appartenance ou non à Karim Wade des sociétés attribuées à lui par la CREI !

Et il doit bien rire, le Karim, devant notre ébahissement à constater qu’il n’y a rien, nada, zéro, nilch de palpitant à ce qu’on a vu pour le moment de la déposition de ‘’cet agent public assermenté’’… Nous qui attendions un fils prodigue, on se retrouve avec une souris enfantée par la proverbiale montagne ! Celle qu’on croyait être un livre ouvert s’est révélée plutôt comme une nébuleuse humaine !

Mais commençons par camper le décor de ce fiasco digne d’une prédiction à la Selbé Ngom : Me Patricia Lake-Diop est née en 1955, à Diourbel. Elle est nommée notaire par décret présidentiel signé de la main du chef de l’État de l’époque, Abdou Diouf. Si on ne sait de son état civil qu’une chose (à savoir qu’elle est par alliance apparentée à l’inculpé principal), l’intéressée livre néanmoins à la Cour un détail sur sa vie privée, à savoir son lieu de résidence : Gibraltar II.

Physiquement, Me Diop est petite, bien en chair et de carnation assez claire, chose qu’on suppose due à un héritage métisse puisqu’elle est, en même temps, adepte du nappisme et porte, donc, ses cheveux crépus au naturel.

En ce qui concerne l’aspect vestimentaire, c’est évidemment carton plein pour la notaire puisqu’elle fait démonstration d’un goût sûr, aussi «inattaquable» qu’on aurait voulu qu’elle le soit elle-même, à la barre, en tant que témoin… Car c’est bel et bien là où le bât blesse : pour un notaire, on ne peut pas réellement lui donner le bon Dieu sans confession !

En faisant tabula rasa de ses propos, dont il n’est de toute façon pas question ici, attardons-nous juste sur quelques signes qui font que, instinctivement, l’attitude de la dame en question ne la rend pas sympathique aux yeux du Sénégalais lambda (pour ne pas dire au Terrien lambda)…

Il ne faut, en effet, pas être un profileur du FBI pour comprendre qu’une femme qui met sans cesse une main sur sa gorge quand elle ne croise carrément les bras sur sa poitrine (langage corporel universel d’un individu sur la défensive), qui cligne des yeux presque incessamment (signe inconscient d’un forte trouble émotionnel), qui fait ‘’non’’ de la tête quand elle dit ‘’oui’’ (signe qu’il y a dissociation entre ce qu’elle pense et ce qu’elle dit) et qui, pour résumer, manifeste tous ces autres signes caractéristiques d’un enfant qui se fait attraper les doigts dans le pot de confiture alors qu’il était interdit de sucre… en dit long sur ce qu’elle ne dit pas !

Cela est surtout vrai quand, à une même question posée à trois reprises par différentes parties dans ce procès, Me Diop répond successivement «j’imagine», «je suppose» et «si mes souvenirs sont bons» pour ensuite revenir préciser que ce qu’elle voulait dire par là est «que cela ne peut être que» Me Wade… À ce qu’on sache, ces quatre locutions sont loin d’être des synonymes !

Encore mieux (ou pire), lorsqu’on lui demande ce qui, entre les actes notariés qu’elle a dument établis puis enregistrés, et sa simple parole en tant que témoin (qu’elle avoue elle-même être dans l’incapacité de corroborer par des preuves), aurait le plus de force aux yeux de la loi, la notaire ébroue une épaule nonchalante et répond par un très énigmatique «à vous d’en apprécier…»

Voilà, en définitive, une étude qui ne se fait pas bonne presse. Et cela même si on se rappelle qu’il s’agit là de domaines du droit dont il n’est pas donné à tout le monde d’apprécier ! À charge donc pour Patricia Lake Diop de sortir vainqueur de ses joutes en convainquant les juges de sa sincérité et de sa crédibilité en tant que témoin ! En ce qui concerne le public, néanmoins, ce n’est pas gagné puisqu’à la pause de la mi-journée elle a dû être évacuée de la salle sous une huée de ‘’Menteuse ! Menteuse !’’ …

Espérons juste qu’à force de langueur, «la dame du Lac» ne se noie dans les remous de son propre évier !

SOPHIANE BENGELOUN

 

 

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